Violences sexuelles dans le sport : 445 personnes mises en cause dans les signalements
Un journaliste à la conférence de presse du président de la Fédération française des sports de glace, Didier Gailhaguet, à Paris, le 5 février 2020.
Près de 445 personnes ont été mises en cause à ce jour après des signalements effectués à la cellule dédiée aux violences sexuelles dans le sport, a indiqué vendredi la ministre chargée des Sports Roxana Maracineanu, à l'occasion de la deuxième convention consacrée au sujet.
Près de 445 personnes ont été mises en cause à ce jour pour des violences sexuelles dans le sport en France. Vendredi 2 avril, la ministre chargée des Sports, Roxana Maracineanu, a fait un état des lieux de la cellule dédiée aux violences sexuelles dans le milieu à l’occasion de la deuxième convention consacrée au sujet.
"Depuis un an, 407 affaires ont été traitées ou sont en cours de traitement par la cellule, mettant en cause 445 personnes", a-t-elle dit.
Cette cellule avait été mise en place l'hiver dernier après les révélations de la patineuse Sarah Abitbol, qui a raconté dans un livre comment elle avait été violée par son entraîneur entre 15 et 17 ans, au début des années 1990.
Un premier état des lieux détaillé établi à la mi-février décomptait 387 signalements et 421 personnes mises en cause, dont 245 éducateurs professionnels ou bénévoles (188 et 57 respectivement).
La déléguée ministérielle chargée des violences sexuelles dans le sport, Fabienne Bourdais, a précisé vendredi que "48 fédérations sportives" étaient concernées et 12 "concentrent 66 % des affaires".
Autre chiffre relevé par tous les participants à cette convention, y compris par le garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti, venu assurer du soutien de la justice : "63 % des cas concernent des mineurs de moins de quinze ans".
"Dénoncer les violences dans le sport, ce n'est pas dénigrer le sport ou dévaloriser ses acteurs. C'est même tout l'inverse", a martelé Roxana Maracineanu.
Difficulté de parler des crimes subis
Fabienne Bourdais a relevé que "25 signalements" émanaient de structures de haut niveau, ce qui signifie que "la grande majorité des faits se déroulent dans des clubs classiques".
191 mesures d'interdiction administrative ont été prononcées par les préfets. 29 agents publics sont aussi concernés, dont 16 du ministère des Sports et 11 de l'Éducation nationale, parmi lesquels 7 professeurs d'EPS.
Témoignant en tant que présidente de la cour d'Assises du Loiret, Aude Cristau a expliqué que "le milieu du sport attire des prédateurs, comme l'école". Elle a ainsi évoqué le cas d'un moniteur de cyclisme sur route coupable de "19 viols".
Elle a aussi insisté sur les symptômes de stress post-traumatique dont sont atteints les victimes (scarifications, troubles alimentaires, mutisme...). "J'ai des petites filles qui se cachent sous mon bureau", incapables de parler, a-t-elle expliqué.
Elle a également évoqué la difficulté de parler des crimes subis, car souvent synonyme de rupture avec le milieu du sport. "J'ai eu une petite cavalière qui m'a dit : ‘J'ai préféré subir plutôt que de rompre mon parcours de compétition’", a-t-elle encore raconté.
Sarah Abitbol, qui s'est exprimée lors de cette convention, a expliqué qu'elle "était sur le chemin de la guérison", un an après son livre "Un si long silence" qui a déclenché une cascade de révélations dans le sport.
"Les victimes ont moins honte de parler", a-t-elle dit. "C'est difficile de parler, car on a l'impression d'entacher notre sport (...) mais il le fallait", a-t-elle ajouté. "Je suis fière de l'avoir fait, même si parfois il y a encore des retours compliqués".
Avec AFP