Large manifestation de "soutien à la police républicaine" prévue devant l’Assemblée nationale
Un policier se recueille, le 9 mai 2021, devant le commissariat de police d'Avignon après la mort de son collègue Eric Masson, tué le 5 mai.
Deux semaines après le meurtre du brigadier Éric Masson, une grande manifestation policière est organisée devant l’Assemblée nationale pour demander une "réponse pénale" plus ferme. Des politiques de tous bords seront présents dont le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Une mobilisation exceptionnelle "sans récupération politique". A l'unisson, les syndicats policiers appellent, ce mercredi 19 mai, à un grand rassemblement devant l’Assemblée Nationale en “soutien à la police républicaine”, deux semaines après le meurtre du brigadier Eric Masson, sur un point de deal à Avignon.
Les organisateurs espèrent réunir 30 000 personnes. Parmi eux, des milliers de policiers mais aussi des citoyens et politiques de tous bords, dont le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
"Chacun est libre d'y participer", mais "aucun responsable politique ne pourra accéder à la tribune ni s'y exprimer", ont fait savoir les syndicats dans un communiqué commun.
Polémiques politiques
De mémoire de policiers, la présence d'un ministre de l'Intérieur est une "première", ce qui a valu à Gérald Darmanin de vives critiques de l'opposition.
L'eurodéputé conservateur François-Xavier Bellamy a raillé un ministre qui manifeste "contre sa propre inaction". "Son rôle est d'agir, pas de manifester", a aussi estimé Damien Abad, le patron des députés LR, dont "la quasi-totalité" sera présent.
"Je vais leur dire que nous les aimons", a justifié Gérald Darmanin sur France Inter. "Il n'y a pas de soumission à un pouvoir quelconque", a-t-il affirmé, en référence à la police.
Depuis qu'ils ont appelé la population à venir témoigner de son "soutien à (la) police républicaine", des élus de tous bords ont annoncé leur présence, alors que la sécurité s'impose comme l'un des principaux thèmes de campagne des élections régionales dans un mois, et de la présidentielle dans un an.
Le numéro deux du Rassemblement national Jordan Bardella a également annoncé sa venue, avec "beaucoup d'élus" du parti.
A gauche, les chefs du Parti socialiste, Olivier Faure, et du Parti communiste, Fabien Roussel, seront présents, tout comme l'écologiste Yannick Jadot. Seule exception, La France insoumise, qui voit dans les demandes des syndicats policiers un "cahier de revendications corporatives".
L'acteur Gérard Lanvin doit prendre la parole au début du rassemblement à 13H00, avant des témoignages de policiers de terrain et des prises de parole syndicales, ont précisé les organisateurs.
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Une "réponse pénale" plus ferme
Les syndicats ont décidé d'organiser ce rassemblement deux semaines jour pour jour après le meurtre d'Eric Masson, tué lors d'une opération anti-drogue à Avignon. Un drame qui a ébranlé la police, déjà marquée par l'assassinat, le 23 avril, de Stéphanie Monfermé, agente administrative au commissariat de Rambouillet (Yvelines), par un Tunisien qui se serait radicalisé.
Selon les responsables syndicaux, beaucoup de policiers"en colère" et "écoeurés" voient dans la mort du brigadier lors de cette banale intervention un symbole des violences répétées à leur encontre, qui nécessitent une "réponse pénale" plus ferme.
Depuis Avignon, le gouvernement a déjà donné des gages aux syndicats, reçus le 10 mai à Matignon. Le Premier ministre, Jean Castex, s'est notamment engagé à étendre à 30 ans la période de sûreté pour les personnes condamnées à perpétuité pour un crime commis contre un policier ou un gendarme. Et à limiter strictement les possibilités de réduction des peines pour ceux qui s'attaquent aux forces de l'ordre.
Mais les syndicats déplorent que leur "revendication la plus importante", "la mise en œuvre de peines minimales" (aussi appelées peines planchers) pour "les agresseurs des forces de l'ordre", n'ait "pas été prise en compte".
Il faut "changer de logiciel", assure Grégory Joron d'Unité SGP Police-FO, dénonçant une "individualisation exacerbée des peines" et un "empilage de dispositifs qui vident les peines de leur sens".
Le rassemblement devant l'Assemblée nationale est aussi une manière de rappeler aux élus qu'ils "doivent prendre leurs responsabilités et, au besoin, légiférer pour faire en sorte que tout ce qu'on vient de vivre ne se reproduise plus", précise Fabien Vanhemelryck, Secrétaire général d'Alliance.
"Le nœud gordien c'est l'application des peines existantes, notamment pour tout ce qui est en bas du spectre, c'est-à-dire les agressions du quotidien", "là où le sentiment d'impunité se crée et se nourrit", estime aussi Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie Officiers.
Mathieu Zagrodzki, chercheur associé au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), rappelait toutefois dimanche auprès de l'AFP que les peines planchers, mises en place sous Nicolas Sarkozy puis abrogées en 2014, avaient été "relativement peu mises en œuvre", les juges pouvant y déroger.
Avec AFP