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Exaspérés, les enseignants en grève "pour défendre l'école publique"

Les enseignants sont appelés à la grève et à manifester partout en France, jeudi, pour "lancer un avertissement" au gouvernement sur les conditions de travail, les salaires et l'école publique, alors que la ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, est fragilisée par une avalanche de polémiques.  Des manifestants brandissent des pancartes alors qu'ils participent à un rassemblement après l'appel à la grève et aux protestations des syndicats d'enseignants concernant les salaires et les conditions de travail, à Nantes, dans l'ouest de la France, le 1er février 2024. La colère est ancienne mais semble ravivée par les déclarations d'Amélie Oudéa-Castéra. Les enseignants sont appelés à la grève et à manifester partout en France jeudi 1er février pour "lancer un avertissement" au gouvernement sur les conditions de travail, les salaires et l'école publique. Au total, 20,26 % d'enseignants étaient grévistes jeudi, selon les chiffres du ministère de l'Éducation. Le Snes-FSU, premier syndicat du second degré, avait auparavant estimé le taux de grévistes dans les collèges et lycées à 47 %, et la FSU-Snuipp, principal syndicat du primaire, avançait 40 % de grévistes dans les écoles maternelles et élémentaires. À Paris, une manifestation partira à 14 h du Luxembourg en direction du ministère de l'Éducation nationale, à l'appel des principaux syndicats enseignants (FSU, CGT, FO, SUD-Éducation, UNSA-Education, SGEN-CFDT). D'autres manifestations sont prévues dans de nombreuses villes. Certaines avaient déjà débuté jeudi matin, comme à Marseille, où au moins 1 600 enseignants et lycéens ont défilé jeudi matin, selon la police. "Toutes les AOC ne sont pas des grands crus", pouvait-on lire notamment sur une pancarte. "Les déclarations de la ministre Amélie Oudéa-Castéra ont mis les enseignants très en colère. Elle a tenu des propos très méprisants en mettant en avant l'école privée", a expliqué à l'AFP Valérie Zika Dussol, enseignante dans une école primaire de Martigues (Bouches-du-Rhône). "On veut changer de ministre !" "On est là pour demander une augmentation des salaires avec une revalorisation du point d'indice et pour de meilleures conditions de travail et des moyens", a-t-elle ajouté. Pour elle, "c'est aussi une manifestation pour défendre l'école publique". Une ministre "discréditée" Des lycées ont aussi fait l'objet de blocages dans plusieurs villes, notamment à Paris, Marseille ou Montpellier. "Profs/Élèves même combat", pouvait-on lire notamment sur une banderole devant le lycée Voltaire, dans le 11e arrondissement de Paris, où environ 200 jeunes venus de plusieurs lycées étaient rassemblés. "Je suis ici pour protester contre la ministre de l'Éducation, le fait qu'elle reste en poste malgré ce qu'elle fait" et "aussi contre le SNU et l'uniforme", a expliqué à l'AFP une lycéenne en classe de première. Pour la FSAOCU-SNUipp, cette mobilisation est "un avertissement lancé au gouvernement", qui "reste sourd" face aux alertes. "La situation s'est aggravée avec la nomination d'une ministre à temps partiel qui s'est discréditée", ajoute ce syndicat. L'appel à la grève à destination des enseignants et de l'ensemble des personnels de l'éducation a été lancé en décembre, avant l'arrivée d'Amélie Oudéa-Castéra rue de Grenelle pour succéder à Gabriel Attal, nommé à Matignon. Mais "AOC", promue il y a trois semaines à la tête d'un super-ministère, dans lequel l'Éducation et la Jeunesse s'ajoutent aux Sports et aux Jeux olympiques, dont elle avait déjà la charge, a cristallisé le mécontentement du monde enseignant. Les déclarations polémiques de la ministre dès sa prise de fonction, qui a justifié l'inscription de ses enfants à l'établissement privé élitiste Stanislas par "des paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public, affirmations démenties ensuite par l'ex-enseignante de son fils en maternelle, ne sont toujours pas passées. Quand le doute s'installe Les polémiques se sont multipliées depuis. Dernière en date, Mediapart a affirmé mercredi soir qu'Amélie Oudéa-Castéra aurait fait la promotion d'une école privée hors contrat qui accueille notamment de jeunes sportifs quand elle était ministre des Sports, et soutenu la demande de cette école de passer sous contrat avec l'État. Cette école "accueillant un certain nombre de sportifs de haut niveau, il est normal que des échanges aient pu avoir lieu sur ce dossier dans le cadre de ses fonctions", a réagi l'entourage de la ministre jeudi matin. Pour le ministère de l'Éducation cependant, "la spécificité de l'offre pédagogique" de cette école, Diagonale, et "les retraits d'emplois par ailleurs prévus dans l'enseignement public comme privé sous contrat à Paris" ne "permettent pas de passer sous contrat les classes de Diagonale". La ministre s'efforce de déminer depuis sa nomination. Mais même au sein de la majorité, le doute demeure. "La difficulté, c'est qu'en six mois, on est arrivés à se créer une crédibilité en salle des profs. Et en trois jours, c'était fini", regrette un cadre de la majorité à l'Assemblée. Amélie Oudéa-Castéra sera auditionnée mardi après-midi à l'Assemblée nationale, a-t-on appris jeudi. Avec AFP

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