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France Identité : nous avons testé l’application officielle en avant-première

Enfin ! Après plusieurs échecs, la France semble avoir trouvé la solution, à la fois simple et hautement sécurisée, pour transposer dans le monde numérique, la confiance qu'inspire déjà la carte d’identité plastifiée dans la vie quotidienne. Au 12e étage d’un immeuble parisien, une équipe d’une dizaine de salariés prépare la sortie de France Identité, l’application officielle, qui permettra bientôt d’intégrer les données de sa carte d’identité dans son smartphone. En réalité, ils sont une soixantaine à intervenir, si on ajoute les développeurs externes et les deux entreprises partenaires, en ce qui concerne notamment la technologie sans contact. Plusieurs cartes d’identité au format carte de crédit – la seule à être compatible – sont posées sur le bureau. Elles servent à tester chaque nouveauté, chaque changement dans le code de l’application qui est entrée dans la phase active de son développement. 110.000 testeurs bientôt ? Ne la cherchez pas sur l’App Store d’Apple : la version pour iPhone, en version beta, n’arrivera que courant octobre. Et, comme pour la version Android qui, elle, est déjà visible sur le Play Store de Google, seuls les 2.500 premiers inscrits pourront effectivement l’utiliser. En clair, France Identité n’est encore ni finalisée, ni disponible pour tous – le déploiement officiel est prévu pour 2023 – mais plusieurs milliers de Français l’utilisent déjà, et font remonter leur expérience à l’équipe de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) qui utilise ces retours pour peaufiner l’application. À terme, ils pourraient être 10.000 sur iPhone et 100.000 sur Android : ce sont les limites de jauge dans chacun de ces deux environnements, pour les applications en test. Deux conditions pour utiliser l’application France Identité : une carte d’identité au format carte de crédit qui contient une puce sécurisée avec vos informations (nom, prénom, date de naissance, photo, etc) et un smartphone compatible avec la technologie NFC, autrement dit le “sans contact“. Si vous avez un iPhone, tous les modèles sont compatibles depuis l’iPhone 7 lancé en 2016. Côté Android, tous les téléphones capables de tourner sous Android 8 sont – en théorie – compatibles. Me voilà donc prêt, avec, dans une main, un iPhone avec la version beta de France Identité installée, et dans l’autre main, une carte d’identité format carte de crédit. Je lance l’application pour la première fois, et elle me propose aussitôt d’associer ma carte d’identité. Cette association à faire une fois pour toutes, prend moins de cinq minutes (sauf exception) et comporte trois étapes : le scan de la face avant, le transfert des données de la puce, et la création du code secret. Trois étapes pour associer sa carte Commençons par le scan de la face avant : cela revient à placer le recto de la carte d’identité – le côté avec la photo – devant l’objectif de l’appareil photo du smartphone, en faisant coïncider le contour de la carte avec un cadre tracé à l’écran. La reconnaissance de caractères est immédiate. Deuxième étape : le transfert des données, grâce au sans contact, à partir de la puce intégrée dans la carte d’identité physique. C’est l’étape qui ne peut pas être réalisée avec les cartes d’identité plastifiées "grand format" précédentes qui ne contiennent pas de puce. Concrètement, j’approche la carte d’identité "carte de crédit" de mon smartphone, et je viens la mettre en contact avec le haut de mon téléphone (où se trouve la puce NFC). Cette phase dure un peu plus longtemps qu’un paiement sans contact. Comptez cinq secondes avant de voir apparaitre une coche bleue à l’écran, avec cette confirmation : “lecture terminée“. La troisième étape consiste à créer et à enregistrer son code confidentiel. Cette étape nécessite de s'identifier. L’application propose deux options : soit se connecter via France Identité – vous utilisez peut-être déjà ce service avec le site des impôts ou ameli, le site de l’assurance maladie – soit demander la visite d’un facteur qui se présentera à votre domicile pour certifier que vous êtes bien la personne qui correspond à la carte d’identité. La méthode peut surprendre