"Ne nous parlez pas de considération" : la colère des familles au procès du crash du vol Rio-Paris
"Ne nous parlez pas de considération" : la colère des familles au procès du crash du vol Rio-Paris
Airbus et Air France sont jugés pour homicides involontaires devant le tribunal correctionnel de Paris, plus de 13 ans après la catastrophe aérienne qui a coûté la vie à 228 personnes en juin 2009.
Cette première audience a été courte, à peine plus de deux heures, lundi 10 octobre. Elle s'est déroulée dans la plus grande salle du palais de justice de Paris, une salle au bois clair dont les bancs sont quasiment remplis par les proches des victimes. Une cinquantaine d'entre eux sont présents, dont un certain nombre portent un casque audio sur les oreilles pour se faire traduire les débats. Il y a des Allemands, des Canadiens, des Brésiliens, au total, 32 nationalités sont représentées.
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Tous viennent assister à l'audience avec cette volonté qu'Air France et Airbus prennent leurs responsabilités, sans esprit de vengeance, mais déterminés. Pour les soutenir, des psychologues de l'association "Paris aide aux victimes" sont présents. Les premières minutes ont déjà été très intenses, avec la lecture, pendant près de dix minutes et dans un silence total, des 228 noms des victimes par la présidente et ses assesseurs.
Le patron d'Airbus coupé dans sa déclaration
Les deux représentants d'Airbus et Air France ont pris la parole. La déclaration de Guillaume Faury, le directeur général d'Airbus, a particulièrement marqué les esprits. Après Anne Rigail, directrice général d'Air France, il a exprimé son "profond respect", "sa profonde considération" pour les victimes d'une voix faible. Il est tout de suite coupé par un proche des victimes : "C'est une honte ! Honte à vous !", lance-t-il, au milieu d'une salle d'audience qui se fige en un instant.
La présidente intervient, mais la colère de cet homme est grande. Les larmes aux yeux, il reprend la parole : "Ça fait 14 ans qu'on attend ce moment-là, alors ne nous parlez pas de considération", insiste-t-il. Imperturbable, Guillaume Faury reprend là où il s'était arrêté, pour évoquer à nouveau cette considération. Il apporte des chiffres et dit à nouveau qu'Airbus ne reconnaît pas sa responsabilité.
"Il n'y a jamais eu le respect jusqu'à maintenant"
À la sortie de l'audience, les parties civiles sont en colère, comme Martine Lamy, qui a perdu son neveu dans le crash. "Entendre le nom des 228 personnes qui sont mortes, qui ne sont jamais revenues... Il n'y a jamais eu le respect jusqu'à maintenant, elles n'existaient pas ces victimes. Il a mis 13 ans à entendre les 228 noms, c'est tout ce que j'ai à dire", confie-t-elle.
Le patron d'Airbus ne reviendra pas mardi 11 octobre, tout comme la directrice générale d'Air France. Les proches des victimes, eux, seront là pour écouter le directeur d'enquête pour une journée consacrée aux recherches de l'avion, qui s'est abîmé au beau milieu de l'océan Atlantique. Le procès va durer deux mois.