Meurtre du petit Jonathan : "Je veux avoir le coupable en face de moi, qu'on en finisse !"
Jonathan Coulom, petit garçon assassiné en 2004, n'a jamais été oublié par la justice et les enquêteurs. Un suspect, un ressortissant allemand, a été identifié, mais il aime jouer à cache-cache avec les autorités. Il pourrait pourtant être tombé sur plus opiniâtre que lui.
Cela fait maintenant dix-sept longues années que Jonathan Coulom a été enlevé dans une colonie de vacances à Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), la nuit du 6 au 7 avril 2004 avant d'être retrouvé mort dans un étang le 19 mai. Sa famille peut enfin espérer des réponses grâce à l'extradition, le 22 janvier, de Martin Ney, un pédocriminel allemand, désormais à disposition du juge d'instruction Stéphane Lorentz dans une prison française. Même s'il est resté mutique lors de sa première comparution, il est enfin mis en examen.
C'est en 2011 que les enquêteurs allemands ont contacté leurs homologues français chargés de l'enquête sur la mort de Jonathan : "Le modus operandi est strictement le même que celui de 'Schwartzman' (l'homme en noir, parce qu'il sévit encagoulé et ganté, NDLR)". Ils viennent alors de l'arrêter. Il sera condamné l'année suivante à perpétuité pour au moins trois assassinats d'enfants et quarante agressions sexuelles ou viols, toujours dans des centres de vacances. Ses victimes ont le même âge et le même physique blond que Jonathan. Elles ont été tuées par suffocation, abandonnées en pleine nature, leur corps ligoté en position fœtale.
"La famille a besoin d'aveux et ce type de personnalité en joue", déclare la pénaliste Caty Richard
Pour la pénaliste Caty Richard, avocate de la grand-mère paternelle, Chantal Minier, "les sévices sexuels préalables ne font guère de doute vu le profil de l'auteur, ce que les autopsies ne permettent pas forcément de révéler". Fine experte de la psychologie criminelle, elle ajoute : "La famille a besoin d'aveux et ce type de personnalité en joue. Sa jouissance, c'est berner, tenir en haleine les proches, la société, puisqu'il était éducateur et profitait de son professionnalisme reconnu pour approcher les enfants, et enfin, berner la justice, celle qui ne doit pas entrer dans son jeu. Même si la parole se dérobe, des charges suffisantes permettent de renvoyer devant une cour d'assises, où la seule question qui se pose est celle de l'intime conviction des jurés."
Virginie Lacombe, la maman de Jonathan, attend le procès avec impatience. "Elle veut être sûre que c'est bien lui, précise son avocate, Me Catherine Sal-sac. Mais elle veut surtout connaître les derniers moments de son fils, même si la vérité est pour elle difficile et la fait se replonger tant d'années en lumière."
On ne sait même pas quand Jonathan Coulom a été tué
Virginie vit aujourd'hui pour ses deux grandes filles de 21 et 19 ans, mais elle a, comme son ex-mari, Stéphane Coulom, des questions à perpétuité. En avril 2004, ils s'étaient sacrifiés financièrement pour que Jonathan puisse partir en vacances. Or la sécurité du centre a révélé de graves défauts. Le tueur a-t-il repéré les lieux ? Leur enfant a-t-il été choisi parce qu'il correspondait aux critères du tueur ou parce que son lit était le plus proche de la porte du couloir ?
On ne sait même pas quand Jonathan a été tué. Longtemps, une première déduction, a priori erronée, de l'autopsie, a égaré les enquêteurs. Ils ont cru à une séquestration, privilégiant la piste locale, effectuant un travail de fourmi, alors que le caractère méthodique du crime désigne pourtant un pédocriminel aguerri, selon Me Richard : "Les serial killers à rituel sont heureusement rares, donc cernables."
Martin Ney est en France pour huit mois, concession de la justice allemande
"Mais de la même façon que des enquêtes ont piétiné aux Etats-Unis en se bornant aux frontières d'un Etat, la coopération européenne est souvent difficile alors que de tels prédateurs ignorent les frontières. Leur seule loi est celle de la chasse !" Le point faible de Martin Ney ? Le narcissisme, la "gloire" de ne pas être pris. Et si les enquêteurs français se sont dirigés sur la piste allemande, en 2018, c'est parce que l'homme s'était vanté, auprès de son codétenu, de "ses succès" en France, mais aussi aux Pays-Bas et en Belgique. Son arrestation initiale en dit aussi long sur son cynisme : il avait signalé aux autorités la détention d'images pédophiles par un éducateur qu'il connaissait. Conduisant à une exploration de son propre ordinateur...
Maître Catherine Salsac n'est pas sortie indemne des pièces du dossier : "J'ai vu des images... difficiles. Aujourd'hui, je ne fais de pénal que pour Virginie, ma cliente depuis le début. Je ne l'abandonnerai jamais." Martin Ney est en France pour huit mois, concession toute provisoire de la justice allemande. Que lui ou la science parle, peu importe. "Je veux avoir le coupable en face de moi, qu'on en finisse !", confie Chantal Minier, la grand-mère éplorée de Jonathan. Ses parents eux, aimeraient savoir pourquoi en envoyant leur garçon voir la mer pour la première fois, ils l'ont vu pour la dernière fois...
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