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Sports

Mondial-2022 : le Japon, symbole du renouveau du football asiatique

AVANT-MATCH Les Samouraï Blues affrontent la Croatie, lundi, avec à la clé une place en quarts de finale du Mondial-2022. Face à l'un des finalistes de la précédente Coupe du monde, le Japon va devoir sortir une nouvelle performance après s'être déjà imposé face à l'Allemagne et l'Espagne en phase de poule. La sélection nippone incarne à elle seule le renouveau du football asiatique, qui fait bonne figure au Qatar. Jamais deux sans trois pour le Japon ? Après avoir gagné face à la Mannschaft (1-2) et la Roja (2-1), les Samouraï Blues vont tenter de prendre le meilleur sur la Croatie, lundi 5 décembre (à 16 heures, heure française), pour atteindre les quarts de finale du Mondial-2022 – ce qui serait une performance historique pour les Japonais, qui n'ont encore jamais accédé à ce niveau de la compétition internationale. Que Lukas Modric et ses coéquipiers aient été finalistes de la précédente édition n'est pas pour déplaire au Japon, habitué à renverser des montagnes ces derniers temps. Dans ce qui était considéré comme le "groupe de la mort" [Allemagne, Espagne, Costa Rica], personne ne les attendait contre l'Allemagne. Ils ont pourtant pris l'ascendant sur leur adversaire en dix minutes. L'Espagne, qui jouait sa qualification lors de la dernière journée de phase de poule, a aussi été renversée par une sélection nippone généreuse dans l'effort et solidaire en toutes circonstances. Malgré une défaite contre le Costa Rica (0-1), le Japon a terminé logiquement premier du groupe E, même si cela peut paraître surprenant tant la concurrence semblait rude. La sélection nipponne est désormais en huitièmes de finale – une performance déjà réalisée en 2002, 2010 et 2018. "Je dois être honnête : je ne m'y attendais pas, personne ne s'y attendait", a fait remarquer le milieu de terrain croate Lovro Majer. "Mais, félicitations au Japon ! Le plus important dans le football aujourd'hui, c'est le courage et le cœur ; et, dans ce sens, ils l'ont méritée [la qualification]." "Se battre comme les samouraïs" avec des individualités plus fortes La recette du succès nippon est déjà à chercher du côté de l'état d'esprit des joueurs qui composent la sélection. Yuto Nagatomo, défenseur du Japon, est celui qui en parle le mieux : "Avant notre match contre l'Allemagne, on s'est tous dit 'coraggio' [le défenseur a longtemps joué à l'Inter Milan]. Tous les joueurs manifestent cet esprit de courage. L'ambiance sur le banc est bonne, je pense que l'on est l'une des équipes les plus unies dans ce tournoi. Je n'ai plus besoin de dire 'coraggio', on est complètement motivés." Puis le joueur a fait l'analogie entre l'état d'esprit de son équipe et celui… des samouraïs. "Ils essaient d'améliorer leur technique, mais s'ils ont peur avant d'aller au combat, ils ne pourront pas mettre en place leur technique. C'est la même chose pour le football. Si on arrive avec de la peur, on ne pourra pas mettre en place notre jeu", explique Yuto Nagatomo. "Je mentionne souvent les samouraïs, qui sont assez connus dans le monde. On veut se battre comme les samouraïs." L'esprit de combat compte, mais les individualités aussi. Et de ce côté-là, le sélectionneur Hajime Moriyasu dispose de joueurs qui évoluent dans les plus grands championnats européens – essentiellement en Allemagne : sept en Bundesliga plus un, Ao Tanaka, qui joue en deuxième division au Fortuna Düsseldorf et qui a marqué le but de la victoire face à l'Allemagne. "On a grandi mentalement et physiquement depuis 2018. Je pense que la sélection japonaise cette année est la plus forte de l'histoire du football japonais", estime Yuto Nagatomo. "On veut battre la Croatie. Les joueurs individuellement sont devenus meilleurs." Remplaçants efficaces et sélection porte-étendard de la zone Asie La force collective de la sélection japonaise tient aussi à l'efficacité de ses remplacements en cours de match. Si une équipe de ce Mondial a particulièrement bénéficié du passage à cinq remplacements – contre trois par le passé –, c'est bien le Japon puisque 75 % de ses buts (trois sur quatre) sont venus du banc. Le jeu, souligne Ritsu Doan, "c'est onze contre onze, mais entre nous, on dit que l'on est vingt-six contre onze". Le milieu de terrain japonais illustre parfaitement la force des remplaçants nippons. Joueur de Fribourg dans le championnat allemand, il est entré en jeu à la 71e minute contre l'Allemagne et a égalisé pour son équipe seulement quatre minutes plus tard. "Les règles ont changé pour autoriser cinq changements, et je pense que l'on peut être heureux de cela. On a des joueurs qui peuvent changer le cours du match", ajoute Ritsu Doan. "J'ai déjà marqué de nombreux buts en étant remplaçant. Au PSV Eindhoven, j'ai joué plus souvent comme remplaçant, et je sais comment me préparer." Dans un pays où le baseball est le sport collectif le plus populaire devant le football, Hajime Moriyasu a demandé à ses joueurs de s'inspirer de ce sport où tout le monde a un rôle à jouer. Le sélectionneur nippon a également souligné le rôle de locomotive du Japon dans la promotion du football asiatique : "L'évolution principale du Japon, c'est l'amélioration individuelle de ses joueurs. Les joueurs ont grandi. Le Japon élève le niveau global du football asiatique, je pense que l'on y a grandement participé." Outre cette équipe, cinq nations de la zone Asie étaient engagées dans ce Mondial-2022 : le Qatar (car pays hôte), l'Iran et l'Arabie saoudite (qui ne sont pas passés loin d'aller en huitièmes de finale), l'Australie (qualifiée en huitièmes mais éliminée par l'Argentine) et la Corée du Sud (qui affronte le Brésil lundi soir). Un parcours globalement honorable pour les pays asiatiques qui ne demande qu'à être fructifié par une victoire coréenne et/ou japonaise lundi. L'adversaire croate reste en tout cas méfiant. "Si vous sous-estimez l'adversaire, vous allez au-devant d'une désillusion", se méfie Lovro Majer, rappelant qu'il y a eu "beaucoup de surprises dans cette Coupe du monde". Et d'ajouter : "Dans ce contexte, il est difficile de savoir ce que signifie être favori". Avec AFP

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