Joe Biden persiste sur les plans de relance pour sortir de la crise économique
Le président américain, Joe Biden, lors d'un discours sur les chiffres du chômage aux États-Unis, à Washington, le 7 mai 2021.
Selon le président américain, les États-Unis ne sont pas encore sortis de la crise. Joe Biden a de nouveau plaidé, vendredi, en faveur de ses gigantesques plans d'investissements pour relancer l'emploi, l'euphorie attendue n'ayant pas eu lieu en avril, malgré la reprise de l'économie.
Le "chemin" est encore "long", a averti Joe Biden. Selon le président américain, le pays n'est pas encore tiré de la crise économique due à la pandémie de Covid-19 et a besoin des gigantesques plans d'investissements qu'il a annoncés pour y relancer l'emploi, a-t-il plaidé vendredi 7 mai.
"Nous sommes encore en train de sortir d'un effondrement économique", a réagi Joe Biden depuis la Maison Blanche. "Clairement, nous avons encore un long chemin à parcourir", a-t-il ajouté, relevant que le pays comptait "8 millions d'emplois de moins qu'avant la pandémie".
Seulement 266 000 emplois ont été créés en avril, très loin du million attendu. Le taux de chômage est même remonté pour la première fois en près d'un an, à 6,1 % (+0,1 point), a annoncé le département du Travail.
Par conséquent, cela "montre que les actions que nous prenons sont vitales. (...) Nos efforts commencent à porter. Mais la pente est raide", a averti le président américain.
Joe Biden défend depuis des mois la nécessité d'investir au cours de la prochaine décennie près de 4 000 milliards de dollars - dont plus de 2 000 milliards dans les infrastructures - pour créer des emplois, notamment pour les travailleurs les moins qualifiés.
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"Pourquoi prendre un emploi aujourd'hui ?"
L'opposition républicaine a, elle, immédiatement vu dans ces chiffres de l'emploi un échec de la politique du président américain.
C'est "un message clair pour dire que les mesures politiques de Joe Biden ne fonctionnent pas", a ainsi commenté le groupe des sénateurs républicains sur leur compte Twitter.
Pour eux, la raison est à chercher du côté des allocations chômage, dont la durée a été étendue jusqu'à fin août et le montant relevé de 300 dollars par semaine. Cela "pousse plus les gens à rester chez eux que de travailler", ont-ils vilipendé.
Beaucoup d'employeurs disent ainsi peiner à trouver des candidats, malgré les 16 millions de chômeurs et travailleurs indépendants qui percevaient toujours une allocation chômage mi-avril.
La peur de contracter le Covid-19 reste présente et les difficultés de garde d'enfants persistent tant que les écoles ne sont pas entièrement rouvertes. Et de nombreux chômeurs profitent des aides pour prendre leur temps et trouver un emploi plus satisfaisant, à la recherche d'un poste permettant le télétravail selon les économistes.
Les employeurs tentent d'attirer des recrues avec des salaires plus élevés. La hausse, dans le secteur privé, a été de 3 % au premier trimestre par rapport au 1er trimestre 2020, selon les chiffres du département du Travail.
L'État du Montana (nord-ouest) offre lui 1 200 dollars aux chômeurs qui acceptent un emploi.
Les allocations chômage étendues "devraient expirer en septembre, mais peut-être que les gens pensent que les emplois seront tout aussi faciles à trouver que maintenant, alors pourquoi prendre un emploi aujourd'hui ?", note Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics.
Il se dit cependant "convaincu que la demande de main-d'œuvre devrait encore augmenter au cours des prochains mois".
Les loisirs reprennent vie
Car l'activité économique américaine sort progressivement de son sommeil, et de nombreux économistes arguent que les données sont très volatiles d'un mois sur l'autre.
"Cet étrange rapport sur l'emploi n'est pas un indicateur fiable de l'état du marché du travail", souligne ainsi l'économiste Joel Naroff dans une note.
Près d'un Américain sur trois est désormais entièrement vacciné, et les porte-monnaie de nombreux ménages sont bien remplis grâce aux aides versées par le gouvernement et après une année sans abonnement en salle de sport, ni voyages à l'autre bout du monde.
Les entreprises des secteurs de l'hôtellerie, des loisirs, des services, qui avaient été terrassées par la pandémie, reprennent vie à mesure notamment que les Américains se font vacciner : ces secteurs ont créé 375 000 emplois à eux seuls le mois passé.
Mais ces gains ont été partiellement effacés par les pertes enregistrées dans les services aux entreprises, alors que le retour au bureau n'est pas encore d'actualité pour de nombreux cols blancs.
Plus de 22 millions d'emplois avaient été détruits en mars et avril 2020, sous l'effet des premières mesures de confinement, dont quelque 8 millions qui n'ont toujours pas été recréés.
Le taux de chômage, lui, était passé en deux mois de son plus bas niveau en 50 ans (3,5 % en février) à un plus haut depuis la Grande dépression des années 30 (14,8 % en avril).
La Banque centrale américaine table un taux de chômage de 4,5 % à la fin de l'année.
Avec AFP