Le gouvernement se mobilise après un nouveau cap dans les violences contre les élus
Stéphane Claireaux, dans un bureau de vote à Saint-Pierre, le 17 juin 2017.
L'agression dont a été victime dimanche le député Stéphane Claireaux (LREM) devant son domicile à Saint-Pierre-et-Miquelon a fait l'objet d'une condamnation quasi-unanime de la classe politique. En vue de faire un point sur les violences contre les députés et vu la recrudescence de ces actes, Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, réunira mardi soir les ministres de l'Intérieur et de la Justice, Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti.
Avec l'agression à son domicile du député de Saint-Pierre-et-Miquelon, Stéphane Claireaux (LREM), une nouvelle étape a été franchie dans les violences contre les élus, en hausse depuis des semaines, provoquant lundi une condamnation par une bonne partie de la classe politique et une mobilisation du gouvernement.
En déplacement à Nice, le président Emmanuel Macron a dénoncé une agression "inacceptable" et "intolérable", déplorant "l'intensification des violences" contre les élus.
Stéphane Claireaux a annoncé lundi son intention de porter plainte, après avoir été visé la veille par des projectiles devant son domicile de Saint-Pierre-et-Miquelon lancés par des manifestants contre le passe sanitaire. Une attaque qui selon lui "ressemblait à une lapidation".
"Il faut que ça s'arrête"
"Je vais porter plainte, c'est une évidence. Certains peuvent penser qu'on ne prend pas les bonnes décisions. On reçoit tous des menaces de mort par mail, à un moment donné, il faut que ça s'arrête", a déclaré le député à franceinfo.
Face à la multiplications des agressions et des menaces, le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, réunira mardi soir les ministres de l'Intérieur et de la Justice, Gérald Darmanin et Éric Dupond-Moretti, pour faire un point sur le nombre de cas recensés et la réponse judiciaire apportée.
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 1 186 élus ont été pris pour cible dans les onze premiers mois de 2021, dont 162 parlementaires et 605 maires ou adjoints victimes d'agressions physiques, soit une hausse de 47 % par rapport à 2020. En 2021, 419 outrages ont aussi été recensés (+ 30 %).
Richard Ferrand avait annoncé l'organisation d'une telle réunion pendant la trêve des confiseurs après l'incendie du garage personnel du député LREM de l'Oise Pascal Bois à Chambly qui avait déjà suscité une forte émotion, sur fond de recrudescence des violences contre les députés en raison principalement de leur soutien à la politique sanitaire du gouvernement.
Gérald Darmanin avait annoncé dans la foulée un renforcement de la protection des domiciles et des permanences des députés.
"Totalitarisme"
Lundi, le ministre des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau, interrogé sur l'agression de Stéphane Claireaux, a déploré des "images assez effrayantes", et "un degré supplémentaire dans la violence", mettant même en garde contre le risque du "totalitarisme".
"Un cap a été franchi", a abondé la présidente LREM de la commission des Lois de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui sur RTL a admis avoir peur face à la recrudescence de ces faits : "Souvent on s'en prend à nos permanences, là on commence à s'en prendre à nos domiciles privés."
"Il y a eu en 2021 de ce que j'ai compté 322 menaces contre des députés, dont les deux tiers contre des députés de mon groupe", a indiqué le patron du groupe LREM à l'Assemblée Christophe Castaner.
La majorité a reçu des soutiens aussi bien sur sa droite que sur sa gauche.
"Les violences et intimidations contre nos élus sont une ligne rouge dans notre démocratie. J'appelle à des sanctions exemplaires contre les auteurs de tels actes", a réagi le président LR du Sénat, Gérard Larcher.
"Discours délirants"
Pour le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, "certains antivax prennent pour alibi les provocations du Président pour justifier leur violence", dénonçant des "actes profondément choquants, encore plus devant le domicile privé qui est aussi celui d'une famille".
C'est "absolument inacceptable", a aussi condamné sur Twitter le patron d'EELV Julien Bayou.
Mais les avis divergent quand il s'agit d'attribuer les responsabilités de cette dérive violente.
Le ministre des Relations avec le Parlement a "mis en garde les responsables publics qui jettent à la vindicte populaire" des élus.
Le député LR Éric Ciotti a dénoncé sur RMC "ces excès qui prennent une tournure extraordinairement inquiétante et dangereuse", et "ceux qui les ont conduits dans ces délires, y compris pour des raisons politiciennes, qui aujourd'hui font leur miel électoral sur la santé des Français", en citant notamment "les discours délirants de M. [Florian] Philippot".
Mais il a critiqué aussi les "provocations du chef de l'État" qui, selon lui, "pour des raisons politiciennes, cherche le conflit, cherche la tension, cherche à cliver".
Avec AFP