La classe politique indignée après les propos racistes d'un député RN à l'Assemblée
Une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 25 octobre 2022.
"Qu'il retourne en Afrique", a lancé jeudi à l'Assemblée nationale le député RN Grégoire de Fournas pendant une prise de parole du député LFI Carlos Martens Bilongo sur l'immigration clandestine. Condamné par la classe politique, le député pourrait être sanctionné.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a jugé vendredi 4 novembre que Marine Le Pen et Jordan Bardella étaient "complices" des propos considérés comme racistes de l'élu Rassemblement national (RN) Grégoire de Fournas jeudi à l'Assemblée nationale, se disant favorable à sa démission.
"J'espère que le bureau de l'Assemblée nationale prendra la décision la plus forte pour sanctionner ce député. Je pense que la question de sa démission se pose pour lui", a estimé Gérald Darmanin sur BFMTV et RMC, ajoutant qu'il signerait une pétition du groupe Renaissance réclamant son départ.
Le ministre de l'Intérieur a en outre jugé que Marine Le Pen et Jordan Bardella, président par intérim du RN, étaient "complices de ce racisme ordinaire".
"Ignominieux"
"Mme Le Pen soutient ce député, elle n'a pas fait un pas de côté. Je dirais même que les propos entendus depuis hier soir légitiment la parole de ce député", a estimé Gérald Darmanin. "C'est la première fois que j'entends quelque chose d'aussi ignominieux" à l'Assemblée nationale, a-t-il affirmé.
"La polémique créée par nos adversaires politiques est grossière et ne trompera pas les Français", a réagi sur Twitter Marine Le Pen, la présidente du groupe RN.
"Qu'il retourne en Afrique", a reconnu avoir lancé Grégoire de Fournas jeudi lors d'une intervention de l'élu La France insoumise (LFI) Carlos Martens Bilongo, qui s'exprimait sur le "drame de l'immigration clandestine". Plusieurs députés affirment avoir entendu "Retourne en Afrique".
Cette interpellation a immédiatement suscité une bronca, conduisant après quelques minutes de confusion à un rarissime arrêt de la séance des questions au gouvernement. L'élu RN pourrait être sanctionné dès vendredi par le bureau de l'Assemblée nationale.
"Justifier l'injustifiable"
Ces propos ont fait réagir au plus haut sommet de l'État. Emmanuel Macron s'est dit "heurté" par des "mots intolérables", selon son entourage.
Grégoire de Fournas, soutenu par son groupe, a admis devant la presse avoir prononcé la phrase "Qu'il retourne en Afrique" mais le député de Gironde a catégoriquement nié tout caractère raciste, parlant d'une "manipulation de LFI" visant à lui prêter des "propos dégueulasses" et disant avoir voulu viser le bateau de migrants SOS Méditerranée.
Quand le député de LFI parlait du bateau SOS Méditerranée qui ne parvenait pas à accoster sur les côtes européennes, j'ai répondu 'qu'il retourne en Afrique'. Qu'il, le bateau, retourne en Afrique", a-t-il assuré.
Les élus RN "tordent les mots pour justifier l'injustifiable", a estimé Carlos Martens Bilongo, élu du Val-d'Oise, "tellement triste" d'être "renvoyé à sa couleur de peau".
"Cela aurait-il été plus acceptable" que les propos du RN soient adressés "aux réfugiés du bateau de SOS Méditerranée en situation critique ?", s'est-il interrogé dans un communiqué après les justifications avancées par le RN. Un rassemblement en soutien au député insoumis sera organisé par LFI aux abords du Palais Bourbon vendredi à 13 h 00.
"Aujourd'hui, l'extrême droite a montré son vrai visage", a estimé Mathilde Panot, la présidente du groupe insoumis à l'Assemblée. "Nous allons demander la sanction la plus forte, l'expulsion pour plusieurs mois" de ce député. Le patron de LFI Jean-Luc Mélenchon a réclamé sur Twitter la "déchéance et l'exclusion de l'injurieur".
Avec AFP