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Insolite et Faits divers

Des policiers se forment au traitement des violences conjugales : "Si la victime ne veut pas porter plainte, on fait quoi ?"

Deux ans après le Grenelle contre les violences conjugales, 90 000 policiers et gendarmes se forment ou se sont formés sur la prise en charge des victimes, selon le ministère chargé de l'Egalité entre les femmes et les hommes. Dans la salle, 25 jeunes gardiens de la paix, tout juste sortis d'école. Certains ont déjà quelques années d'expériences mais la plupart ont pris leur premier poste dans les Yvelines il y a quelques semaines seulement. Ils sont là pour une session de trois heures, une formation complémentaire aux 120 heures de cours déjà dispensées sur le sujet pendant leur huit mois de formation en école de police. L'enjeu : améliorer le traitement des plaintes pour violences intrafamiliales. C'est l'une des mesures du Grenelle contre les violences conjugales, ouvert il y a deux ans. Et, début août, le ministre de l'Intérieur a assuré que ces plaintes devaient être une priorité dans les commissariats.  La formatrice spécialisée se présente. "Je suis le major Boulard, je suis cheffe de la formation générale et je suis la référente départementale pour la prévention de la lutte contre les violences conjugales. Sujet très sensible". Elle dresse le constat : "Dans les Yvelines; il y a quatre à cinq interventions par nuit". Après un rappel théorique, sur la loi notamment, viennent les questions plus pratiques. "Si la victime ne veut pas porter plainte, on fait quoi concrètement ?" demande un policier. "Tu dois faire une mention main courante avec toutes les identités", lui répond le major Fabienne Boulard. Une réponse qui ne semble pas satisfaire ce dernier : "Oui, on écrit, mais après il n'y a pas de plainte, pas d'infraction..." Un autre agent poursuit, "si la victime ne veut pas être aidée, ça va continuer, ça va continuer ... Et au bout d'un moment, il se passera ce qu'il se passera, comme on voit aux infos". La formatrice Fabienne Boulard n'a pas la même vision du terrain.  Tout l'enjeu est de ne pas passer à côté d'un futur féminicide. Pour cela, il faut détecter toutes les violences, explique le major Boulard, même les plus invisibles. Un policier intervient, il est sceptique. "Si une personne ne s'est pas faite gifler, par exemple, qu'elle est juste menacée de se prendre une claque. Eh bien ! je sais que ma brigade a l'habitude de ne pas traiter ce genre d'affaire, depuis des années, en disant : ça, c'est rien. En tant que stagiaire, je ne me vois pas dire à des gens qui ont quinze ans de métier : 'Non, mais ça a changé, ne sois pas vieux jeu'." "Il faut prendre ses responsabilités, lui répond la formatrice. Il y a un moment, si tu sais que la victime risque sa vie, qu'elle te dit : 'Il va me tuer, il a menacé de me tuer' et que personne ne fait rien... si tu arrives à dormir sur tes deux oreilles, tout va bien !" Pour le major Boulard, les mentalités évoluent, même si la question est douloureuse dans les rangs de la police. "On a tellement été mis en cause dans les affaires de violences conjugales." Fin juillet, un deuxième rapport d'inspection sur le féminicide de Mérignac a été rendu, après le premier qui avait souligné une série de dysfonctionnements. "Ces dernières années, les forces de l'ordre, la justice et l'Etat ont été pointés du doigt dans plusieurs affaires de violences intrafamiliales. On entend que la police ne fait pas son travail, que la police ne sait pas faire. A un moment les collègues, se sont peut-être un peu renfermés. Mais je suis optimiste, plus on va former, plus ils vont comprendre et mieux ça ira". Depuis deux ans, 90 000 ont été formés au repérage et à la prise en charge des victimes de violences conjugales, selon le ministère chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes.

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