La Nasa tente une nouvelle fois d'envoyer sa méga-fusée vers la Lune
Des photographes réinitialisent des caméras à distance près de la méga-fusée lunaire de la Nasa, près de l'aire de lancement 39-B, le 2 septembre 2022, à Cap Canaveral, en Floride.
La Nasa va tenter de lancer sa nouvelle méga-fusée pour la Lune samedi, grâce à des prévisions météo encourageantes et la résolution des problèmes techniques ayant causé un report du lancement en début de semaine. En cas de nouvel empêchement, le décollage pourrait éventuellement être reprogrammé à lundi ou mardi.
Deuxième essai. Après une première tentative ratée en début de semaine, la Nasa va réessayer, samedi 3 septembre, de faire décoller sa méga-fusée vers la Lune, pour une mission test qui doit lancer son nouveau programme phare, Artémis, cinquante ans après le dernier vol d'Apollo.
Des dizaines de milliers de spectateurs espèrent que leur attente sera récompensée par un impressionnant spectacle : la fusée orange et blanche SLS, dont ce sera le baptême de l'air depuis le pas de tir 39B du centre spatial Kennedy, en Floride, est la plus puissante du monde.
Le décollage est prévu à 14 h 17 heure locale (18 h 17 GMT), et reste possible au cours des deux heures qui suivent en cas de besoin.
Les conditions météo sont favorables à 60 % au début de cette fenêtre de tir, puis s'améliorent peu à peu jusqu'à 80 %.
"Notre équipe est prête, elle est meilleure à chaque tentative", a déclaré Jeremy Parsons, responsable des équipements au sol au centre spatial. Si les conditions météo et de matériel sont réunies, "il est clair que nous décollerons".
En cas de nouvel empêchement samedi, le décollage pourrait éventuellement être reprogrammé à lundi ou mardi. Il faudra ensuite attendre le 19 septembre au plus tôt, en raison des positions de la Terre et de la Lune.
Le but de cette mission non habitée, nommée Artémis 1, est de vérifier que la capsule Orion, au sommet de la fusée, est sûre pour transporter à l'avenir des astronautes.
Grâce à ce nouveau vaisseau, l'agence spatiale américaine entend renouer avec l'exploration humaine lointaine, la Lune étant 1 000 fois plus éloignée que la Station spatiale internationale.
Surtout, la Nasa compte cette fois y établir une présence humaine durable, afin d'en faire un tremplin pour un voyage vers Mars.
Six semaines dans l'espace
En plein week-end prolongé aux États-Unis, jusqu'à 400 000 personnes sont attendues pour admirer le décollage, notamment depuis les plages environnantes.
Une ribambelle d'astronautes ont également fait le déplacement, dont le Français Thomas Pesquet.
Le remplissage des réservoirs de la fusée avec son carburant cryogénique - environ trois millions de litres d'hydrogène et d'oxygène liquides - doit commencer au petit matin.
Lundi, une fuite avait été observée à cette étape, avant qu'un problème de refroidissement des moteurs n'achève de faire annuler le lancement. La Nasa a depuis travaillé à résoudre ces problèmes.
En cas de succès, deux minutes après le décollage, les propulseurs d'appoint retomberont dans l'Atlantique. Après huit minutes, l'étage principal se détachera à son tour. Puis, au bout d'environ 1 h 30, une dernière poussée de l'étage supérieur mettra la capsule sur le chemin de la Lune, qu'elle mettra plusieurs jours à atteindre.
Le voyage doit durer environ six semaines au total. Orion s'aventurera jusqu'à 64 000 km derrière la Lune, soit plus loin que tout autre vaisseau habitable jusqu'ici.
L'objectif principal d'Artémis 1 est de tester le bouclier thermique de la capsule, le plus grand jamais construit. À son retour dans l'atmosphère terrestre, il devra supporter une vitesse de 40 000 km/h et une température moitié aussi chaude que celle de la surface du Soleil.
Au total, le vaisseau doit parcourir quelque 2,1 millions de kilomètres jusqu'à son amerrissage dans l'océan Pacifique.
Alunissage en 2025
Le succès complet de la mission serait un soulagement pour la Nasa, qui tablait à l'origine sur un premier lancement en 2017 pour SLS, et aura investi d'ici fin 2025 plus de 90 milliards de dollars dans son nouveau programme lunaire, selon un audit public.
Le nom Artémis a été choisi d'après une figure féminine, la sœur jumelle du dieu grec Apollon - en écho au programme Apollo, qui n'a envoyé sur la surface lunaire que des hommes blancs, entre 1969 et 1972.
Cette fois, la Nasa souhaite permettre à la première personne de couleur et la première femme de marcher sur la Lune.
Comme pour accentuer le symbole, c'est la première femme directrice de lancement à la Nasa, Charlie Blackwell-Thompson, qui donnera le "go" final du décollage samedi.
Après cette première mission, Artémis 2 emportera en 2024 des astronautes jusqu'à la Lune, sans y atterrir. Un honneur réservé à l'équipage d'Artémis 3, en 2025 au plus tôt. La Nasa souhaite ensuite lancer environ une mission par an.
Il s'agira alors de construire une station spatiale en orbite lunaire, baptisée Gateway, et une base sur la surface de la Lune.
Là, la Nasa veut tester les technologies nécessaires à l'envoi de premiers humains vers Mars : nouvelles combinaisons, véhicule pour se déplacer, possible utilisation de l'eau lunaire...
Selon le patron de la Nasa, Bill Nelson, un aller-retour vers la planète rouge à bord d'Orion, qui durerait plusieurs années, pourrait être tenté vers la fin de la décennie 2030.
Avec AFP