Obama, Trezeguet, Kahraba… la cocasse tradition des surnoms de joueurs en Égypte
En Égypte, donner aux footballeurs des surnoms plutôt que leur véritable nom est une tradition vivace qui fait la fierté des joueurs, comme le prouve Trezeguet, milieu de terrain des "Pharaons" et d'Aston Villa.
"Obama" comme le président, "Trezeguet" comme le champion du monde 1998 ou "Kahraba" (électricité en arabe) : la tradition unique des surnoms, parfois cocasses, des joueurs de football en Égyptereste bien vivante.
Cette pratique satirique en vigueur depuis des décennies a été popularisée par le joueur des années 1980 Badr Ragab, qui a aussi été entraîneur d'une équipe d'espoirs du club cairote d'Al-Ahly, où il donnait des surnoms à ses jeunes joueurs.
"Lorsque j'étais entraîneur (...) je rêvais que (mes joueurs) deviennent des stars internationales et je voulais les encourager à travailler dur en imitant des joueurs célèbres", explique Badr Ragab à l'AFP.
"Les noms sont fondés sur leur ressemblance avec les joueurs et aussi leurs compétences. J'ai donné à Karim Walid le surnom de 'Nedved' car il ressemblait à Pavel Nedved de la Juventus, de même que Mahmoud Hassan, qui avait des traits de David Trézéguet de l'équipe de France", ajoute-t-il.
"Trezeguet", 26 ans, l'un des joueurs de la sélection nationale égyptienne a évolué cette saison dans le club anglais d'Aston Villa après des passages en Belgique (Anderlecht) et en Turquie (Kasimpasa). Il n'a marqué que deux buts en Premier League cette saison mais s'est attiré les louanges de l'ancienne star écossaise du club, Alan Hutton.
Badr Ragab a surnommé Mahmoud Abdelmoneim "Kahraba" (électricité), car il semble courir en permanence, selon lui.
Mais la pratique, souvent extravagante, ne séduit pas tout le monde à l'exception des fans égyptiens qui ont adopté avec ferveur certains surnoms.
Ramy Barakat, l'ancien psychologue des "Pharaons", l'équipe nationale égyptienne, estime lui que les surnoms farfelus ne sont pas utiles sur le long terme.
"Certains joueurs considèrent que ces surnoms n'ont pas de sens. Ils travaillent dur pour y arriver, alors que d'autres tombent dans le panneau et pensent qu'ils ont réussi", dit-il. "Je préfère ne pas donner ce genre de surnoms aux jeunes joueurs."
Une tradition qui fait la fierté des joueurs
Mais cela n'a pas dissuadé les joueurs eux-mêmes d'arborer des sobriquets étranges et fantaisistes sur leurs maillots.
Le pilier de l'équipe cairote de Zamalek, Youssef Ibrahim, 25 ans, a ainsi reçu le surnom d'"Obama" de la part de ses coéquipiers, qui ont vu en lui une ressemblance avec l'ancien président américain.
Le défenseur d'Al-Ahly Ahmed Ramadan se fait appeler "Beckham", en référence à la star anglaise David Beckham et Khalil Heggi, de la même équipe, est connu sous le nom de "Neymar", la star brésilienne du Paris Saint-Germain.
Mahmoud Abdel-Razeq de Zamalek, l'un des joueurs égyptiens les plus populaires, est connu comme "Chikabala", du nom de l'ancienne star zambienne du football Webster Chikabala. Une référence prestigieuse qu'il a lui-même hérité de son frère, joueur de l'équipe d'Assouan.
Du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas
Le championnat égyptien actuel compte un nombre impressionnant de joueurs populaires auprès des supporteurs. L'un d'entre eux est le défenseur de Zamalek Mahmoud Hamdy, alias "El Winch" ou "la grue", en raison de sa grande force.
L'armée égyptienne, très présente dans de nombreux secteurs de la société égyptienne, est également impliquée dans le football. Elle contrôle l'équipe El-Entag El-Harby (Production militaire), au sein de laquelle évolue un joueur qui répond au surnom adapté de "Bazooka".
La pratique des sobriquets frise parfois le ridicule comme pour le joueur de l'équipe Arab Contractors, Abdel Rahman Khaled baptisé... "Gebna" (fromage).
Mais la palme de l'excentricité revient sans doute à la star d'Al-Ahly Mohamed Magdy dit "Afsha", un terme qui fait référence à l'action d'attraper des poulets avant de les tuer pour les consommer ou les vendre.
La mère du joueur lui avait donné ce surnom en raison de son aptitude à courir après les gallinacés dans son village natal.
Avec AFP