Incendies : "Nous devons impérativement avoir des Canadair à proximité", réclame le président du Conseil départemental de Gironde
Pour ne pas être dépassé par le changement climatique, Jean-Luc Gleyze réclame "une véritable stratégie internationale européenne de défense contre les incendies".
"Il faut plus de Canadair" car "Ces incendies seront plus fréquents" et "plus violents", a estimé Jean-Luc Gleyze, président socialiste du Conseil départemental de Gironde et président du Sdis 33, le mercredi 20 juillet sur franceinfo. Près de 20 600 hectares de forêt sont partis en fumée et près de 36 750 personnes ont été évacuée à cause des incendies en Gironde. Avec Xavier Fortinon le président du département des Landes, il a publié ce mardi dans Le Figaro une lettre ouverte à Emmanuel Macron dans laquelle ils appellent à revoir l'organisation de la Sécurité civile.
franceinfo : Pourquoi avoir interpellé le président de la République ?
Jean-Luc Gleyze : Le changement climatique aujourd'hui nous oblige à considérer que ces incendies seront plus fréquents et qu'ils seront plus violents. Les pompiers ont effectué un travail absolument extraordinaire. Je les ai vus devant des murs de feux, des visions d'enfer et ils étaient extrêmement courageux. La préfète a fait énormément de travail avec les sous-préfets pour faire en sorte d'obtenir un maximum de flottes aériennes. Mais ça n'est pas suffisant en termes de réponse. Il faut que nous ayons des Canadair présents ici dans le plus grand massif de résineux d'Europe, qui représente un million d'hectares. Nous devons impérativement les avoir à proximité parce que ce sont les dix premières minutes qui sont déterminantes.
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Les Canadair de Nîmes ne suffisent pas ?
Cela ne suffit pas. S'il y a ne serait-ce qu'un décalage d'une heure, c'est trop tard. Pour bien traiter un feu, c'est un peu comme une crise cardiaque. Il faut immédiatement agir sinon la personne décède. Pour un feu, si on ne le traite pas à feu naissant, il prend très vite de l'ampleur.
Là, toutes les conditions étaient réunies : la canicule, la sécheresse de la végétation, très peu d'humidité et des vents tournants. Il aurait fallu que les Canadair soient présents à proximité pour qu'ils puissent intervenir dans les dix minutes. Ils ont été détournés de ces deux grands incendies pour traiter d'autres départs de feu dans le nord des Landes ou dans le nord de la Gironde, et systématiquement ces feux ont été éteints. Ça veut dire que la proximité des Canadair était essentielle et c'est ce que nous revendiquons avec le président des Landes.
Cela veut dire qu'il faut plus de Canadair ?
Oui, il faut plus de Canadair. Vous avez deux Canadair en permanence en Corse qui attendent parce que c'est une île et qu'elle a besoin d'avoir des Canadair sur place. Nous disons que le massif des Landes de Gascogne en a besoin aussi. Le Sud-Est, bien évidemment aussi. L'idée, ce n'est pas de déshabiller les uns ou les autres.
On voit bien que la ligne aujourd'hui des incendies majeurs est en train de monter vers le nord dans notre pays. Il faut la prendre en compte au niveau européen, même au-delà de la France, c'est-à-dire le Portugal, l'Espagne, l'Italie ou la Grèce sont concernés. Il faut une véritable stratégie européenne de défense contre les incendies. Sinon, nous nous ferons systématiquement dépasser avec le changement climatique.
Faut-il donner plus de moyens à l'Office national des forêts (ONF) ?
La question de la gestion des forêts est assez fondamentale. Nous avons eu deux cas en Gironde très différents, entre une forêt usagère, une petite Amazonie girondine, et le feu de Landiras qui est dans une forêt exploitée. Ce qu'il faut impérativement, c'est que la manière d'organiser, de structurer la gestion de la forêt doit être retravaillée également avec les sylviculteurs, avec la Défense de la forêt française contre les incendies (DFCI) et avec l'ONF.
Mais l'ONF manque de moyens...
Oui, mais quand je vois ce que vont coûter ces incendies. Ils vont coûter des millions d'euros, au bout du compte, je pense qu'il vaut mieux, à titre préventif, les consacrer à toutes les actions qui sont mises en œuvre en amont plutôt que de considérer qu'il faut ensuite payer tous les dégâts qu'ont commis ces incendies.