"Le danger peut venir d’ailleurs" : Sandrine Kiberlain traumatisée par une agression subie à 17 ans
A l’heure où des actrices de premier plan n'hésitent (presque) plus à dénoncer ceux qui ont eu des comportements inappropriés envers elle. Ou tout du moins sont enfin entendues et crues. Une Sophie Marceau, par exemple, avait parlé dès 1985, en vain. Et si Adèle Haenel a tenté de donner de la puissance à ce mouvement #MeToo en France, il a fallu finalement attendre quelques années pour qu’enfin on prenne conscience de l’ampleur du problème. Sandrine Kiberlain, elle, a eu la chance d’avoir "toujours été préservée sur les plateaux de cinéma". Malheureusement, cela ne l’a pas empêché de faire face au pire.
"Je n’ai jamais croisé de prédateurs dans mon métier, mais j’ai été agressée à 17 ans, et j’en ai évidemment été très traumatisée. Preuve que le danger peut venir d’ailleurs…", lâche-t-elle dans les colonnes de Madame Figaro ce vendredi 31 mai. Alors, face auxrécits glaçants de Judith Godrèche ou Isild Le Besco notamment, Sandrine Kiberlain estime avoir été "chanceuse de ne pas [se] retrouver face à des harceleurs ou dans des situations que je ne maîtrisais pas".
Ces tournages où Sandrine Kiberlain ne s’est "pas laissée faire"
Toutefois, tous ces tournages n’ont pas forcément été une partie de plaisir. "Les deux fois où il m’est arrivé de ne pas aimer des tournages, pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec du harcèlement, je ne me suis pas laissée faire, et je n’ai ensuite plus retravaillé avec ces réalisateurs", assure la mère de Suzanne Lindon. Elle souligne également avoir "choisi" d’être "parfois violentée" dans certains films. Elle cite ainsi Les Patriotes d’Eric Rochant où elle incarnait "une call-girl à moitié nu" mais affirme avoir été "entourée de gens extrêmement délicats et attentionnés".
Et puis, il y a eu À vendre de Laetitia Masson. Là, Sandrine Kiberlain se faisait "tripoter dans tous les sens". "Mais ces scènes existaient déjà dans le scénario, elles n’étaient pas gratuites, et j’avais accepté de les jouer au préalable. Et, surtout, je ressentais le regard de Laetitia si bienveillant", promet-elle. Et de confier : "Cette expérience m’a d’ailleurs beaucoup appris, et je veillais, en la tournant, à ce qu’elle ne me prenne pas plus qu’exigé. Mais je n’ai jamais été très à l’aise avec les scènes de corps, de baisers et d’intimité dans les films."
Sandrine Kiberlain : "J’ai très peur de l’acharnement médiatique"
Malgré tout, Sandrine Kiberlain n’est pas favorable à la présence de coordinateurs d’intimité sur les tournages. "Je pense qu’avec ce qu’on apprend aujourd’hui, il faut absolument continuer à veiller et à faire cesser les dérives, mais je ne voudrais pas non plus que cela empêche le jeu et l’abandon qu’il suppose", se justifie-t-elle. Pour l’ex de Vincent Lindon, il est impossible de "chorégraphier un baiser ou une scène intime". Il faudrait donc avoir pleine confiance en son partenaire de jeu et en son réalisateur "pour donner quelque chose de vivant".
Toujours est-il que Sandrine Kiberlain salue l’importance de cette prise de parole. Elle espère que celle-ci rendra les jeunes générations de comédiennes "plus vigilantes, plus fortes, et les aidera, peut-être, à éviter le pire". Mais pas question pour elle de se substituer à la justice ou d’aller dans le sens d’une cancel culture. "Je pense qu’il est important que les œuvres ne soient pas impactées par des procès qui n’ont pas encore eu lieu. Je n’empêcherai pas mes petits-enfants de voir Cyrano de Bergerac ou Le Dernier Métro, parce qu’il s’agit de deux des plus grands films qui soient. J’ai très peur de l’acharnement médiatique avant jugement", conclut-elle.