news-details
Actualités

Planification écologique : les mesures pour une vraie transformation

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE Emmanuel Macron présente, lundi, sa planification écologique qui doit permettre à la France de réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990. Les objectifs pour chaque secteur sont déjà connus, mais pas les moyens d’y parvenir. Voici une liste de mesures qui, si elles étaient appliquées, montreraient la réelle volonté du chef de l’État. Le président Emmanuel Macron s'exprime face à la Convention citoyenne pour le climat, le 29 juin 2020, à l'Elysée. "La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas", déclarait Emmanuel Macron, en avril 2022, dans l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle. Dix-sept mois plus tard, l’heure est enfin venue pour lui de présenter les détails de la planification écologique si souvent évoquée depuis sa réélection. La Première ministre Élisabeth Borne en a présenté les grandes lignes, les 18 et 19 septembre, aux chefs de partis et devant le Conseil national de la refondation. Si les objectifs, aussi bien au global – réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990 – que par secteur, sont donc déjà connus, il fallait encore les moyens pour les atteindre. Or, se contenter de fixer des objectifs ne suffit pas. En 2022, la France n’a pas atteint ses objectifs climatiques ni énergétiques (voir infographies). Il convient donc de détailler la façon dont le gouvernement entend y parvenir. La présentation qui sera faite, lundi 25 septembre, par Emmanuel Macron est par conséquent très attendue. De cette planification écologique dépendra le respect des engagements climatiques de la France. "On a pris beaucoup de retard, il est temps de changer de braquet dans tous les secteurs, sans laisser quiconque de côté", affirme Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat (RAC). Voici une liste de mesures qui marqueraient une vraie transformation en matière de transition écologique. Depuis qu’il est président, Emmanuel Macron a davantage privilégié la politique des "petits pas" en matière de transition écologique, donnant souvent l’impression de ne vouloir brusquer personne, de vouloir éviter ce qu’il appelle l’écologie "punitive" et de parvenir à réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France sans changer profondément nos modes de vie. "Il faut qu’Emmanuel Macron entende la voix des Français qui sont prêts à faire la transition, affirme Anne Bringault. De nombreux acteurs économiques dont le cœur d’activité est contraire aux objectifs climatiques font tout pour freiner la transition. Le président doit parvenir à s’écarter de ces lobbies." Pour de nombreux spécialistes, la transition écologique ne pourra en effet se faire qu’avec une volonté politique forte, au prix de contraintes et d’interdictions. La bonne volonté des citoyens et des entreprises ne suffira pas, selon Anne Bringault. Un effort de sobriété doit par exemple être demandé à ceux qui consomment le plus. Pour cela, l’État devra inciter, voire contraindre, à un changement de nos modes de consommation. Le transport est le secteur qui émet le plus de gaz à effet de serre en France. Il représentait à lui seul, en 2022, 32,2 % de nos émissions. Réduire les déplacements en voiture thermique est donc primordial, mais aussi changer nos façons de nous déplacer. "Il faut davantage de véhicules électriques, c’est une évidence, mais il faut surtout aller vers des petits véhicules électriques légers pour limiter l’impact des batteries sur l’environnement", insiste Anne Bringault. En ce sens, une mesure limitant le poids des véhicules serait la bienvenue. Le Réseau Action Climat souligne par ailleurs que le nombre de voitures individuelles doit baisser. Il s’agit donc de promouvoir le covoiturage, mais aussi de développer considérablement les déplacements en train. Un important investissement dans le ferroviaire est donc attendu. À l’inverse, une taxation conséquente du transport aérien est particulièrement souhaitée. La question du financement de la planification écologique est primordiale. Le rapport Pisani-Ferry-Mahfouz, publié en mai 2023, avait estimé à 66 milliards d’euros par an le besoin de financements supplémentaires pour la transition, dont environ 30 milliards d’argent public. "On attend vraiment d’Emmanuel Macron une trajectoire de financements sur plusieurs années car pour transformer des filières, il faut de la visibilité sur plusieurs années", juge Anne Bringault, qui appelle par ailleurs à une fiscalité adaptée à la transition écologique. Il faut, selon le Réseau Action Climat, faire payer les entreprises qui émettent le plus de gaz à effet de serre et les ménages les plus aisés, tout en supprimant les nombreuses niches fiscales qui favorisent des activités nuisibles au climat. Les spécialistes sont unanimes : la transition écologique ne pourra se faire que dans un souci de justice sociale. Emmanuel Macron doit donc annoncer des mesures d’accompagnements pour les plus modestes. "Sur la rénovation des logements, par exemple, il faut donner les moyens aux ménages les plus précaires de mener les travaux nécessaires pour qu’ils puissent baisser leurs factures d’énergie, affirme Anne Bringault. Même chose sur la mobilité : il faut accompagner les moins aisés pour leur permettre d’avoir accès à des mobilités durables. L’accessibilité aux solutions est primordiale." La Convention citoyenne pour le climat, instaurée en 2019 par Emmanuel Macron, avait fait de nombreuses propositions allant dans ce sens. Et le rapport Pisani-Ferry-Mahfouz mentionnait, quant à lui, la nécessité que les "politiques climatiques soient efficaces, mais aussi qu’elles soient justes".

You can share this post!