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Emmanuel Macron en visite dans "une école du futur" à Marseille

Pap Ndiaye, le ministre de l'Éducation et le président de la République, Emmanuel Macron, en visite dans une école de la ville de Marseille, le 2 juin 2022. Emmanuel Macron et le nouveau ministre de l'Éducation, Pap Ndiaye, étaient à Marseille jeudi pour visiter "une école du futur", une expérimentation que le gouvernement entend généraliser à l'ensemble du territoire. Mais cette nouvelle méthode censée offrir "plus de liberté pédagogique aux enseignants" suscite la méfiance des syndicats.  À dix jours du premier tour des élections législatives, le président de la République sur le terrain : Emmanuel Macron a indiqué jeudi 2 juin vouloir généraliser "à partir de l'automne" dans tout le territoire "l'école du futur", une expérimentation pédagogique menée à Marseille mais contestée par les syndicats d'enseignants qui réclament avant tout une "feuille de route" pour la rentrée. "Notre ambition, avec Monsieur le ministre, c'est, dans les prochains mois, de pouvoir généraliser cette approche", qui consiste à mettre des moyens tout en donnant "plus de liberté aussi pédagogique aux enseignants", a dit Emmanuel Macron, lors d'une visite en compagnie du ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, dans l'école Menpenti de Marseille. C'est une "méthode qu'on va généraliser à partir de l'automne", a ajouté le chef de l'État, même si pour l'heure le financement n'a pas été précisé. Il avait lancé l'idée d'"école du futur" en septembre 2021 lorsqu'il avait présenté le plan d'urgence "Marseille en grand", destiné à aider la deuxième ville de France, où le taux de pauvreté dépasse les 50 % dans certains quartiers, à rattraper son retard. "L'école du futur" doit permettre aux établissements de financer un projet innovant autour de la culture, des langues, de l'environnement ou des sciences en donnant aux directeurs d'école la possibilité de participer au recrutement de leur équipe pédagogique. Objectif selon l'Élysée : donner "davantage de liberté et d'autonomie aux équipes pédagogiques pour bâtir un système scolaire plus juste et plus inclusif". À l'école Menpenti, l'un des 59 établissements de la cité phocéenne retenus pour cette expérimentation, le laboratoire de maths doit fournir aux élèves "une activité authentique de recherche et d'expérimentation" en s'appuyant sur les "outils numériques, la manipulation et le jeu", selon un document interne que l'AFP a pu consulter. Le maire de Marseille, Benoît Payan, a salué devant la presse la volonté d'Emmanuel Macron de "mettre des moyens sur la table comme personne ne l'a fait avant", et de "faire faire des maths, des langues étrangères aux enfants". Sur les 2,5 millions d'euros de budget global prévu, 360 000 euros ont déjà été engagés, a précisé Christian Abrard, préfet chargé du volet pédagogique du plan "Marseille en grand". Un chemin déjà "balisé" pour le nouveau ministre ? "Mais il y a des lignes rouges : c'est l'école de la République, l'égalité de toutes les écoles", a souligné Benoît Payan, "opposé" au recrutement par les directeurs d'établissement. Alors qu'Emmanuel Macron a été accueilli par une cinquantaine d'enfants euphoriques, avant de faire le tour d'ateliers avec des écoliers, une trentaine de manifestants postés près de l'école ont réclamé d'abord plus de moyens pour l'Éducation nationale. L'expérimentation marseillaise suscite beaucoup d'interrogations, notamment l'idée que les directeurs d'école puissent choisir leur équipe, un changement profond du modèle de l'Éducation nationale. "L'Éducation nationale n'est pas une somme de start-up", assène Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat des enseignants-Unsa, qui s'inquiète de voir le nouveau ministre sur "un chemin extrêmement balisé" et de la généralisation de l'expérimentation. >> À lire : L'historien des minorités Pap Ndiaye, la surprise à l'Éducation nationale "Cette expérimentation remet gravement en cause le caractère national de l'École publique, le statut de fonctionnaires d'État des enseignants, l'égalité de traitement des personnels dans leur demande de mutation", renchérit la Fédération FO de l'Enseignement (FNEC FP-FO). D'autres pointent du doigt le risque d'une "école à deux vitesses", avec des établissements mieux dotés que d'autres et pas forcément situés dans des quartiers défavorisés. "Cette expérimentation, c'est une vitrine alors que le président devrait se concentrer sur les sujets brûlants de l'Éducation nationale que sont les salaires, le dégel du point d'indice ou encore la feuille de route du nouveau ministre qui ne s'est toujours pas exprimé", estime Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. Soutien présidentiel à Pap Ndiaye Plusieurs chantiers de poids attendent le nouveau ministre, à commencer par la crise du recrutement des enseignants et la réintroduction des mathématiques dans le tronc commun au lycée. Le chef de l'État marque aussi, avec cette visite, son soutien à Pap Ndiaye, historien réputé des minorités et cible des feux nourris de l'extrême droite, qui le qualifie de "militant racialiste et antiflics", depuis sa nomination surprise dans le gouvernement d'Élisabeth Borne. Alors que son prédécesseur Jean-Michel Blanquer s'est régulièrement inquiété de phénomènes "woke" ou de l'"islamo-gauchisme", Pap Ndiaye a, lui, douté à plusieurs reprises du bien-fondé de ces concepts. Des positions qui suscitent aussi l'inquiétude chez certaines personnalités de la majorité ou proches du président, comme Jean-Pierre Chevènement. Réputé partisan du consensus, la personnalité du nouveau ministre pourrait toutefois être un atout pour favoriser la réconciliation avec le monde enseignant, après des mois d'affrontement avec son prédécesseur. Avec AFP

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