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Crise des sous-marins : la France et l'Inde veulent "agir conjointement" en Indo-Pacifique

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi lors du sommet des dirigeants du G20 à Buenos Aires, le 1er décembre 2018. En pleine crise des sous-marins et de l'annonce d'une nouvelle alliance stratégique entre l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi ont réaffirmé, mardi, leur volonté "d'agir conjointement dans un espace indo-pacifique ouvert et inclusif". Le président français Emmanuel Macronet le Premier ministre indien Narendra Modi se sont entretenus au téléphone, mardi 21 septembre, réaffirmant leur volonté de travailler ensemble "dans un espace indo-pacifique ouvert et inclusif", a annoncé l'Élysée. Le chef de l'État français "a rappelé l'engagement de la France à contribuer au renforcement de l'autonomie stratégique de l'Inde, y compris sa base industrielle et technologique", a précisé la présidence française. Cet entretien intervient alors que Paris ne décolère pas après l'annonce, le 15 septembre, d'une nouvelle alliance stratégique entre l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni (Aukus), qui a torpillé un méga-contrat de sous-marins français à Canberra. Le communiqué de l'Élysée n'y fait pas allusion. Mais il souligne l'approche commune des deux pays, avec "pour ambition de promouvoir la stabilité régionale et la règle de droit, tout en écartant toute forme d'hégémonie" en Indo-Pacifique, épicentre des tensions entre Chine et États-Unis. Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, devait par ailleurs rencontrer son homologue indien Subrahmanyam Jaishankar, mardi à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Dans un tweet, Narendra Modi a souligné avoir discuté avec Emmanuel Macron d'une "plus étroite collaboration entre Inde et France dans l'Indo-Pacifique", rendant hommage à "l'importance" du partenariat stratégique bilatéral. L'Inde sur les deux tableaux Cette conversation permet à Paris de solliciter un allié essentiel dans la zone, en particulier face à la Chine, après une multitude de signaux favorables : vente de Rafale à l'Inde, opérations militaires conjointes dans l'océan Indien, ouverture à la marine indienne des bases françaises à Djibouti, aux Émirats, à la Réunion... L'Inde souhaite collaborer avec les démocraties de la région, "cela constitue la seule façon de bâtir un équilibre des pouvoirs et une sécurité à l'échelle de la région", explique à l'AFP Brahma Chellaney, professeur d'études stratégiques au Centre for Policy Research (CPR), un think-tank privé basé à New Delhi. "Les accords de sécurité exclusifs (comme Aukus, NDLR) militent contre cette vision", ajoute-t-il, relevant que la France constituait un allié "important" pour New Delhi, comme n'importe quelle autre démocratie. Mais l'Inde devra jouer finement entre des équilibres complexes. Car l'Australie aussi est un allié de New Delhi, qui ne saurait se laisser entraîner dans une dispute stratégiquement contre-nature et contre-productive. L'Inde est, par ailleurs, un partenaire industriel majeur de la France en matière d'armement et entend aller plus loin dans ce domaine avec Washington comme avec Londres et Canberra. "Le pragmatisme de Modi pourrait jouer un rôle en aidant Macron à trouver le moment propice pour commencer à réduire l'affront" tel qu'il est vécu à Paris, estime à cet égard Rory Medcalf, directeur du National Security College à l'Université Nationale d'Australie. L'Inde, explique-t-il en substance, doit jouer sur les deux tableaux. Elle apprécie les volontés d'autonomie de la France. Mais elle admet la nécessité pour Canberra de se bâtir une dissuasion militaire forte face aux Chinois. Et garde dans ses petits papiers une alliance fondamentale avec les États-Unis de Joe Biden. Le président américain réunit d'ailleurs le 24 septembre à Washington les Premiers ministres australien, indien et japonais pour relancer un format diplomatique, le "Quad", qui végétait depuis plusieurs années. Une plateforme que Modi pourrait utiliser pour "soutenir le rôle des Français dans la région, tout en admettant de facto l'Aukus comme une alliance digne d'intérêt", estime Rory Medcalf.    Avec, en filigrane, la volonté de l'Inde de rester au cœur d'un jeu crucial pour sa sécurité. "Que Delhi soit aujourd'hui au cœur d'une conversation difficile entre les États-Unis, la Grande-Bretagne la France, l'Europe et l'Australie souligne la profondeur croissante et la diversité des liens entre l'Inde et les différentes parties de l'Occident", résume ainsi dans une tribune au journal Indian Express C. Raja Mohan, directeur de l'Institut des études d'Asie de l'Est à l'université de Singapour.  Avec AFP 

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