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Crise aux Antilles : des discussions tendues entre l'intersyndicale et Sébastien Lecornu

Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu à la sortie du Conseil des Ministres, le 24 novembre 2021. Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu n'a rencontré que brièvement lundi l'intersyndicale en Guadeloupe, secouée par une violente crise sociale comme la Martinique voisine où il doit poursuivre sa mission mardi.  Le ministre français des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a reproché, lundi 29 novembre, aux représentants syndicaux qu'il a rencontrés en Guadeloupe leur refus de condamner clairement les récentes violences aux Antilles, notamment contre les forces de l'ordre, rappelant qu'une telle condamnation était un préalable au dialogue pour le gouvernement.  Sébastien Lecornu se trouve aux Antilles pour tenter d'apaiser les tensions en Guadeloupe et en Martinique, où la contestation contre l'obligation vaccinale pour les soignants s'est muée depuis deux semaines en conflit social marqué par de violents incidents. En Guadeloupe, le ministre a rencontré des représentants syndicaux et devait ensuite discuter avec des élus locaux. "Le ministre a réaffirmé comme préalable démocratique le fait qu’ils condamnent sans ambiguïté les violences commises ces derniers jours aux Antilles", rapportent ses services dans un communiqué. "Les représentants syndicaux (ont) refusé ce préalable pourtant évident et indispensable (...)." "La condition du dialogue, c’est la condamnation des violences par l’ensemble des forces politiques et syndicales, et plus précisément de tentatives de meurtre sur les policiers et les gendarmes. Le ministre rappelle qu'aucune discussion ne peut aboutir si elle n'est pas posée sur des bases saines." Des désaccords sur les négociations Côté syndicats, la délégation de quatre personnes dont UGTG et FO estime que "contrairement" à ce que Sébastien Lecornu "essaie de faire croire, il n'est pas venu pour négocier, mais parce qu'il a été forcé par le rapport de forces que nous avons installé". Maïté Hubert-M'Toumo, de l'UGTG, rappelle leurs revendications "prioritaires" comme "l'arrêt des suspensions des personnels et professions libérales" non-vaccinés, la "suspension des condamnations des personnes pour les violences", et un "plan d'urgence pour la qualification des jeunes et les conditions de travail des familles guadeloupéennes". L'intersyndicale a également réclamé que 30 organisations soient reçues, et non dix. "On ne peut pas négocier en 24 h. [Lecornu] c'est le père venu gronder son fils, venu donner une leçon mais la leçon ne passera pas", a déclaré Jocelyn Zou de FO pompiers à la presse. De nouvelles manifestations Né du refus de l'obligation vaccinale pour soignants et pompiers, le mouvement s'est étendu à des revendications politiques et sociales, notamment contre la vie chère, dans ces îles au fort taux de chômage, en particulier chez les jeunes. Sébastien Lecornu a répété que l'obligation vaccinale, repoussée au 31 décembre, ne serait pas levée, car "les lois de la République ont vocation à s'appliquer" dans les Antilles françaises. Le ministre des Outre-mer s'est dit aussi "plus que choqué" par la demande de libération des personnes condamnés pour violence, après plusieurs jours de très fortes tensions. Comme la précédente, la nuit de dimanche à lundi a été plus calme dans les deux îles caribéennes. Seul un "petit accrochage" était à déplorer en Guadeloupe. Quelque 300 personnes manifestaient dans le calme mardi devant la sous-préfecture de Guadeloupe pendant que Sébastien Lecornu recevait les syndicats.  La question de l'autonomie Sébastien Lecornu devait aussi s'entretenir lundi en Guadeloupe avec des élus locaux et des acteurs économiques, comme le lendemain en Martinique où il rencontrera également l'intersyndicale. Les syndicats, l'État et les élus locaux ont signé un "accord de méthode" pour tenter de sortir de la crise, a indiqué la préfecture. Sept thématiques (santé, jeunesse, vie chère dont prix des carburants et du gaz, transports, 'chlordéconomie', pêche, culture) doivent faire l'objet de discussions. En métropole, les oppositions, notamment à droite, continuent de fustiger la nouvelle position du gouvernement, "prêt", selon Sébastien Lecornu vendredi, à évoquer la question de davantage d'autonomie pour la Guadeloupe. "C'est l'unité du pays qui est en cause", a protesté lundi Michel Barnier, candidat à l'investiture LR à la présidentielle. "C'est de l'amateurisme, de la diversion", a renchéri son rival Xavier Bertrand pour qui le gouvernement est "prêt à laisser démanteler" la France en "lâchant aujourd'hui la Guadeloupe". Pour le candidat écologiste Yannick Jadot, c'est aussi "une manière de divertir le débat" alors que "l'urgence, là, c'est de faire du social, d'investir dans les services publics notamment, l'hôpital, le CHU...". Le débat sur l'autonomie n'est "évidemment pas le débat sur l'indépendance", a temporisé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin en citant l'exemple de la Polynésie française à l'autonomie renforcée depuis 1996. Pour ce dernier, ce sont "les élus de Guadeloupe qui ont demandé ce débat sur l'autonomie. On ne peut pas à la fois dire le gouvernement n'écoute pas les élus et quand il les écoute dire + il écoute trop les élus+"". Dans un communiqué, les élus guadeloupéens ont estimé que la "priorité actuelle" était "la sortie de crise" et que "la domiciliation locale du pouvoir de décision (était) une question qui (devait) être abordée en temps et en heure". Avec AFP et Reuters

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