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Insolite et Faits divers

ENQUETE FRANCE 2. A Raqqa, des Syriens se souviennent du passage des frères Clain, impliqués dans les attentats du 13-Novembre

C'est un voyage sur les traces des deux jihadistes français les plus influents du groupe Etat islamique : Jean-Michel et Fabien Clain. Les deux frères ont revendiqué les attentats de Paris de novembre 2013 depuis la ville de Raqqa, fief du groupe Etat islamique en Syrie. Entre 2014 et 2015, ils habitent ensuite dans un quartier résidentiel avec leurs familles, où Daech a réquisitionné les appartements les plus cossus. Leurs visages, les habitants n'ont pas publié leurs visages, mais peu osent en parler, par peur des représailles. Arrivé en 2015 après son frère, Fabien a notamment ses habitudes dans un fast-food avec d'autres jihadistes. "Ils arrivaient tous les jours en tenue militaire avec toutes leurs armes et ils étaient armés jusqu'aux dents", raconte le commerçant rencontré par France 2. "Ils n'avaient confiance en personne et ils ne se sentaient en sécurité nulle part. Ils portaient leur ceinture de munitions et leur fusil à l'épaule. Ils avaient beaucoup d'argent, ils payaient en dollars et en livres syriennes." Le niveau de vie des Clain est alors supérieur à celui de la population syrienne, selon différents témoignages recueillis sur place.  "Il nous a dit qu'il avait perdu 10 000 dollars" Deux habitants, voisins d'un ancien QG de Daech, acceptent également de répondre aux questions de France 2, sous couvert d'anonymat. Ils reconnaissent formellement Jean-Michel Clain, et disent l'avoir côtoyé en 2015. "Celui-ci descendait souvent avec ses collègues dans la cave, ils avaient beaucoup de matériel informatique et de grosses sommes d'argent", explique l'un des deux hommes. "C'était un immeuble très protégé, il y avait des camionnettes noires aux vitres fumées qui faisaient des aller-retours, tout le temps." Pour les policiers qui ont témoigné lors du procès des attentats, les frères Clain sont davantage que des propagandistes du groupe Etat islamique : ils ont également un rôle-clé dans la cellule chargée des attentats en France et de leur financement. "Quand l'immeuble a été bombardé en 2016, les secours sont arrivés, mais les gens de Daech se cramponnaient aux sacs d'argent qui emplissaient la cave", explique un second habitant. "D'autres jihadistes sont venus récupérer l'argent avec leur camionnette noire. Ce Français nous a dit qu'il avait perdu son ordinateur et 10 000 dollars". Après les attentats de Paris, des images des attaques sont projetées sur un écran géant place Naïm, là où les jihadistes décapitent leurs victimes en public. Les frères Clain sont alors les Français les plus recherchés du monde. "Ils ne nous faisaient pas confiance, et nous non plus" France 2 a également rencontré un chef de tribu qui a collaboré avec le groupe Etat islamique par le passé, et dit avoir rompu tout lien depuis. "Les Français appliquaient les lois de l'islam au quotidien, mais comme tous les étrangers, ils restaient entre eux", explique-t-il. "On n'avait pas de contact, on ne se parlait de rien. Ils ne nous faisaient pas confiance, et nous non plus." Chassés de Raqqa lors des bombardements de la coalition, les deux frères finissent par se retrancher avec les jihadistes les plus irréductibles dans le dernier bastion syrien, Baghouz. Le groupe Etat islamique les déclare morts en mars 2019, après des frappes sur cette ville. Leurs épouses sont toujours retenues au camp de Roj, dans le nord-est de la Syrie, avec d'autres familles de jihadistes. Mylène Foucré, épouse de Fabien, suit le procès à distance. Selon les autorités kurdes, celle-ci n'a pas renoncé à l'idéologie de Daech. Interrogée par France 2, elle continue de nier l'implication de son mari et conteste son procès. "Il serait vivant. Quelqu'un qui est vivant et jugé, je trouve ça logique, mais il est mort. Je ne vois pas en quoi ça va soulager les gens." Pour la justice française, pas de doute, les deux frères étaient au courant des attentats de Paris avant leur réalisation. Ils sont jugés par défaut, leur mort en 2019 lors de frappes de la coalition n'ayant pas été prouvée formellement. 

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