Incendie de Lubrizol : deux ans après, les riverains se remettent encore de leur traumatisme
Incendie de Lubrizol : deux ans après les riverains moins traumatisés
A quelques centaines de mètres de l'usine Lubrizol de Rouen (Seine-Maritime) se trouvent des habitations. Deux ans après, ces voisins de l'incendie témoignent.
L'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen a marqué tout un quartier et il est longtemps resté au cœur des discussions entre riverains.
Rien d'étonnant quand on habite à quelques centaines de mètres de l'usine classée SEVESO et qu'on a pensé que sa dernière heure était arrivée…
Carole Legris fait partie de ces habitants qui vivent à côté de l'usine et elle n'a jamais oublié la nuit du 25 au 26 septembre 2019.
Un an après l'incendie, en 2020, elle déclarait à une équipe de reportage de la rédaction de France 3 Normandieêtre encore très marquée et avoir du mal à dormir. Mais à quelques jours du deuxième anniversaire de cet accident industriel majeur, le traumatisme de cette riveraine de Lubrizol s'est estompé :
"Comment ça va ? Globalement pas trop mal. Toujours ces problèmes de rhinites passagères en fonction des odeurs de pollution etc… Psychologiquement ? Moins perturbée qu'il y a un an ou deux ans. Mais toujours le réflexe, dès qu'il y a une explosion de se dire on écoute : on se dit c'est quoi ? Un pétard ? Une voiture? L'usine ?"
Envie de déménager pour s'éloigner de "quelque chose d'assez dangereux"
Après 40 ans passés dans le quartier, Carole Legris et son mari ont décidé de déménager à la campagne au printemps 2022. L'incendie de l'usine voisine a compté en partie dans ce choix.
Ils ne sont pas les seuls à vouloir partir. Xavier, envisage lui aussi de pouvoir un jour s'éloigner de l'usine :
"On a un projet de déménagement dès que possible parce que c'est vrai que de vivre à côté de quelque chose qui est assez dangereux, c'est pas très réconfortant. On a quand même les enfants, donc c'est compliqué…"
Des habitants conscients des risques
Dans ce quartier proche de l'usine Lubrizol, à côté de ceux qui ne sont pas rassurés, il y a les nouveaux arrivants. C'est le cas de Valentin. Avec sa compagne il a emménagé trois mois après l'incendie. Un choix assumé par le couple :
"Cela ne nous a pas empêché de venir habiter ici. Cela ne nous a pas fait peur. Parce que du coup nous étions pile entre nos deux lieux de travail, donc c'était parfait."
Dans ce quartier de Petit-Quevilly, certains ont saisi la Justice en espérant un jour être dédommagés pour le choc subi. Mais on trouve aussi beaucoup de personnes qui ne veulent pas "taper sur Lubrizol" : des hommes et des femmes qui rappellent que l'usine était là avant eux et qu'elle fait vivre beaucoup de familles.
C'est l'opinion de Chantal :
"Dans la mesure où on est dans un pays industriel, bah oui, ça arrive ! Les accidents arrivent ! Qu'est-ce que vous voulez y faire ? Après on déménage…"
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Des riverains pris en considération
Depuis l'accident, Lubrizol joue la communication auprès des riverains, ses voisins, histoire de montrer qu'elle les prend en considération. Exemple avec Chantal qui montre la lettre qu'elle a reçue, envoyée par Lubrizol :
"Au cas où j'aurais des problèmes, on me dit de téléphoner à un numéro vert. Jusqu'à maintenant on s'en est pas servi mais je l'ai sous la main."
Une écoute mise en place par l'entreprise voisine, mais aussi par la mairie de Petit-Quevilly et la Métropole-Rouen-Normandie. Les deux collectivités ont lancé un arsenal de mesures pour permette à chacun d'être prêt en cas d'accident industriel.
Des mesures qui rassurent Carole :
"On a pu s'inscrire sur des sites à la mairie pour l'alerte de risque chimique, il y a des sirènes qui sont testées régulièrement, on a des papiers d'infos dans les boîtes à lettres. Est-ce que ça marche à 100% ? Jusqu'alors on n'a pas pu vraiment le tester, mais tout cela ça a été mis en place sur une année et effectivement, maintenant tous les nouveaux habitants sont prévenus."
Ces opérations de communication rassurantes laissent à penser que tout est dorénavant mieux maîtrisé. Même si le danger potentiel des usines SEVESO est toujours présent.
► Article publié à partir de la transcription de la vidéo du reportage de Stéphane Gérain