Filmé en train de courir en pleine nuit, un jeune Indien voit sa vie transformer
Pradeep Mehra a été vu 10 millions de fois en 48 heures dans une vidéo en train de... courir : il a été interviewé par un journaliste qui le suivait en voiture.
Dimanche 20 mars à minuit, Pradeep Mehra rentre du McDonald's où il travaille, jusqu'à chez lui. Soit dix kilomètres sur la route de Noida, tout près de Delhi, en Inde. Une voiture ralentit : à l'intérieur, Vinod Kapri, un journaliste et réalisateur, qui dégaine son téléphone, filme et interviewe le jeune homme.
La vidéo dure deux minutes et 20 secondes. Une fois publiée, elle est vue plus de 10 millions de fois en 48 heures. Pourtant, pas de chaton mignon, pas de voyeurisme, pas de violence, juste un jeune homme tout fin, sac à dos et portable dans une main, qui court, qui court. Et qui répond aux questions de son interlocuteur.
Le réalisateur propose à Pradeep de le ramener. Le jeune homme sourit et dit :"Non, je cours toujours pour rentrer chez moi.""Mais pourquoi tu cours ?", réplique le journaliste."Pour entrer dans l'armée", répond le jeune sportif. Le réalisateur insiste : "Laisse-moi te ramener chez toi, et je t'invite même à manger !"
Pradeep refuse encore. Même pas essoufflé, Pradeep raconte sa vie. Une mère hospitalisée, un frère aîné avec qui il vit et pour qui il doit rentrer. C'est lui qui fait à manger à la maison, et son frère, s'il acceptait l'invitation, n'aurait rien dans l'assiette en rentrant de son travail de nuit. La route défile, bordée d'arbres, de lampadaires, de boutiques éclairées. Pradeep continue de courir et le réalisateur de filmer. "Tu sais que la vidéo va devenir virale ?" lui dit-il. Le jeune homme rigole et dit : "Mais qui va me reconnaître ?" "Et si vraiment ça devient viral ?" l'interroge le réalisateur. "Ce n'est pas grave, je ne fais rien de mal !" rigole Pradeep.
Pradeep Mehra ne faisait effectivement rien de mal, cette nuit-là. Mais là où il s'est trompé, c'est que désormais, sa vie a changé. En 48 heures, on l'encense sur les réseaux, on le loue pour sa force et son humilité, on le reconnaît, des selfies avec lui dans le quartier. Journalistes, interviews, télés, cadeaux d'un équipementier, nouveau sac à dos, baskets et tee-shirts siglés... mardi 22 mars, il demandait aux médias de le laisser un peu tranquille maintenant. Il a des objectifs et veut se concentrer. Comme s'il avait suffisamment profité de son quart d'heure warholien, de ses deux minutes 20 secondes de célébrité.