Incidents au Stade de France : "L'organisation n'a pas été à la hauteur du défi qu'il fallait relever", estime Marie-George Buffet
Marie-George Buffet, députée communiste de Seine-Saint-Denis et ancienne ministre des Sports, note un "changement de ton" au lendemain du mea culpa du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin et appelle à "réfléchir" à "comment éviter ce fiasco" dans la perspective des Jeux olympiques de 2024.
"L'organisation n'a pas été à la hauteur du défi qu'il fallait relever", s'est indignée Marie-George Buffet, députée communiste de Seine-Saint-Denis et ancienne ministre des Sports, invitée ce jeudi sur franceinfo. Elle réagissait aux incidents qui ont eu lieu samedi lors de la finale de la Ligue des champions, au Stade de France, au lendemain du mea culpa du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. "Je note un changement de ton", a-t-elle reconnu, tout en appelant à "réfléchir" à "comment éviter ce fiasco" dans la perspective des Jeux olympiques de 2024.
franceinfo : Gérald Darmanin a reconnu que "les choses auraient pu être mieux organisées" tout en "regrettant" les débordements, que pensez-vous de sa réaction ?
Marie-George Buffet : Je note un changement de ton. Au lieu de se précipiter à faire des déclarations après les incidents, il faut d'abord se poser. On a vu des scènes avec des enfants qui pleuraient, effrayés par la violence autour d'eux, alors qu'on parle d'un match de foot, un moment de bonheur. L'image qu'on donne au niveau international est désastreuse. Réfléchissons à comment on aurait pu éviter ce fiasco qui a eu lieu avec cette finale de la ligue des Champions.
Sur les chiffres, le ministre de l'Intérieur maintient sa version, 30 000 personnes munies de faux billets. Vous êtes convaincue sur ce point ?
Je ne sais pas d'où il tire ses chiffres mais ce qui est certain c'est que d'après les infos que j'ai entendues, les Britanniques avaient prévenus les services français qu'il y avait un problème de faux billets et on n'a pas mis en place une organisation permettant de répondre à ce défi. L'organisation n'a pas été à la hauteur du défi qu'il fallait relever alors qu'on était informé.
Que fallait-il faire ?
Il fallait beaucoup plus de personnel pour éviter que la foule ne se concentre contre les grilles d'entrées dans le stade. On a vu des images inquiétantes, y compris pour les stadiers, parce qu'ils étaient débordés. Ils ne pouvaient pas faire face à l'énervement d'un certain nombre de supporters qui avaient leurs billets et qui ne pouvaient pas rentrer. Peut-être qu'il fallait que les forces de l'ordre appellent au calme, plutôt que d'employer aussi rapidement les gaz lacrymogènes, parce que ce ne sont pas les forces de l'ordre qui posent problème, ce sont les missions qu'on leur donne, notamment en Ile-de-France, sous l'égide du préfet Lallement. Il faut peut-être revisiter le contenu de leurs missions.
Concernant les vols dont ont été victimes des supporters avant et après la rencontre, que dites-vous ?
Les premiers éléments que nous avons, montrent que les auteurs de ces violences ne sont pas spécialement des enfants de la Seine-Saint-Denis. J'ai entendu un dirigeant du Rassemblement national dire que la Seine-Saint-Denis n'était pas la France, n'était pas la République. Ce regard sur le département est particulièrement méprisant, déplacé, et je le regrette. La Seine-Saint-Denis, c'est la France, c'est la République, et c'est même un potentiel par ses compétences et sa jeunesse. La Seine-Saint-Denis va accueillir, comme Paris, les JO-2024 et je suis certaine que la population du département saura accueillir ces jeux avec beaucoup d'humanité et de joie. Ce discours d'extrême droite à l'encontre du département est révoltant.
Vous n'avez pas peur que cela se reproduise lors des JO ?
J'espère surtout que les moyens mis en place pour enquêter et tirer tous les enseignements de ce qu'il s'est passé nous permettront d'y voir clair et surtout que cela permettra lors de prochaines manifestations sportives d'avoir les bonnes solutions pour éviter ces débordements. Allons au bout des enquêtes pour être mieux armé pour affronter toute volonté de violence ou tout débordement lors des JO.