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Football : le coming-out de Pauline Peyraud-Magnin, un acte "normal" mais pionnier

Pauline Peyraud-Magnin est la première footballeuse internationale française en activité à avoir rendu publique son homosexualité. Sept mois après, elle revient sur les conséquences de cette annonce qui s'est naturellement imposée pour cette jeune femme partie jouer à Madrid. L'été 2020 a été mouvementé pour la gardienne Pauline Peyraud-Magnin, qui a posé ses valises en juillet dans le club de l'Atlético Madrid, dont elle devrait garder les buts dimanche 14 mars pour le derby madrilène de Liga féminine face au Real. Quelques semaines après son arrivée dans la capitale espagnole, la joueuse de 28 ans, en provenance du Arsenal FC, décide de révéler publiquement son homosexualité en publiant sur Instagram des clichés d'elle et de sa compagne, Camille Nell, avec qui elle partage sa vie depuis plus d'un an. Cette photo, "je l'ai postée comme ça, c'était assez soudain. On ne s'est pas dit : 'On va faire ça pour avoir toutes ces retombées derrière'. Ça n'a jamais été l'objectif", explique la gardienne, qui compte 12 sélections chez les Bleues. "On était à Madrid...", souligne Pauline Peyraud-Magnin. "On se trouvait super jolies", ajoute sa compagne. "Pour moi, c'était normal de poster une photo sur mon compte. Je n'avais pas vu l'impact que ça aurait", poursuit la joueuse de l'Atlético. Elle ne s'attendait pas à autant de réactions : les messages de félicitations et les sollicitations médiatiques se mettent à pleuvoir car elle est la première joueuse internationale française à révéler son homosexualité au grand public pendant sa carrière. "On a lu les messages ensemble. Il y en a eu plein. De beaux messages. Des messages durs, aussi. Pas négatifs, mais durs à entendre, à lire. Notamment une jeune fille en Amérique du Sud qui disait que c'était très compliqué de vivre son homosexualité là-bas. À ce moment-là, on se dit qu'on a de la chance, et qu'il faut la saisir", détaille la joueuse passée en France par les clubs de Lyon, Saint-Étienne, Marseille ou Issy-les-Moulineaux. "Pour moi, c'est normal, en fait" Toutes ces réactions ont "étonné" sa compagne : "On est au XXIe siècle... Qu'on me félicite de poster une photo normale avec ma copine... C'est mignon, mais voilà, je trouve ça étonnant. Dans les autres pays, il y en a plein, des footballeuses homosexuelles, et ça a l'air de plutôt bien se passer...", s'émeut Camille Nell. >> À lire aussi, notre portrait de l'Américaine Megan Rapinoe, première lesbienne à avoir fait la une du magazine Sports Illustrated "Pour moi, là, ce qu'on est en train de faire, c'est fou", explique Pauline Peyraud-Magnin au journaliste de l'AFP venu rencontrer les deux femmes dans leur appartement de la banlieue madrilène. "Je ne comprends pas qu'on s'attarde tellement sur ce sujet, qu'on en vienne même à faire un reportage... C'est trop dingue ! Je ne m'en rends pas compte. Pour moi, c'est normal, en fait", dit "PPM". "Je n'attendais rien. Mais j'ai été agréablement surprise qu'il y ait autant de démarches. Je me suis dit que c'est vraiment un sujet qui mérite d'être ouvert. Je pense qu'aujourd'hui, on a besoin de passer un cap, vraiment. C'est nécessaire", affirme la joueuse. "Je sais que ça peut être compliqué" "Pourquoi se justifier ou se cacher ?", interroge la gardienne formée à Lyon. "Laissez vivre les gens. Je suis homo, mais ça ne me caractérise pas. Comme une couleur de peau, comme une religion", appuie-t-elle, évoquant un "sujet qui (lui) tient vraiment à cœur". Le fait que cette annonce ait eu lieu à l'étranger n'est peut-être pas anodin pour ces deux Françaises, qui "s'affichent moins" de l'autre côté des Pyrénées. "En France, il y a peut-être des endroits ou des heures que l'on évite. En Espagne, la première fois qu'on est venues, on est allées dans une rue très passante. On s'est installées à un bar, sur une terrasse... Il y avait énormément d'homosexuels, hommes, femmes... et ça ne dérangeait personne. On était étonnées, on s'est dit : 'Mais on est où ?'" >> À lire aussi : "Homophobie : le football allemand du côté de celles/ceux qui font leur coming out" Son acte pionnier pourrait-il désormais ouvrir la porte à d'autres femmes, d'autres footballeuses ou sportives ? "Je l'espère. Mais je ne force personne, je sais que ça peut être compliqué. C'est vraiment personnel, c'est propre à chacun. Moi, je l'ai dit, voilà. Et si j'ai eu plus de facilités à dire les choses, c'est aussi parce que je pense que j'ai rencontré la bonne personne", glisse Pauline Peyraud-Magnin, le regard tourné vers Camille Nell. Avec AFP

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