à l’ère du tout numérique – d’autant plus qu’elle n’est pas immédiate - mais elle rassurera peut-être les utilisateurs qui ne sont pas nés avec Internet. Dans mon cas, la vérification de mon identité via France Identité – que j’utilise déjà – me convient parfaitement. Elle suppose donc de m’identifier comme je le fais quand je me connecte, par exemple, au site des impôts. Me voici donc identifié dans l’application France Identité pour créer et enregistrer mon code secret à six chiffres. Je colle à nouveau la carte au smartphone : le code est transféré du téléphone vers la puce de la carte où il restera stocké. L’association de ma carte d’identité est terminée. Justificatif d'identité sécurisé Et maintenant ? Quelles sont les possibilités ? À terme, France Identité permettra de choisir les données à communiquer. Par exemple, uniquement votre nom ou votre date de naissance, sans divulguer le reste. Une divulgation sélective, “à la carte“. En attendant, au lancement, le premier service proposé, c’est un justificatif d’identité infalsifiable et à usage unique : un document PDF sécurisé et signé par les autorités, que vous pouvez envoyer ou fournir, pour ouvrir un compte bancaire ou louer un appartement, par exemple. L’objectif, c’est d’augmenter la sécurité et la confiance et d’éviter les fraudes et les usurpations d’identité liées à l’utilisation de simples photocopies invérifiables d’une carte d’identité. À terme, France Identité pourrait notamment servir à obtenir une procuration de vote avant une élection, sans avoir besoin de se déplacer au commissariat de police ou à la gendarmerie. Sachez quand même que pour les démarches les plus sensibles, vous aurez à nouveau besoin de rapprocher la carte physiquement du téléphone et de taper votre code secret. Pourquoi ? Pour prouver que c’est bien vous qui êtes à la manœuvre. À partir du mois de novembre, France Identité deviendra un fournisseur d’identité supplémentaire dans France Connect. Elle deviendra donc un moyen d’identification supplémentaire pour se connecter aux services référencés. On le comprend : cette nouvelle application est appelée à devenir l’équivalent numérique de la carte d’identité physique (dont on continuera néanmoins à avoir souvent besoin). Elle a notamment besoin de gagner la confiance des Français. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’application fonctionne en mode décentralisé : aucune information ne transite via Internet. La base de données, c’est votre carte d’identité qui fait office de cold storage (“stockage froid“), selon la terminologie propre aux crypto-monnaies. Les interactions se limitent aux échanges entre la carte physique et le téléphone : “Ce n’est pas Big Brother. Ce n’est pas l’État qui impose quelque chose, explique Anne-Gaëlle Baudouin, directrice de l’Agence nationale des titres sécurisées (ANTS) qui dirige le projet. On a besoin d’acquérir cette confiance et un besoin aussi d’avoir la confiance sur le fait que notre application soit ergonomique, facile à utiliser. Après, les usages - et ils sont très nombreux - vont venir, et je sais que c'est aussi très attendu de beaucoup d’entre nous“. Prochain objectif : le passeport Question : l’application France Identité pourrait-elle, par exemple, servir à prouver la majorité d’un utilisateur de sites pornographiques alors que l’ARCOM a mis en demeure les cinq principaux sites pour adultes, accessibles en France ? “Ce n’est pas dans notre feuille de route, répond Anne-Gaëlle Baudouin. Notre objectif, c’est de permettre à nos concitoyens de justifier de leur identité de façon sécurisée. Ce n’est pas de faire un outil de contrôle d’accès aux sites Internet“. Est-ce que l’appli pourra intégrer d’autres documents officiels ? Pas le permis de conduire en tant que tel, parce qu’il ne contient pas de puce mais un “droit à conduire“ pourrait, un jour, être intégré au téléphone. En revanche, dans le prolongement de la carte d’identité, l’équipe travaille sur une extension au passeport – qui contient déjà une puce – et aux titres de séjour, à condition de lever un certain nombre de freins techniques et juridiques : “c’est vraiment un nouveau service public que nous construisons“, conclut Anne-Gaëlle Baudouin.

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