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En Corse, le FLNC menace de passer à l'action malgré la carte l'"autonomie"

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le président autonomiste du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni, le 16 mars 2022. Peu avant l'arrivée mercredi après-midi de Gérald Darmanin en Corse pour tenter de ramener le calme en offrant la perspective d'une "autonomie", le groupe clandestin Front de libération national de la Corse (FLNC) a menacé de passer à l'action.  Il dénonce le "déni méprisant" de l'État face aux aspirations du peuple corse. Le FLNC (Front de libération nationale de la Corse), qui avait officiellement déposé les armes depuis 2014, a menacé mercredi 16 mars, dans un communiqué à Corse-Matin, de reprendre la lutte.  "Si l'État français demeurait encore sourd, il ne pourra y avoir de sacrifice de la jeunesse qui n'entraîne une réaction proportionnée de notre part, et rapidement les combats de la rue d'aujourd'hui seront ceux du maquis de la nuit de demain", avertit le communiqué du mouvement indépendantiste clandestin qui avait mis un terme à quatre décennies de lutte armée marquées par plus de 4 500 attentats revendiqués. Le groupe indépendantiste clandestin a cependant revendiqué le 1er septembre dernier une tentative d'attentat à proximité d'Ajaccio (Corse-du-Sud) visant quatre bungalows appartenant à un continental. Estimant que ce "déni méprisant" de l'État "vient d'être porté à son paroxysme par la monstrueuse tentative d'assassinat d'Yvan Colonna à Arles", le FLNC enchaîne : "Le mépris engendre la colère, et la colère entraîne la révolte. Et chez nous la révolte provoque l'insurrection".  Cette menace est intervenue le jour même de l'arrivée du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en visite pour deux jours en Corseafin de tenter d'apaiser les tensions dans l'île depuis l'agression du militant indépendantiste corse dans sa prison, où il purgeait une peine à perpétuité pour sa participation à l'assassinat du préfet Erignac en 1998 à Ajaccio. À la veille de son arrivée dans l'île, dans un entretien à Corse-Matin, le ministre avait tendu la main aux dirigeants autonomistes de l'île de Beauté en expliquantêtre "prêt à aller jusqu'à l'autonomie" pour la Corse.  "Les discussions seront forcément longues, forcément difficiles",  a pourtant prévenu Gérald Darmanin sur BFMTV/RMC mercredi matin, assurant que "l'avenir (des Corses) est pleinement dans la République française". Dès son arrivée à Ajaccio mercredi après-midi, Gérald Darmanin devait s'entretenir avec les élus, dont Gilles Simeoni, à qui il avait promis lundi un "cycle sans précédent de discussions". Rappelant que l'autonomie est "le droit commun de toutes les grandes îles de Méditerranée", il a notamment évoqué "le statut très abouti d'autonomie des Açores", avec une reconnaissance de ce peuple dans la Constitution portugaise et des "compétences exclusives du gouvernement des Açores dans les domaines principaux de la vie quotidienne".   "Une autonomie croupion"               Cette offre d'autonomie a été moins bien reçue côté indépendantiste : "La seule autonomie qui vaille est celle qui octroie un pouvoir législatif" dans "des domaines vitaux" comme "la fiscalité, l'emploi, le domaine linguistique et également l'accès au logement", a plaidé auprès de l'AFP Josepha Giacometti, unique élue indépendantiste à l'assemblée de Corse, du parti Corsica Libera. Sinon ce serait "une autonomie croupion, une décentralisation améliorée". Mercredi matin, plusieurs bâtiments publics de l'île étaient occupés. "Ce sont des occupations pacifiques, qui montrent que la mobilisation reste forte et qu'elle continuera et s'amplifiera si la réponse politique attendue par tout le monde n'est pas apportée", a prévenu Gilles Simeoni. Sur le centre des impôts d'Ajaccio, une banderole "État français assassin" en corse, montrait cependant la colère de certains. Mais dans son entretien à Corse-Matin, Gérald Darmanin a été clair : "Le retour au calme est une condition sine qua non" du dialogue. Cette colère en Corse depuis deux semaines a éclaté avec l'agression d'Yvan Colonna le 2 mars à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône), où il purge une peine de prison à perpétuité pour sa participation à l'assassinat du préfet Erignac en 1998 à Ajaccio. Elle a culminé en quasi émeute dimanche à Bastia, avec 102 blessés, dont 77 parmi les forces de l'ordre. L'agression d'Yvan Colonna, toujours dans le coma, a été le détonateur des tensions entre l'Etat et les nationalistes, frustrés que leurs victoires dans les urnes (élections territoriales de 2015, 2017 puis 2021) n'aient pas fait aboutir leurs revendications pendant le quinquennat. Reportée une première fois à l'été 2018 en raison de l'affaire Benalla, la réforme des institutions, qui devait entériner le statut particulier de la collectivité de Corse créée en 2015, avait de nouveau été présentée par le gouvernement un an plus tard, dans une nouvelle mouture, mais sans jamais être examinée depuis.

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