Mondial-2023 : Espagne - Suède, opposition de style en demi-finale
AVANT-MATCH
Le premier choc des demi-finales de de la Coupe féminine aura lieu mardi à Auckland entre la Suède et l'Espagne. Deux équipes au parcours et au jeu très différents, entre la jeunesse fougueuse des Espagnoles et la force tranquille des Suédoises. Entre le jeu d'attaque de la Roja et la défense de fer des Blagult. Entre un sélectionneur loin de faire l'unanimité en Espagne et un groupe suédois misant sur la cohésion.
L'Espagne disputera une demi-finale de Mondial féminin pour la première fois de son histoire, contre la Suède, mardi 15 août 2023.
Pour la première fois de son histoire, l'Espagne dispute une demi-finale d'un Mondial féminin contre la Suède, mardi à Auckland (12 h).
Les Scandinaves ont réussi le tour de force d'avoir éliminé les deux dernières sélections championnes du monde – les États-Unis, doubles tenants du titre en huitièmes (0-0 ap, 5-4 tab), puis le Japon (2-1), sacré en 2011.
Comme face au Japon, les coéquipières de la gardienne Zecira Musovic et de la défenseuse buteuse Amanda Ilestedt misent sur leur défense pour contrer les mouvements et le jeu de passes des Espagnoles, portées davantage sur l'attaque.
Nation émergente du football féminin, la Roja, l'une des plus jeunes sélections de la compétition, a notamment pu s'appuyer sur la jeune pépite Salma Paralluelo pour s'offrir le dernier carré en prolongation contre les Pays-Bas, finalistes en 2019.
Alors que le double Ballon d'or en titre Alexia Putellas semble encore en deçà physiquement après sa blessure au genou, les Ibériques sont tout à fait armées pour contrer la puissance suédoise.
La revanche du sélectionneur espagnol Vilda
Désavoué il y a un an par une partie des joueuses, le sélectionneur Jorge Vilda s'est accroché à ses méthodes jugées clivantes pour conduire l'Espagne, pour la première fois, en demi-finale d'un Mondial féminin.
La 6e nation mondiale continue de gérer les répliques du séisme de septembre 2022, quand 15 internationales ont annoncé qu'elles ne voulaient plus porter le maillot de leur sélection en raison de désaccords avec la gestion de Vilda.
Cette crise, inédite à ce niveau, a menacé l'émergence de l'Espagne comme puissance du foot féminin, portée notamment par les investissements récents du FC Barcelone, vainqueur de la dernière Ligue des champions, ou du Real Madrid.
Mais en Océanie, l'entraîneur a défendu sa légitimité à travers des résultats exceptionnels pour une équipe qui n'en est qu'à sa troisième participation à une Coupe du monde.
"Nous avons un président qui a réagi avec courage, qui m'a soutenu, moi et le staff (...). Il y a beaucoup d'unité dans le groupe, une bonne ambiance, une envie de compétition, du professionnalisme et de l'ambition", a déclaré lundi Jorge Vilda, 42 ans, en poste depuis 2015.
L'Espagne a éliminé la Suisse (5-1) en huitièmes, puis les Pays-Bas finalistes en 2019 (2-1 a.p.) pour atteindre les demies pour la première fois de son histoire.
Ce parcours porte la marque des risques tactiques de Vilda, adepte du turn-over autour de son 4-3-3 axé sur la conservation du ballon et le contre-pressing : "Nous avons 23 titulaires. Ce ne sont pas que des mots, ce sont des faits", a-t-il expliqué.
Le pari Cata Coll
Il a, par exemple, évincé la gardienne titulaire Misa Rodriguez, qui a joué les trois matches du groupe, après la défaite contre le Japon (4-0), pour lancer la jeune doublure Cata Coll lors de la phase à élimination directe.
Le choix est d'autant plus osé que Coll, 22 ans, est aussi remplaçante au Barça, derrière la N.1 Sandra Paños, l'une des "frondeuses" qui a demandé sa réintégration, en vain.
Contre la Suisse et les Pays-Bas, Vilda a aussi décidé ne pas titulariser la double lauréate du Ballon d'or en titre, Alexia Putellas, l'une des stars de la compétition revenue juste à temps pour le tournoi, après une longue blessure à un genou.
Ces changements ont laissé place à certains nouveaux visages comme la milieu Teresa Abelleira (23 ans) ou l'attaquante Salma Parellelo (19 ans), qui a marqué le but de la qualification face aux Pays-Bas.
Elles sont entourées par l'expérience de certaines "rebelles" qui ont fait marche arrière – seules trois d'entre elles ont été convoquées : Aitana Bonmati, Mariona Caldentey et Ona Batlle.
La Suède, l'anti-Roja ?
La "fronde des 15" a été un moment "très dur", mais c'est "quelque chose qui appartient au passé", a assuré dimanche la joueuse Irene Guerrero.
"Nous sommes très concentrées sur ce qui nous unit, sur ce qui nous attend, sur l'esprit de cette équipe (...). Je me vois avec toutes mes coéquipières en train de soulever la coupe. C'est un rêve, et pour qu'il devienne réalité, il faut en rêver", a ajouté la milieu de l'Atlético Madrid.
Les Suédoises, elles, avancent sans faire de bruit derrière leur sélectionneur Peter Gerhardsson, qui a fait de la cohésion l'une des valeurs cardinales de son équipe.
"L'entente au sein du groupe est cruciale pour nous. Si vous êtes heureuse hors du terrain, ça se voit sur le terrain", a assuré la capitaine Kosovare Asllani.
Les Scandinaves, troisièmes au classement mondial de la Fifa, sont des habituées du dernier carré dans les grandes compétitions internationales, mais elles n'ont toujours pas remporté le moindre trophée majeur depuis l'Euro-1984, le premier de l'histoire.
Ces dernières années, elles ont perdu en finale des Jeux en 2016 et 2021, ainsi qu'en demies de l'Euro-2022 et du Mondial-2019.
"Nous avons le bénéfice de l'expérience", avance Kosovare Asllani. "Nous sommes allées loin lors de nos derniers tournois, et je suis satisfaite de la manière que nous avons employée cette fois-ci", a déclaré la milieu de terrain aux 174 sélections (44 buts).
Avec AFP