France : la sculpture en hommage au héros algérien Abdelkader vandalisée
La sculpture représentant l'émir Abdelkader a été vandalisée juste avant son inauguration, le 5 février 2022.
Une sculpture en hommage à l'émir Abdelkader a été vandalisée avant son inauguration samedi à Amboise (Indre-et-Loire). Cette œuvre avait été proposée par l'historien Benjamin Stora dans son rapport sur "Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie", remis à Emmanuel Macron en janvier 2021.
"Indignation", "honte", "lâcheté". Les réactions et condamnations se sont multipliées en France, samedi 5 janvier, après la dégradation d'une sculpture en hommage à l'émir Abdelkader, juste avant son inauguration à Amboise, en Indre-et-Loire. C'est dans cette ville que ce héros national algérien a été détenu de 1848 à 1852.
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Peu avant la cérémonie prévue à 11 h, les passants et la centaine de personnes présentes ont découvert que l'œuvre, intitulée "Passage Abdelkader", signée de l'artiste tourangeau Michel Audiard et représentant l'émir découpé dans une feuille d'acier rouillé, avait été largement dégradée dans la partie basse de la structure.
"L'œuvre était en parfait état depuis sa mise en place il y a dix jours. La police municipale a constaté ce matin, un peu après 8 h, les dégradations. Il n'y a pas de revendication", a indiqué à l'AFP le chef d'escadron de la gendarmerie, Hugues Loyez.
"Comportement inqualifiable"
Le procureur de Tours, Grégoire Dulin, a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "dégradation grave de bien destiné à l'utilité publique et appartenant à une personne publique".
"Rappelons-nous ce qui nous unit. La République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. Elle n'oubliera aucune de ses œuvres. Elle ne déboulonnera pas de statues", a condamné Emmanuel Macron dans une réaction transmise à l'AFP.
Si l'inauguration de la stèle a été maintenue, le maire d'Amboise, Thierry Boutard (DVD), a fait part de son "indignation". "J'ai eu honte qu'on traite une œuvre d'art et un artiste de cette sorte. Le deuxième sentiment est bien sûr l'indignation. C'est une journée de concorde qui doit rassembler et un tel comportement est inqualifiable", a-t-il dit à l'AFP.
"C'est une période politiquement tendue ou que certains se plaisent à tendre. (...) Nous résisterons contre ces propos calomnieux, ces actes inqualifiables, souvent teintés d'intolérance et de racisme", a-t-il ajouté.
L'œuvre sera restaurée
L'artiste Michel Audiard a confié sa peine de voir son œuvre en partie détruite. "C'est réellement un saccage prémédité. Il faut une disqueuse, il faut couper, il faut tordre. C'est un acte de lâcheté (...), ce n'est pas signé, c'est gratuit. On était là pour fêter un personnage emblématique dans la tolérance et là, c'est un acte intolérant. Je suis atterré", a-t-il lâché.
Le maire a également indiqué que l'œuvre serait "restaurée et refaite". L'artiste l'a estimé possible d'ici un mois.
L'ambassadeur d'Algérie en France, Mohamed Antar Daoud, a dénoncé de son côté "un acte de vandalisme d'une bassesse inqualifiable". "Il faut dépasser cela (...). Le rapprochement franco-algérien continue. Il y a une dynamique, une volonté de part et d'autre d'aller de l'avant."
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L'historien Benjamin Stora a dénoncé "l'obscurantisme et l'ignorance" de ceux qui ont vandalisé l'œuvre. "L'émir Abdelkader a eu plusieurs vies. Il a combattu la France bien sûr mais il a été aussi un ami de la France. Ceux qui ont fait ce geste ne connaissent rien à l'histoire de France, ce sont des analphabètes, des incultes qui ne savent pas ce qu'a été l'émir", a-t-il regretté.
Avec AFP