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Journaliste placée en garde à vue : "on a franchi un nouveau cap", une source mise en examen

La journaliste de Disclose, Ariane Lavrilleux, autrice d'une enquête sur un programme de renseignement français en Egypte, qui a passé 40 heures, s'est indignée jeudi qu'un "nouveau cap" ait été franchi contre la liberté d'informer. Un ex-militaire, que la justice soupçonne d'être l'une des sources d'Ariane Lavrilleux a été mis en examen pour détournement et divulgation du secret de défense nationale. Ariane Lavrilleux, journaliste de Disclose, lors d'une conférence de presse, le 21 septembre 2023 à Paris La journaliste de Disclose autrice d'une enquête sur un programme de renseignement français en Egypte, qui a passé 40 heures en garde à vue, s'est indignée jeudi 21 septembre qu'un "nouveau cap" ait été franchi contre la liberté d'informer, dénonçant un "détournement des services de la justice". "Si on ne protège pas les sources, c'est la fin du journalisme", a insisté Ariane Lavrilleux lors d'une conférence de presse organisée dans les locaux de reporters Sans Frontières (RSF) à Paris. La journaliste d'investigation a raconté comment, mardi à 6h00, "neuf agents des renseignements et des magistrats d'ordinaire en charge de la lutte antiterroriste ont débarqué" chez elle à Marseille, avec des valises de "logiciels de cybersurveillance" "pour aspirer les données" de ses téléphones, ordinateurs, clé USB. "Une juge d'instruction était présente sur place", et Mme Lavrilleux a appris à cette occasion qu'elle "était placée sous surveillance depuis un certain temps", se sentant alors traitée comme une "délinquante". "D'ordinaire, ils sont là pour traquer des attentats. Pendant des mois, ces cerveaux brillants ont été mobilisés pour traquer une journaliste, ses sources (...) C'est une violation extrême de la liberté d'informer et de la protection de sources journalistiques", a-t-elle répété. "Omerta" autour des ventes d'armes Lors de ses auditions au commissariat, elle a invoqué son "droit au silence", quand les agents lui demandaient "depuis quand" elle travaillait pour Disclose, essayant "de savoir comment on a pu avoir des infos +confidentiel défense+" Pour elle, cette "arrestation après des attaques qui se multiplient ces dernières années, essentiellement sous la présidence d'Emmanuel Macron", contre la liberté de la presse, montre qu'"on a franchi un nouveau cap". "On ne peut pas faire n'importe quoi au nom de la défense nationale. Justement parce qu'on n'est pas en Égypte", a-t-elle jugé. Selon elle, son arrestation a "montré qu'on dérange et qu'on est nécessaire pour que l'omerta des ventes d'armes aux dictatures cesse". Un ex-militaire mis en examen Disclose avait affirmé dans un article publié en novembre 2021 que la mission de renseignement française "Sirli", débutée en février 2016 au profit de l'Egypte au nom de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l'Etat égyptien qui se servait des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés, à la frontière égypto-libyenne. À la suite de cette publication, le ministère français des Armées avait porté plainte pour "violation du secret de la Défense nationale". Une enquête préliminaire avait été ouverte en novembre 2021 avant qu'une juge d'instruction ne soit désignée à l'été 2022. Un ex-militaire, que la justice semble considérer comme une des sources d'articles publiés par le média Disclose, a été mis en examen jeudi pour détournement et divulgation du secret de défense nationale par son dépositaire, deux infractions passibles de 7 ans d'emprisonnement et un million d'euros d'amende. Il a été placé sous contrôle judiciaire, a précisé le ministère public.

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