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Sports

"On se sent ici chez nous" : Maroc, Tunisie, Arabie saoudite… Au Qatar, la fête du football arabe

REPORTAGE La joie des Tunisiens au souk Waqif, dans le centre-ville de Doha, durant le Mondial. Au Qatar, les supporters arabes sont les rois de l'ambiance. Depuis le début du Mondial-2022, ils offrent les atmosphères les plus survoltées du tournoi alors que les scènes de fraternisation se multiplient. Reportage dans la liesse collective à Doha.  Que les minutes ont dû paraître longues à la Belgique !Lors de leur second match de groupe face au Maroc, les coéquipiers de Kevin De Bruyne se sont retrouvés pris au piège d'une ambiance incandescente. Chacune de leur prise de balle se soldait immanquablement par des sifflets continus, tandis que chaque occasion des Lions de l'Atlas faisait rugir de bonheur l'Al-Thumama stadium de Doha, dimanche 27 novembre.  Une constante dans ce Mondial-2022. Les supporters des pays arabes qualifiés – Tunisie, Maroc, Arabie saoudite – se sont déplacés en nombre pour cette Coupe du monde organisée au Qatar, la première de l'histoire ayant lieu dans le monde arabe. Des travées des stades au souk Waqif dans le centre-ville, les supporters savourent pleinement l'évènement.   "L'ambiance est incroyable, vraiment extraordinaire. On adore la manière dont le Qatar a organisé cette Coupe du monde. Tout est facile d'accès", note Amir, croisé à la sortie du match Belgique – Maroc. "C'est génial, mais c'est cher quand même", crie un autre supporter avant de continuer à célébrer la victoire des Lions de l'Atlas.  Amir, originaire de Rabat, a fait le voyage en voiture depuis Dubaï, où il étudie, pour vivre le mondial du Maroc.   "On est plus bruyants que les Européens", sourit-il, encore sous l'émotion de la victoire des Lions de l'Atlas. "Ici, on se sent à la maison. En plus, pas mal d'entre nous vivent ici ou en Arabie saoudite ou aux Émirats."  Et les bruyants encouragements portent leurs fruits. Les équipes arabes ont l'impression d'évoluer à domicile : l'Arabie saoudite a réussi l'exploit de renverser l'Argentine de Messi (2-1) et peut prétendre à une historique place en huitièmes de finale. Le Maroc lui a vaincu les Belges, troisièmes du dernier mondial, et peut également prétendre à figurer parmi les 16 meilleurs de l'édition. Et si, pour le moment, la Tunisie reste en deçà au niveau des performances sportives, ses supporters continuent d'y croire, avant le troisième match décisif contre la France.  "Ça fraternise de partout"  "J'adore l'ambiance. Les gens sont accueillants, souriants. Tout est positif. Je m'attendais un peu à tout ça mais pas à ce point", savoure Adil, 25 ans. "Ça fraternise de partout. Surtout les Saoudiens. Ils sont partout. À chaque fois que je prends le métro, ils me parlent."  "Ce n'est pas seulement entre les Arabes. C'est la fête du football de tout le monde. Les Argentins et les Mexicains sont aussi bien présents", note l'ingénieur informatique à Paris.  D'autres pays arabes, non qualifiés, s'invitent. À l'image de l'Algérie dont le drapeau est bien représenté dans la foule. Et les supporters d'encourager parfois plusieurs équipes. Adil ne se contente pas d'encourager le Maroc. Il est aussi venu encourager l'équipe de France, même si ces derniers jouent leur troisième match contre une équipe maghrébine.   "Allez ! Venez ! Tous au Souk Waqif ! Ça va être la fête jusqu'au bout de la nuit", enjoint un autre supporter marocain, ivre de la joie de la victoire.  Car, entre les matches, s'il y a un lieu qui rassemble les supporters dans l'esprit de communion, c'est bien le "marché debout", la traduction littérale de souk Waqif, où les fans déambulent. Dans ce centre séculaire de la ville de Doha, beaucoup viennent savourer un repas ou un thé en terrasse. Certains fument un narguilé en regardant les passants. Épisodiquement, un groupe de supporters lance un chant pour provoquer amicalement une autre nationalité au milieu des encens.  "TUN-is, TUN-is, TUN-Is", entend-on à proximité de la sculpture dorée du "Pouce" en plein centre du marché. "Ronaldo ! Ronaldo !", répondent des Portugais, en chemin pour le match face à l'Uruguay. La Coupe arabe organisée au Qatar en décembre 2021 avait déjà donné lieu à de belles scènes d'amitié entre supporters. Ici aussi, les démonstrations de fraternité arabe ne manquent pas. Ici, un Saoudien a cousu ensemble les drapeaux du Qatar, de l'Arabie saoudite, de la Tunisie et du Maroc.   Là, deux adolescents qui déambulent ensemble. Mohamed est qatari. Il porte son drapeau comme une cape tout en levant haut et fier le drapeau de l'Arabie saoudite. Son ami du même âge, saoudien, a opté pour la combinaison inverse. Les deux enfants s'amusent à danser et ne sont que trop heureux quand quelqu'un s'intéresse à eux pour une photo, un selfie ou encore une interview :  "C'est une fierté d'avoir la Coupe du monde dans mon pays. On montre que tous les Arabes sont frères. C'est la fête du football arabe", crie-t-il, alors que son ami opine vigoureusement. "On est pour tous les Arabes. Quand le Maroc a gagné, j'avais un drapeau des Lions de l'Atlas."  >> A lire aussi : "On fait partie des grands désormais" : au Qatar, la fierté d'organiser le mondial La délégation la plus fournie reste tout de même celles des Saoudiens. Difficile de se balader dans Doha sans croiser au moins un maillot ou une écharpe verte du pays voisin.   "La proximité joue beaucoup. C'est facile de venir", explique l'un de leurs représentants, Mohannad, rencontré avec sa valise dans le souk. "Et puis on se sent comme chez nous. On partage la même langue et la même culture."  Après cinq jours et un paquet de bons souvenirs dans la tête, il s'apprête à rentrer chez lui. Il se dit volontiers fier d'avoir participé à cette première Coupe du monde organisée dans le monde arabe.   "On veut la même chose bientôt chez nous", sourit-il. L'Arabie saoudite a postulé conjointement avec l'Égypte et la Grèce en 2030. Réponse en 2024 lors du 74e Congrès de la Fifa.

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