En France, syndicats et patronat se retrouvent à Matignon pour définir un agenda social
Plus d'un mois après la dernière manifestation contre la réforme des retraites, les partenaires sociaux se réunissent mercredi à Matignon pour s'accorder sur un agenda social.
La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, le secrétaire national de la CFDT Yvan Ricordeau et la nouvelle secrétaire générale de la CDFT Marylise Léon lors d'une réunion entre les syndicats et le patronat, à Matignon, le 12 juillet 2023.
Un pas vers le nouveau "pacte de la vie au travail" voulu par Emmanuel Macron : patronat et syndicats se retrouvent mercredi 12 juillet à Matignon pour s'accorder sur un agenda social, un peu plus d'un mois après la dernière manifestation contre la réforme des retraites.
Les cinq organisations syndicales représentatives (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) et les trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P) rencontreront ensemble à partir de 10 h la Première ministre Élisabeth Borne et le ministre du Travail Olivier Dussopt, un format inédit depuis mars 2021.
La réunion, qui intervient au moment où la perspective d'un remaniement occupe tous les esprits, permet à Élisabeth Borne de se projeter au moins jusqu'à l'automne, enjambant l'échéance des "cent jours" décrétés par Emmanuel Macron pour relancer son quinquennat après la crise des retraites.
Côté syndical, Frédéric Souillot (FO) s'y rend avec "toujours le même état d'esprit de revendication" et ne tourne pas la page des retraites. "On se revoit en intersyndicale le 25 août pour discuter de comment nous voyons les choses pour la suite", a-t-il dit mercredi sur RFI.
Les participants, parmi lesquels la nouvelle secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, et le futur président du Medef, Patrick Martin, ne partiront pas d'une page blanche, mais pourront s'appuyer sur la feuille de route issue des discussions menées en juin par les syndicats et le patronat.
Emploi des seniors, parcours professionnels, prévention de l'usure professionnelle, accompagnement des reconversions professionnelles, compte épargne temps universel, sur lesquels les partenaires sociaux sont convenus de négocier, seront au menu des échanges.
À charge pour le gouvernement de préciser exactement quelle place il entend prendre dans ces discussions, et notamment s'il veut s'inscrire dans le cadre de l'article L1 du code du travail, qui prévoit que le gouvernement encadre les négociations par un document d'orientation.
Les syndicats veulent que le gouvernement participe à ces négociations alors que le patronat rechigne, par peur de se voir imposer par l'exécutif des mesures dont il ne veut pas, comme la création d'un index senior, qui vise à mesurer l'emploi des salariés âgés par les entreprises.
"La Première ministre aura l'occasion de saluer le travail des partenaires sociaux, de confirmer (...) l'engagement de transposer (dans la loi) les accords qui pourraient être trouvés" entre patronat et syndicats, a expliqué Matignon.
Les uns et les autres seront invités à préciser leurs souhaits en termes de calendrier, et sur le contenu des futurs documents d'orientation.
Les salaires, sujet "tabou" ?
Autre sujet pressant, l'assurance chômage, dont les règles expirent le 31 décembre, Matignon prévoyant d'envoyer le document de cadrage aux partenaires sociaux "pour la fin juillet".
Mais, comme pour les précédentes négociations sur ce thème, il est probable que la discussion entre les partenaires sociaux tourne court, et que le gouvernement reprenne in fine la main.
Les syndicats auront également à cœur de mettre sur la table les sujets sur lesquels le dialogue est fermé avec le patronat, qu'il s'agisse de la révision des ordonnances réformant le code du travail de 2017, de la conditionnalité des aides publiques aux entreprises ou des salaires.
"Il y a trop d'argent public déversé sans aucun contrôle", a souligné auprès de l'AFP Marylise Léon, favorable à ce que les syndicats aient un droit de regard sur ces aides dans le cadre du Conseil social et économique (CSE) des entreprises.
Bien qu'elle privilégie pour la question salariale la négociation dans les branches et les entreprises, la CFDT envisage en dernier ressort d'en appeler au gouvernement.
"À un moment, si les entreprises ne jouent pas le jeu, le gouvernement peut agir aussi", a dit Marylise Léon, dont l'organisation préconise de suspendre les exonérations de cotisation sur les bas salaires dans les branches où les salaires sont trop bas.
Matignon a cependant semblé réticent mardi à s'engager sur le terrain salarial, soulignant que le sujet pourrait revenir dans les discussions internes entre patronat et syndicats, en marge du "volet déroulé de carrière et parcours professionnels".
La question du salaire est "tabou" pour le gouvernement, a fustigé mardi sur France 2 la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Son syndicat demande l'indexation des salaires sur l'inflation et la revalorisation du Smic à 2 000 euros bruts (1 747 euros actuellement).
Avec AFP