Cybersécurité : "La météo n'est pas très bonne", alerte le directeur général de l'Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information
Les cyberattaques de réseaux informatiques, d'entreprises ou encore d'hôpitaux contre rançon se multiplient et l'espionnage se développe, ont constaté les Assises de la cybersécurité, qui se sont déroulées jusqu'à vendredi à Monaco.
"La météo n'est pas très bonne objectivement", alerte samedi 15 octobre sur France Inter Guillaume Poupard, le directeur général de l'Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information (Anssi). Le constat a été dressé durant les Assises de la cybersécurité, qui se sont déroulées jusqu'à vendredi à Monaco. "Ce n'est pas une surprise", reconnaît-il notamment après les attaques récentes du centre hospitalier sud francilien à Corbeil-Essonnes ou encore le département de la Seine-Maritime.
Selon l'expert, invité de l'émission On n'arrête pas l'Eco, "plusieurs phénomènes se conjuguent". Tout d'abord : un phénomène criminel "qui continue de se développer" par le biais "d'attaquants qui cherchent à prendre le contrôle de réseaux informatiques, d'entreprises, d'hôpitaux… Un peu de n'importe qui finalement, pour ensuite les faire chanter et leur demander des rançons". Un modèle, d'après le directeur général de l'Anssi, qui s'est beaucoup développé depuis cinq ans, parfois de "manière extrêmement choquante, typiquement contre les hôpitaux". "C'est abject, il n'y a pas d'éthique. Ce sont vraiment des criminels de la pire espèce", dénonce Guillaume Poupard sur France Inter. "Des données de santé, ce sont des données sensibles et donc faire du chantage, ça va mettre une pression supplémentaire sur la victime", ajoute-il.
"Le numérique peut devenir une arme"
Autre préoccupation selon le directeur général de l'Anssi : l'espionnage. "Il a atteint un niveau incroyable dans le domaine informatique car c'est ce qui fonctionne aujourd'hui", alerte l'expert redoutant "des risques de développement quasi militaires". "Le numérique peut devenir une arme", prévient-il.
Deux profils de cybercriminels se détachent d'après Guillaume Poupard. D'un côté, les mafias, les groupes "criminels très organisés" pour qui le numérique est un "eldorado qui rapporte beaucoup et où les risquent sont encore assez limités". De l'autre, les États "petits comme grands". Face à cette menace, l'Anssi préconise à l'Europe de "développer sa sécurité numérique de manière souveraine". Les pays européens ne partagent pas les mêmes valeurs en termes de protection des données que les États-Unis ou encore la Chine, souligne l'expert. "C'est un enjeu pour le futur", martèle-t-il.