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Économie et marchés

Des États-Unis à l'Europe, des initiatives pour mieux encadrer l'intelligence artificielle

Tandis que le président américain Joe Biden a signé lundi un décret destiné à mieux encadrer l'usage de l'intelligence artificielle dans les entreprises, le Royaume-Uni ouvre ce jeudi un grand sommet consacré aux risques associés à l'IA. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak mise gros sur cette conférence à laquelle plusieurs dirigeants internationaux doivent participer. "Pour réaliser les promesses de l'IA et éviter les risques, nous devons gouverner cette technologie. Il n'y a pas d'autre solution". C'est en ces termes que Joe Biden a présenté lundi 30 octobre son nouveau décret permettant de mieux encadrer l'usage de l'intelligence artificielle aux États-Unis.  Le président américain a signé un décret qui impose aux entreprises du secteur de transmettre au gouvernement fédéral les résultats de leurs tests de sécurité, quand leurs projets posent "un risque sérieux en termes de sécurité nationale, de sécurité économique nationale, ou de santé publique". Les critères de ces tests de sécurité seront fixés au niveau fédéral et rendus publics. Deepfakes Outre les nouvelles évaluations de sécurité, le texte donne des orientations en matière d'équité (pour éviter les biais discriminatoires de l'IA), lance des recherches sur l'impact de l'intelligence artificielle sur le marché du travail et recommande le développement d'outils pour identifier facilement les contenus produits avec de l'IA. Des smartphones aux aéroports, l'IA est déjà omniprésente dans la vie quotidienne. Ses progrès se sont accélérés ces dernières années avec le développement des IA génératives, capables de produire texte, sons et images en quelques secondes, sur demande en langage courant (comme Chat-GPT). Joe Biden a notamment mentionné avoir vu une vidéo de lui créée de toutes pièces avec de l'IA (deepfake). "Je me suis demandé quand est-ce que j'ai bien pu dire ça ?", a témoigné le démocrate de 80 ans. Une mesure plombée par les divisions au Congrès La Maison Blanche a beau vanter l'importance du décret, Joe Biden dispose en réalité d'une marge de manœuvre limitée. Toute législation réellement contraignante et ambitieuse sur l'IA devrait passer par le Congrès américain. Or ce dernier est pour l'heure divisé entre démocrates et républicains, configuration qui rend très peu probable l'adoption d'une loi de grande envergure. "Mais nous avons quand même besoin que le Congrès agisse", a insisté Joe Biden, appelant les parlementaires à légiférer afin de "protéger la vie privée" des Américains, au moment où l'intelligence artificielle "non seulement rend plus facile d'extraire, identifier et exploiter les données personnelles, mais encourage aussi à le faire, puisque les entreprises utilisent ces données pour entraîner" les algorithmes. Un sommet dédié au Royaume-Uni Présente lors de la signature du décret, la vice-présidente américaine Kamala Harris doit s'envoler cette semaine pour le Royaume-Uni où elle participera à un sommet international sur les risques liés à l'essor de l'intelligence artificielle. Les Britanniques ne se sont pas encore dotés d’une régulation spécifique dans ce domaine et son Premier ministre, le conservateur Rishi Sunak, espère y remédier.  Le lieu de ce sommet qui se déroulera mercredi et jeudi n'a pas été choisi par hasard : le manoir de Bletchley Park est l'emblématique centre de décryptage des codes de la Seconde guerre mondiale, où le mathématicien Alan Turing est parvenu à casser le code de la machine Enigma utilisée par les nazis. Rishi Sunak veut un GIEC de l'IA Derrière les États-Unis qui disposent déjà de champions de l'IA, comme Open IA (chat-GPT) ou Amazon, Rishi Sunak espère faire du Royaume-Uni la nouvelle locomotive européenne du financement des nouvelles technologies. Le Royaume-Uni "est le meilleur endroit en Europe pour lever des capitaux, là où les géants des technologies choisissent d’installer leurs filiales européennes. Et l’IA présente d’énormes opportunités pour ceux qui sauront contrôler ses risques", a-t-il déclaré. Le Premier ministre britannique souhaite la création d'un groupe d'experts d'analyse de l'intelligence artificielle sur le même modèle que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). De son côté, l'Union européenne espère conclure avant fin 2023 le premier règlement encadrant ces innovations. Déjà des critiques Pour autant, certains experts accueillent avec scepticisme ces grandes annonces gouvernementales. "Lorsqu'ils disent qu'ils mettent en place des garde-fous, il s'agit de garde-fous que les grandes entreprises technologiques leur permettent de mettre en place", a fustigé lundi Alex Winter, un réalisateur, lors d'une conférence de presse d'experts, avocats et créateurs sur les dangers liés à l'IA.  Une centaine d'organisations, experts et militants internationaux ont par ailleurs publié lundi une lettre ouverte à Rishi Sunak, qualifiant ce sommet "d'occasion manquée" et lui reprochant d'être dominé par les géants de la tech. Reste à savoir quels dirigeants mondiaux feront le déplacement à Bletchley Park, alors que la guerre fait rage au Proche-Orient. Lundi soir, la Première ministre italienne Giorgia Meloni était la seule membre du G7 à avoir confirmé sa participation au sommet. Pékin sera représenté, mais l'identité de la personne qui sera le déplacement n'est pas encore connue.  Avec AFP

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