Ordre républicain, éducation, santé, travail : le bilan des "100 jours"
Alors que la fin de la période des "100 jours d'apaisement" évoquée par Emmanuel Macron le 17 avril approche, l'heure est au bilan. Si la Première ministre Élisabeth Borne n'est pas parvenue à élargir la majorité, de nombreux chantiers ont été lancés.
Ordre républicain, éducation, santé et agenda social : Élisabeth Borne a multiplié les annonces sur ces chantiers prioritaires fixés par Emmanuel Macron pour les "100 jours" qui s'achèvent symboliquement le 14 juillet, mais sans atteindre l'objectif d'élargir la majorité présidentielle.
Après le recours à l'impopulaire et controversé 49.3 pour adopter la réforme des retraites, Emmanuel Macron, qui ne s’exprimera finalement pas le 14 juillet mais "autour du 14 juillet", avait chargé sa Première ministre "d'élargir la majorité" afin de ne pas avoir à dégainer cette arme constitutionnelle sur de prochains textes.
Élisabeth Borne n'est pas parvenue à convaincre gauche et droite. Le président LR du Sénat Gérard Larcher s'est déclaré, au contraire, partisan d'une stratégie de "cabotage" avec la majorité présidentielle.
En revanche, selon la Première ministre, "tous les chantiers que nous avions présentés fin avril dans la feuille de route ont été engagés". Mais le président doit encore en tirer lui-même le bilan.
Le gouvernement a annoncé en mai deux vastes plans destinés à lutter contre la fraude sociale et la fraude fiscale, alors qu'il cherche à faire des économies face à des finances publiques mal en point.
Pour lutter contre la fraude sociale, il entend doubler le nombre de redressements fiscaux d'ici à 2027. Quant à la fraude fiscale, l'exécutif a dans son viseur les très grandes fraudes, en particulier la fraude internationale. Il prévoit une hausse de 25 % du nombre de contrôles "sur les gros patrimoines" d'ici à la fin du quinquennat. Sont également prévus des contrôles fiscaux tous les deux ans pour les 100 plus grandes capitalisations boursières.
Le chef de l’État avait également promis de "renforcer le contrôle de l'immigration illégale". Mais sur ce volet, aucune nouvelle mesure n'a été présentée, alors que les négociations politiques sur un projet de loi patinent.
Lors de son déplacement à Marseille fin juin, Emmanuel Macron a aussi dit son souhait de mettre en place le paiement immédiat, par carte bancaire ou en liquide, des amendes forfaitaires pour consommation de drogue afin d'améliorer leur recouvrement.
La Première ministre, qui a reçu les organisations patronales et syndicales ce mercredi, a mis en avant quatre réformes "faites ou engagées" sur le champ du travail pendant les "100 jours" : assurance chômage, retraites, lycées professionnels et France Travail qui doit succéder à Pôle Emploi.
La feuille de route comprend un "nouveau pacte de la vie au travail" qui doit prendre en compte notamment l'emploi des seniors, les perspectives de carrière ou encore les reconversions.
Élisabeth Borne a salué mercredi "un agenda social ambitieux très dense pour les prochains mois", rappelant que le gouvernement s’est engagé à "transcrire fidèlement" les accords qui seront trouvés.
Concernant France Travail, un projet de loi a été adopté au Sénat, en première lecture, et doit désormais être débattu par l’Assemblée.
Emmanuel Macron a promis que l'école allait changer "à vue d'œil" dès septembre : pour les enseignants, qui seront mieux rémunérés ; pour les élèves, qui seront davantage accompagnés en français et mathématiques et pratiqueront plus de sport ; et pour les parents, qui verront les enseignants absents pour de courtes durées dans les collèges et lycées systématiquement remplacés.
Les syndicats sont cependant déçus. Selon eux, les augmentations ne répondent pas à la hausse de l’inflation. Et à quelques semaines de la rentrée, les détails du "pacte" voulu entre gouvernement et enseignants n’ont toujours pas été publiés officiellement.
Le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye se veut "confiant" sur le fait d'atteindre au moins 30 % d'enseignants signataires, nécessaires pour assurer les remplacements dès la rentrée.
Entre temps, Emmanuel Macron a remis de l’huile sur le feu avec les syndicats, en proposant de "rouvrir le débat" du "temps scolaire dans l'année" et de la durée des vacances d’été.
Le chef de l'État a promis un système de santé "profondément rebâti". Il n'y a pas eu d'annonce spectaculaire pendant les 100 jours, mais plutôt la poursuite des grandes orientations déjà connues. Au début de l'été, le ministre de la Santé François Braun a annoncé la liste de médicaments essentiels dans le cadre du plan d'action contre les pénuries, après avoir présenté la réforme de l'internat de médecine générale, qui doit permettre d'envoyer des "docteurs juniors" dans les déserts médicaux.
François Braun a également annoncé une réforme du métier d'infirmière en vue de la rentrée 2024.
La Sécurité sociale a progressé dans l'objectif de proposer un médecin traitant aux quelque 700 000 malades chroniques qui n'en ont pas. Début juillet, plus de 53 000 patients avaient retrouvé un médecin traitant, selon le ministre.
En revanche, les revalorisations des gardes et astreintes des médecins de l'hôpital public tardent à se concrétiser, faute d'arbitrage budgétaire.
Avec AFP