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Sports

Parfait Hakizimana, d'un camp de réfugiés au Rwanda aux Jeux paralympiques de Tokyo

Membre de l'équipe paralympique des réfugiés, Parfait Hakizimana participe aux épreuves de taekwondo à Tokyo. Grièvement blessé par balles à l'âge de 8 ans lors d'une attaque d'hommes armés au Burundi, il s'est remis de ce drame grâce au sport. Aux Jeux paralympiques de Tokyo, Parfait Hakizimana a la particularité d'être le seul athlète à être venu au Japon directement depuis un camp de réfugiés. Ce champion de taekwondo vit en effet dans le camp de Mahama, dans l'est du Rwanda, le plus grand du pays avec environ 46 000 personnes. C'est là qu'il est arrivé en 2015, fuyant les violences au Burundi, pour se reconstruire après plusieurs drames personnels.  "C'est une protection pour moi" Parfait Hakizimana est né il y a 32 ans à Musaga, un quartier de Bujumbura, la capitale du Burundi. Alors qu'il n'a que 8 ans, en pleine guerre civile, il se retrouve au milieu d'une attaque d'hommes armés. Sa mère est tuée et le jeune garçon est grièvement blessé au bras gauche. "C'est le pire obstacle que j'ai rencontré dans ma vie. J'avais le cœur brisé. C'est un jour inoubliable dans ma vie", a-t-il raconté pour le site de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Pendant deux ans, il est soigné dans un hôpital, mais son bras reste handicapé. "En Afrique, les soins médicaux ne sont pas bons, mon bras était durement touché et cela m'a pris beaucoup de temps pour guérir", comme il l'a confié au site officiel des Jeux paralympiques. Le sort s'acharne. Trois ans plus tard, son père perd la vie dans un accident de moto. À 11 ans, Parfait Hakizimana se retrouve orphelin et invalide.  Pour combler sa solitude et ses difficultés physiques, il se réfugie alors dans le sport. Il découvre le taekwondo à l'âge de 16 ans et excelle rapidement. Il collectionne les récompenses. En deux ans, il reçoit sa ceinture noire et ouvre même un club au Burundi. "Le sport m'a surtout aidé à surmonter la douleur que j'ai vécue dans mon enfance", résume-t-il. "C'est une protection pour moi." "Le sport les aide à oublier leurs problèmes" Mais en 2015, les violences post-électorales dans son pays le forcent à fuir. Il se réfugie au Rwanda voisin, dans le camp de Mahama. Sa passion pour le taekwondo ne le quitte pas. Il recrée un club qui attire plus d'une centaine de réfugiés. "C'est une grosse communauté, ils sont comme ma famille du taekwondo", décrit-il. "Les réfugiés n'ont pas beaucoup de choses. Mais le sport les aide à oublier leurs problèmes." En parallèle, Parfait Hakizimana continue sa carrière sportive. En 2017, il participe aux championnats africains de para taekwondo, où il est éliminé en quarts de finale. Quatre ans plus tard, il est sélectionné avec cinq autres athlètes pour faire partie de l'équipe des réfugiés aux Jeux paralympiques de Tokyo.  Sa coach, Zura Mushambokazi, salue la détermination de celui dont le parcours a été semé d'embûches. "Il apporte l'espoir aux autres. Il est tout le temps en train de sourire maintenant, parce qu'il a trouvé sa famille dans le sport. Mais au début, ce n'étais pas si simple", a-t-elle raconté sur le site des Jeux paralympiques. "Après avoir surmonté toutes ces difficultés, peu importe ce qui arrivera [à Tokyo], il a déjà gagné." Le champion de taekwondo entrera jeudi en compétition. Quel que soit le résultat, il sait qu'il fait déjà la différence au quotidien. En attendant de pouvoir un jour retourner dans son pays, il retrouvera après les Jeux les membres de son club dans le camp de Mahama, ainsi que sa femme et sa fille de 18 mois. Il espère qu'elle suive un jour ses traces et qu'elle apprenne qu'"un réfugié est une personne comme une autre sur cette planète". Pour cet éternel optimiste, "il faut être courageux et patient, les bonnes choses arriveront un jour".

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