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Covid-19 : ces Français expatriés contraints à la survaccination pour obtenir le passe vaccinal

De nombreux vaccins anti-Covid-19 administrés dans le monde sont reconnus par l'OMS, mais la France n'autorise que quatre d'entre eux dans son schéma vaccinal. Au moment où le projet de loi sur le passe vaccinale est examiné mardi au Sénat, les Français de l'étranger multiplient les doses de sérum pour décrocher le précieux laisser-passer.   "On se sent un peu les oubliés de cette gestion de crise par notre gouvernement", se désole Frédéric, Français expatrié aux Émirats arabes unis, contacté par France 24. Il y a d'abord eu l'impossibilité de retourner en France pendant les confinements successifs liés à la pandémie, puis les problèmes de conversion des passes sanitaires étrangers en passe sanitaire français cet été. Aujourd'hui, le projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal examiné le 11 janvier au Sénat, pour une mise en place autour du 17 janvier, rend à nouveau les Français de l'étranger fébriles. "On n'a pas de visibilité sur ce qui va se passer avec ce passe vaccinal", poursuit le résident d'Abou Dabi.  Encouragés par les autorités françaises à se faire vacciner contre le Covid-19 dans leur pays de résidence, de nombreux Français de l'étranger ont reçu des vaccins administrés par leur pays d'accueil, sérums validés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Problème, ces injections ne sont pas forcément reconnues par le schéma vaccinal mis en place par les autorités sanitaires françaises. Or, sans les quatre vaccins autorisés par la France – Pfizer, Moderna, Astra-Zeneca et Jansen –, pas de schéma vaccinal complet, donc pas de passe sanitaire. Et d'ici à mi-janvier, il n'y aura pas de passe-vaccinal non plus. "Ils ont laissé vacciner des Français avec du Sinopharm [le vaccin chinois] au lieu de prendre en charge avec des vaccins reconnus par l'UE, déplore Bruno*, journaliste français installé au Maroc. Du coup, obtenir son passe vaccinal français va encore relever du véritable défi".   Sinopharm, Sinovac, Sputnik, Covishield et conséquences  Jusque-là, les expatriés qui revenaient sur le sol français vaccinés avec Sinopharm, Sinovac [deux vaccins chinois], Sputnik [russe] ou Covishield [indien] avaient encore la possibilité de présenter un test antigénique ou PCR négatif pour accéder aux lieux où le passe sanitaire était obligatoire. Mais avec l'arrivée dans quelques jours du passe vaccinal, il n'y aura plus d'échappatoire possible. Conséquences, ces Français multiplient les doses vaccinales pour rentrer dans les clous de l'État français. "Que ce soit deux ou trois doses, c'est toujours la galère pour les personnes vaccinées avec Sinopharm, constate Frédéric. Aux Émirats arabe unis, c'est pourtant un vaccin qui est très utilisé depuis décembre 2020 et qui est reconnu par l'OMS. Pour obtenir mon passe sanitaire, j'ai donc reçu deux doses de Pfizer en plus des deux doses de Sinopharm qu'on m'avait déjà injecté. Pour avoir mon passe, faudra-t-il encore une nouvelle dose de Pfizer ?"  C'est le prix que certains expatriés acceptent de payer pour rentrer en France et disposer de leur passe vaccinal. De retour dans l'Hexagone à l'occasion des fêtes de fin d'année, Sophie, résidente au Maroc, a dû recevoir une dose de Pfizer s'ajoutant aux deux doses de sinopharm déjà reçues. Malgré les trois doses vaccinales reçues, les autorités sanitaires françaises lui ont signifié que cette dose de Pfizer n'était pas considérée comme un rappel. "Je dois encore recevoir une nouvelle dose de Pfizer pour avoir un schéma vaccinal complet, alors que j'ai déjà trois doses dans le corps. Je vais finir par voir des trucs étranges pousser sur mon corps avec tous ces vaccins", plaisante la jeune trentenaire. Quatre, cinq, certains expatriés ont même reçu jusqu'à six doses pour répondre au schéma vaccinal français dans les cas où le vaccin n'est ni reconnu par l'Agence européenne des médicaments (AEM) ni par l'OMS, comme le vaccin russe Spunik.  La survaccination n'entraîne pas de risque pour la santé  Ces survaccinations font-elles courir un risque pour la santé ou l'immunité de ceux qui les reçoivent ? "Non, répond clairement à France 24 Nathan Pfeiffer-Smadja, infectiologue de l'Hôpital Bichat à Paris. Ces personnes sont juste inutilement surprotégées. Ces multiples vaccinations ne posent pas de problème pour la santé, et n'ont pas d'effet négatif sur le système immunitaire. Elles ont juste un système immunitaire qui est très stimulé, ce qui n'est jamais un problème en soi."  Pour beaucoup d'internautes, ces problèmes d'homologation de vaccins relèvent davantage de choix politiques et économiques que de la santé publique. "Nous publions les données sur les vaccins qui nous parviennent, et elles sont par nature limitées, évolutives, contradictoires, car il y a d'énormes enjeux d'ordre politique, idéologique, économique, sociétal (bien plus hélas que sanitaire et scientifique) derrière ce vaccin", relève sur son compte Twitter Monique Plaza, chercheuse au CNRS au Laboratoire de psychologie et neurosciences cognitives. "On voit que ce n'est pas le multilatéralisme à la mode OMS qui l'emporte, mais plutôt le chacun pour soi, analysait Pascal Boniface dans un article de France 24 du 29 janvier 2021. Il y a un aspect Nord-Sud tout à fait visible. Alors qu'il y avait un discours sur le vaccin 'bien commun', les Occidentaux ont acheté 90 % des doses des deux vaccins américains." >> À lire aussi sur France24.com : Le vaccin anti-Covid au cœur des stratégies géopolitiques Ces survaccinations sont d'autant plus dommageables que certains expatriés vivent dans des pays où les vaccins se font parfois rares. "Les ambassades devraient prendre en charge la campagne de vaccination pour ses ressortissants, estime Bruno qui vit au Maroc. Le pays offre le vaccin à tous ceux qui se trouvent sur son sol, qu'ils soient citoyens marocains, résidants étrangers ou simples étrangers de passage… Mais en tant qu'expatrié français, on a un sentiment de culpabilité à prendre des vaccins Pfizer aux Marocains. À l'heure où l'on sait qu'il est impératif de disposer d'une vaccination efficace et collective, l'Afrique devrait vacciner en priorité sa population et non une partie des étrangers. C'est à la France de vacciner ses ressortissants, pas à l'Afrique."   *Prénom volontairement modifié par la rédaction pour préserver l'anonymat

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