France : l'exécutif favorable au maintien des élections régionales en juin
Après plusieurs semaines de suspense, l'exécutif a fini par trancher : le Premier ministre défendra mardi et mercredi au Parlement le maintien des élections locales en juin, mais avec un possible décalage d'une semaine.
Jean Castex défendra le maintien en juin des élections départementales et régionales à l'occasion d'un débat devant le Parlement, mardi 13 et mercredi 14 avril, après avoir laissé planer le doute avec une consultation controversée menée directement auprès des maires sur fond d'épidémie de Covid-19.
Le Premier ministre s'exprimera à l'occasion de débats suivis de votes consultatifs à l'Assemblée mardi et au Sénat mercredi. Jean Castex avait indiqué la semaine dernière qu'il privilégiait "à ce stade" le maintien des deux scrutins au 13 et 20 juin. Mais il pourrait aujourd’hui proposer de les décaler d’une semaine, aux 20 et 27 juin, a déclaré mardi matin le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, sur RTL.
En demandant directement aux maires de répondre via les préfets avant lundi midi par "oui" ou "non" à la question de savoir si les conditions préconisées par le Comité scientifique leur semblaient réunies pour tenir les élections, le gouvernement a semé le trouble. Il s'est attiré les foudres des associations d'élus et de l'opposition, qui l'ont soupçonné de vouloir reporter des élections a priori défavorables pour la majorité.
D'autant que l'Association des maires de France (AMF), l'Assemblée des départements de France (ADF) et Régions de France s'étaient déjà prononcées pour le maintien des scrutins, dans un courrier, daté de jeudi, adressé à l'exécutif.
Une majorité (56 %) de maires directement consultés se sont prononcés pour le maintien des scrutins. Au total, environ deux-tiers (69 %) d'entre eux ont répondu. L'AMF, dirigée par l'ex-ministre François Baroin et considéré par certains comme présidentiable à droite, s'est immédiatement félicitée que les élus "conformément à l'avis formulé par ses instances représentatives (...) aient manifesté leur volonté que le calendrier électoral soit respecté" et "su placer l'intérêt général au-dessus de toute considération politique".
Vives critiques contre les atermoiements du gouvernement
Ces atermoiements sont aussi la conséquences de la clause de revoyure prévue dans la loi approuvée cet hiver, qui devait se baser sur un avis du Conseil scientifique. Celui-ci ne s'est finalement pas prononcé sur un éventuel report, laissant début avril la responsabilité à l'exécutif.
Or, selon une source parlementaire, "LREM est partagée sur le sujet", entre le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, d'une part, et Stanislas Guerini, le délégué général du parti, et Christophe Castaner, chef de file des députés, qui sont "officiellement" pour le maintien. "Macron, en sous-main, est pour le report", selon cette source.
Certaines considéraient comme "un aveu" la lettre adressée la semaine dernière à Jean Castex par le président (LREM) de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, dans laquelle il craignait que "l'absence d'une campagne électorale (...) accroisse encore ce qu'il est convenu d'appeler la 'prime au sortant’".
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Du côté de l'opposition, les critiques ont fusé, principalement chez les Républicains qui président plusieurs régions et comptent se servir du scrutin comme tremplin pour l'Élysée.
"C'est comme si on envoyait au maire une sorte de sondage pour leur demander si les Français devaient payer leurs impôts", a ironisé l'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy sur Sud Radio.
"On ne va pas nous faire la différence entre les élections essentielles et celles qui ne le sont pas", a martelé sur BFM-TV et RMC, Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et candidat pour 2022, qui a dit quitter la vie politique s'il était battu aux régionales.
Le débat annoncé au Parlement au dernier moment a également suscité des critiques : "C'est à 16 h 27 par SMS, puis 16 h 43 par un courrier du cabinet du Premier ministre que nous avons appris officiellement la tenue d'un débat 50-1 (...) Au bout du compte, le gouvernement est le seul décideur du maintien ou pas des élections, il ne doit pas se défausser", a résumé la sénatrice communiste Éliane Assassi.
Avec AFP