Pinocchio sur Disney+ et Netflix : comment le célèbre pantin "se régénère, se renouvelle" depuis un siècle et demi
À trois mois d'intervalle les deux plateformes sortent chacune une nouvelle adaptation du conte italien. Depuis sa création, en 1881, le personnage n'a cessé d'être réinterprété, même si la version Disney a marqué les esprits.
Look tyrolien, salopette rouge et bonnet jaune, celui que le méchant Stromboli achète pour son spectacle itinérant. Tous les attributs du pantin que nous connaissons sont bien présents dans le Pinocchio de Robert Zemeckis qui sort sur la plateforme Disney+ jeudi 8 septembre. Une nouvelle version ( avec Tom Hanks dans le rôle de Gepetto), 82 ans après le film devenu culte. Même si le Pinocchio de Disney est le plus célèbre,il est loin d'être unique depuis que Carlo Coloddi l'a imaginé il y a près d'un siècle et demi. Il n'y a pas un mais des Pinocchio.
Disney a "vampirisé" Pinocchio
"Comme tous les mythes, il y a de multiples adaptations, théâtrale, chorégraphique, cinématographique. Et c'est ça qui est assez passionnant, de voir qu'il se régénère, se renouvelle. C'est la puissance de cette œuvre", juge Cédric Aussir, qui a adapté Les Aventures de Pinocchio (publié en 1881), le conte pour enfants, au printemps dernier pour un concert fiction avec l'orchestre philharmonique de Radio France. Il est dès lors amusant de constater que dans l'imaginaire collectif, Pinocchio a forcément le style et le destin que lui a recomposés Walt Disney.
Pour Pierre Lambert, auteur du livre Pinocchio, qui raconte chez Huginn et Muninn les coulisses du long-métrage de 1940, d'autres grandes oeuvres jeunesse ont subi cet effet totalisant de l'adaptation Disney : "Les autres long métrages de Disney ont vampirisé en réalité les œuvres originelles. Peter Pan aussi, Alice au pays des merveilles aussi. Le dessin animé a un pouvoir de séduction auprès des enfants très fort".
Et de fait, Disney, pour séduire, s'était largement éloignée du récit d'origine, rappelle Pierre Lambert : "Pinocchio meurt à un moment dans le roman. Jiminy Cricket l'écrase avec un maillet. C'est très noir, très dur, mais Disney a dit 'Je vais en faire un film'." Une malléabilité dont s'amuse Guillermo del Toro dès la bande-annonce de sa version, promise pour décembre sur Netflix.
C'est la portée philosophique de ce conte qui explique aussi que chacun y glisse sa patte, analyse Cédric Aussir : "On y met forcément de soi ou de ses enfants ou du parent qu'on est. Cette enfance qu'on a perdue ou qu'on a encore en sommeil. Il y a cette question très trouble de l'identité aussi. Cette dimension personnelle est très présente au moment de l'adaptation".