À Marseille, Emmanuel Macron promet des opérations anti-drogue "XXL" partout en France
Refusant tout "discours de défaite" face au trafic de drogue, Emmanuel Macron a effectué une visite surprise mardi à Marseille, cité de la Castellane, pour le lancement de la première d'une dizaine d'opérations "Place nette XXL" qui devraient s'étendre sur plusieurs semaines en France.
Emmanuel Macron visite le quartier de La Castellane à Marseille, le 19 mars 2024.
Deux semaines après le cri d'alarme de magistrats marseillais demandant un "plan Marshall" pour sauver Marseille du trafic de drogue qui la gangrène, Emmanuel Macron était en visite surprise mardi 19 mars dans la cité phocéenne pour une opération "place nette (...) sans précédent" contre la drogue.
"Le but, c'est d'essayer de détruire les réseaux et les trafiquants et que les quelques-uns qui vous rendent la vie impossible s'en aillent", a expliqué le chef de l'État aux habitants. En juin, il était déjà venu dans une école de cette même cité des quartiers Nord, dans le cadre du suivi de son plan "Marseille en grand".
La guerre de territoires pour le contrôle des juteux points de deal a ensanglanté la ville comme jamais en 2023, avec 49 personnes tuées, dont quatre victimes collatérales, et 123 blessés.
"Oui, la drogue est notre ennemi" et les forces de l'ordre "vont pendant des semaines pilonner le territoire", a juré Emmanuel Macron, sans citer de ville précisément.
Lundi, 900 policiers, gendarmes et douaniers étaient déployés à Marseille et autour. Mardi, près de 800. En deux jours, ils ont arrêté 98 personnes, en ont placé 71 en garde à vue, saisissant quatre armes, plus de 385 000 euros en liquide ou en avoirs, 8,7 kg de cannabis et 339 g de cocaïne, selon bilan de la préfecture de police mardi en fin d'après-midi.
"Mettre d'autres moyens que seulement de la police"
Ces opérations choc sont bien vues par Youssouf Issilamou, 32 ans, un Comorien employé d'une boucherie halal : "Comme commerçant, c'est une bonne nouvelle, il y a des gens qui n'osaient pas venir dans le quartier".
Si le maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan, a aussi salué "le renforcement des mesures" destinées à "mieux protéger les Marseillais", le député RN des Bouches-du-Rhône Franck Allisio a raillé sur X "Stop à la com".
"Reconquérir les quartiers populaires, dans notre ville de Marseille, prendra beaucoup de temps mais il est nécessaire d'y mettre d'autres moyens que seulement les moyens de la police", a commenté Hassen Hammou, porte-parole d'EELV Paca et fondateur du collectif marseillais "Trop jeune pour mourir".
"Tout n'a pas commencé ce (mardi) matin, loin de là. La lutte contre les trafics, c'est évidemment un marathon", a répondu indirectement le Premier ministre Gabriel Attal, de Paris, lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
Interpellé sur la guerre en Ukraine, la situation à Gaza ou encore sur la recherche d'emploi
Outre ces opérations de pilonnage, plusieurs coups de filet ont eu lieu récemment au sein des deux principaux gangs marseillais, DZ Mafia et Yoda. Félix Bingui, 33 ans, alias "le chat", le chef présumé du clan Yoda, a ainsi été arrêté au Maroc début mars.
"Je crains que nous ne soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille", s'était alarmée le 5 mars Isabelle Couderc, vice-présidente du tribunal chargée de la coordination de la section JIRS Criminalité organisée de l'instruction, devant la commission sénatoriale d'enquête dédiée à la lutte contre le trafic de drogues en France.
Mais mardi matin, Emmanuel Macron, accompagné du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, du Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti et de la secrétaire d'État à la Ville Sabrina Agresti-Roubache, a surtout été interpellé sur la guerre en Ukraine, la situation à Gaza ou encore des questions de recherche d'emploi, lors d'un bain de foule au cours duquel de nombreux collégiens et lycéens lui ont fait dédicacer leurs carnets de correspondance.
Riad Mira, 35 ans, chef d'entreprise, a raconté l'avoir interpellé sur le "manque d'aide", parce que "le but c'est de créer de l'emploi dans les quartiers, c'est de pouvoir amener les jeunes à vouloir apprendre un métier et à vouloir travailler".
Mais au final, "je pense que ça va pas suivre", "je pense, moi, il y a 50 % d'électoralisme, et 50 % de... allez, 100 % d'électoralisme", a-t-il finalement lâché, fataliste.
Avec AFP