Incendies aux Etats-Unis : "Un phénomène qui s’aggrave", alerte le fondateur de Pompiers de l’urgence internationale
L’ouest des Etats-Unis, et notamment le nord de la Californie, est en proie à de violents incendies. Treize Etats sont désormais touchés et plus d’un million d’hectares ont été détruits depuis le début de la saison. Un phénomène qui a désormais lieu "tous les ans" mais "qui s’aggrave", alerte le colonel Philippe Besson, jeudi 29 juillet sur franceinfo. Selon le président-fondateur de Pompiers de l’urgence internationale (PUI), une ONG qui déploie ses moyens sur ce type de catastrophe, "on est en plein dans le réchauffement climatique" donc "il faut prendre des mesures". D’autant que, si la France est pour le moment à l’abri de ce type d’événements, "tout peut vite basculer".
franceinfo : On entend dire qu’aux Etats-Unis, le feu est tel qu'il génère son propre climat. Qu’est-ce que cela signifie ?
Colonel Philippe Besson : Oui, il s'agit de pyrocumulus, c'est-à-dire qu’au-dessus du dégagement de chaleur dû à l'incendie de forêt se forment des nuages orageux qui vont engendrer des orages et des vents violents. Ces orages sont souvent secs, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de pluie, et la foudre peut provoquer à nouveau d'autres incendies et donc aggraver la situation sur place. Parfois, plusieurs feux peuvent également se rejoindre pour faire des méga incendies. Et puis il y a d'autres raisons qui expliquent cette situation, notamment les zones boisées, très étendues aux Etats-Unis et qui sont parfois peu entretenues, ou encore l'urbanisation galopante, en Californie par exemple ils sont maintenant 40 millions d'habitants, c'est considérable. Parfois, des lignes électriques installées dans la forêt déclenchent aussi des incendies. Donc il faut peut-être envisager d'enterrer toutes ces lignes électriques et éviter, comme l’an dernier, que des incendies se déclenchent encore à cause de cela. Je pense que c'est un phénomène plus fréquent qu'avant et il faut se rendre compte que les années se suivent et se ressemblent. Tous les ans, ce sont les mêmes phénomènes qui s'aggravent. On est en plein dans le réchauffement climatique. Je crois que maintenant, il ne faut plus avoir peur des mots.
Les pompiers parviennent-ils à améliorer leur technique, avec l'expérience des années passées ?
Je crois qu'ils s'améliorent d'année en année. Les Américains sont extrêmement développés en outils, en moyens, en tactiques, en méthodes. En France, nous sommes intégrés dans un programme international pour faire appel à l'intelligence artificielle, pour essayer justement d'avoir des références par rapport à d'autres incendies du même type et avoir de bonnes méthodes pour lutter contre ces incendies. Mais il faut quand même qu'ils prennent conscience que le réchauffement climatique, on y est ! Donc il faut prendre des mesures.
En France, sommes-nous à l’abri de ce type de phénomène ?
Provisoirement, peut-être. C'est vrai qu’on a connu un été qui ressemble plus à un automne, mais c'est provisoire. Et tout peut vite basculer. Et il faut quand même savoir que de plus en plus de feux de végétation se produisent en direction du nord de la France. Ce sont des incendies qu'on ne voyait pas dans les régions, par exemple, du Loiret ou dans d'autres départements en région parisienne, et qui commencent maintenant à se développer. C'est un phénomène nouveau qui doit être pris en compte par la communauté internationale.