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La mémoire pieds-noirs s'invite dans la campagne présidentielle

Des Parisiens lisent l'édition de "Dimanche-Soir" annonçant, le 18 mars 1962, qu'un cessez-le-feu a été conclu à Évian lors des négociations sur la guerre d'Algérie. La France célèbre vendredi les soixante ans des accords d’Évian, signés le 18 mars 1962, qui ont abouti à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu le lendemain et marquant la fin de la guerre d'Algérie. Cette commémoration qui tombe en pleine campagne présidentielle permet aux candidats de s'exprimer sur ce sujet toujours sensible.  Le 60e anniversaire des accords d'Évian, commémoré en pleine campagne présidentielle, donne l'occasion aux candidats de réaffirmer leur point de vue sur cette partie sombre de l’Histoire de France. Notamment à l’extrême droite. En refusant de se "flageller devant l'Algérie" et en dénonçant le choix du 19 mars pour commémorer la fin de la guerre, la candidate RN Marine Le Penchoisit sans surprise de faire un clin d'œil aux Français rapatriés d'Algérie, intimement liés à l'histoire de son parti cofondé par des partisans de l'OAS, organisation clandestine opposée à l'indépendance algérienne.  "Cette date (...) n'a pas été la fin de la guerre d'Algérie, car il y a eu des dizaines de milliers de harkis qui ont été sauvagement assassinés" par la suite, fustige Marine Le Pen. Des maires de communes RN ou proches du RN ont déjà choisi de débaptiser leurs rues "19 mars 1962".  Ce discours contre "la repentance" est également régulièrement déclamé par Éric Zemmour, issu d'une famille de Français juifs d'Algérie.  Pour la chercheure Emmanuelle Comtat, auteure d'une thèse sur les pieds-noirs et la politique, "Marine Le Pen s'intéresse aujourd'hui moins à ceux qui ont été marqués par la fin de l'empire qu'aux perdants de la mondialisation. Quant à Éric Zemmour, il instrumentalise ce passé pour montrer que la cohabitation entre différents groupes n'est pas possible".  À Perpignan, où réside comme partout dans le Midi une importante communauté pieds-noirs et leurs descendants, le maire RN Louis Aliot inaugurera samedi une exposition rendant hommage aux victimes pieds-noirs et harkis.  Une histoire qui s'éteint  Si le sujet suscite toujours beaucoup de passion, le souvenir s’étiole.   Quelque 800 000 Européens ont quitté l'Algérie après les accords d'Evian. Certains avancent qu'eux et leurs descendants représenteraient aujourd'hui entre deux et trois millions de Français. Un chiffre impossible à vérifier. "Dans une ville comme la mienne, ça compte", affirme Louis Aliot dont la mère a été rapatriée. Plusieurs monuments controversés ont été édifiés sous les mandats de ses prédécesseurs de droite.  Pourtant l'élu en convient : le vote pieds-noirs "compte moins que ça n'a compté". "Les générations qui ont vécu ce drame sont de moins en moins nombreuses. C'est une histoire qui va s'éteindre", déplore Louis Aliot.  Présidente du cercle algérianiste, association qui entend "sauvegarder et défendre la culture et la mémoire des Français d'Algérie", Suzy Simon-Nicaise juge que "les élus à droite et au centre sont quand même attentifs à la mémoire des Français d'Algérie".  Via son association, celle qui fut adjointe de l'ancien maire LR de Perpignan, Jean-Marc Pujol, a envoyé un questionnaire aux candidats à la présidentielle. Quatre lui ont répondu. Tous de droite ou d'extrême droite : Valérie Pécresse, Marine Le Pen, Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan.  Elle fustige en revanche Emmanuel Macron dont elle n'a toujours pas dirigé les propos sur la colonisation "crime contre l'humanité" lors de la campagne de 2017.  Le vote pieds-noirs "n'a jamais existé"  Le 26 janvier, elle avait choisi de ne pas venir à l'Élysée où le chef de l'État, poursuivant son projet de réconciliation mémorielle, avait reconnu le "massacre" de la fusillade de la rue d'Isly à Alger, dans laquelle des dizaines de partisans de l'Algérie française furent tués par l'armée le 26 mars 1962, sept jours après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.  Elle dénonce le "en même temps" d'Emmanuel Macron qui présidera une cérémonie samedi à l'Élysée pour le 60e anniversaire des Accords d'Évian.  "Mes parents ont arrêté de voter en 1962, ils ne se sont jamais inscrits sur les listes électorales", se rappelle le député (UDI) de Nouvelle-Calédonie Philippe Gomès, dont la famille a fui l'Algérie. Mais celui-ci est gré à Emmanuel Macron d'avoir mis des "mots sur des choses sur lesquelles des mots n'ont jamais été mis" et poussé un texte pour la reconnaissance et la réparation des harkis.  "La génération qui est aujourd'hui en train de disparaître a été extrêmement marquée par la décolonisation. Certains qui avaient vécu le choc du rapatriement étaient aussi plus intolérants à l'égard de l'immigration", observe Emmanuelle Comtat.   Mais le vote pieds-noirs "n'a jamais existé", "il a été très divers comme celui de leurs enfants", ajoute la chercheuse. Selon elle, c'est "une mémoire de la perte qui a été transmise". Pas un legs politique.  Avec AFP Les représentants français et du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) ont signé, le 18 mars 1962, les accords dits d'Évian, consacrant la défaite française et ouvrant la voie à l'indépendance de l'Algérie après plus de sept ans de guerre et 132 ans de colonisation. © Studio Graphique - France Médias Monde

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