Coupe du monde de rugby : l'Écosse a besoin d'un exploit contre l'Irlande
Avant-match
Un duel européen de haut vol voit l'Irlande affronter, samedi, au Stade de France, l'Écosse, en quête d'un exploit majuscule pour réussir à passer en phase finale. Les Écossais auront fort à faire contre un XV du Trèfle qui domine le rugby mondial depuis plus d'un an. Les Irlandais visent, eux, la première place d'une poule B très relevée dans laquelle se trouve aussi l'Afrique du Sud.
L'ouvreur écossais Finn Russell devra utiliser toute sa magie face à l'Irlande, le 7 octobre, pour que son équipe parvienne à se qualifier en phase finale.
Si l’Irlande et l’Écosse se sont déjà affrontées 140 fois, ces deux équipes ne se retrouveront que pour la deuxième fois face-à-face dans le cadre d’une Coupe du monde. Le premier affrontement s’était déjà produit en phase de poules, il y a quatre ans, avec une nette victoire irlandaise (27-3) à Yokohama. Le XV du Trèfle avait ensuite décroché sa qualification pour les quarts tandis que l’Écosse avait été éliminée de l’édition 2019.
Ce nouveau duel de Coupe du monde, qui se déroule samedi 7 octobre au Stade de France, doit décider de la qualification de ces deux équipes de la poule B pour la phase finale de la compétition. La balance penche clairement en faveur de l’Irlande, première nation au classement mondial depuis une quinzaine de mois. Celle-ci a remporté les huit dernières confrontations contre le XV du Chardon, en signant au passage deux grands chelems dans les tournois des Six Nations de 2018 et 2023. L’Écosse s’est, elle, contentée de la troisième place dans ces deux compétitions.
Effectué sur la base du classement mondial au 1er janvier 2020, le tirage au sort de cette Coupe du monde n’a clairement pas joué en faveur de l’Écosse, qui s’est retrouvée dans la poule B en compagnie de l’Irlande et de l’Afrique du Sud, deux équipes données favorites pour le titre mondial. Battus d’entrée par les Springboks (18-3), les Écossais conservent une maigre chance de qualification à condition de battre l’Irlande, invaincue depuis 17 matches, et de ne pas lui laisser le moindre point de bonus.
Les staffs de ces trois équipes encore en lice pour la phase finale enchaînent les calculs depuis plusieurs jours pour se préparer à tous les scénarios. Parmi eux se trouve celui d’une victoire écossaise avec bonus offensif et plus de 20 points d’écart qui coûterait alors à l’Afrique du Sud sa qualification. Quand cette option peu crédible a été soumise en conférence de presse au sélectionneur sud-africain, Jacques Nienaber a espéré que son équipe ne soit pas victime d’un match arrangé. Une déclaration peu appréciée par certains membres de l'encadrement écossais et irlandais, qui ont vivement réagi à l’évocation d’une telle hypothèse.
Le duel Russell-Sexton
Sur la pelouse du Stade de France, les Irlandais se méfieront particulièrement samedi de l’ouvreur écossais Finn Russell, capable de “sortir un tour de magie à chaque fois qu'il joue” selon Mike Catt, entraîneur de l'attaque du XV du Trèfle. Les inspirations de ce joueur imprévisible, qui a évolué les six dernières saisons dans le club du Racing 92, apportent en effet beaucoup à l’Écosse. Mais elles ne sont pas toujours flamboyantes et nourrissent aussi de nombreuses critiques contre ce joueur de 31 ans qui semble parfois pécher par désinvolture.
"Finn Russell est différent. Il va tenter des choses que les autres ne tentent pas", estimait pour sa part Laurent Travers, entraîneur du Racing 92, dans une interview accordée à France 2 lors du dernier Tournoi des Six Nations. Il avait ainsi été déterminant lors d’une confrontation devenue historique entre l’Angleterre et l’Écosse en mars 2019. Menés 31-0 à la 35e minute, les Écossais avaient réussi ce jour-là à finalement décrocher un match nul (38-38). Et Finn Russell avait magnifiquement distribué le jeu en deuxième mi-temps, s’offrant même un essai sur interception.
Souvent moqué pour son physique atypique dans le rugby professionnel et sa ceinture abdominale généreuse, Finn Russell "respire" le rugby et s'amuse sur le terrain. Au risque de perdre parfois des ballons sur des passes trop compliquées ou de manquer de précision au pied. Mais ses coéquipiers savent qu’il peut largement rivaliser avec l’expérimenté ouvreur irlandais Jonathan Sexton, adepte d’un rugby plus académique. Dans une interview accordée cette semaine à Virgin Media, Finn Russell dit certes s’attendre à un match difficile face à ce joueur clef qui "contrôle le jeu irlandais", mais il affiche cependant la même décontraction que d’habitude avant ce match crucial.
Une Écosse puissante et rapide
L’ouvreur écossais, qui évoluera à Bath après cette Coupe du monde, liste les armes de son équipe dans cet entretien et mentionne notamment les “trois-quarts dangereux” pour l'adversaire irlandais en les citant : Darcy Graham, Sione Tuipulotu, Huw Jones et Duhan van der Merwe. D’origine sud-africaine, ce dernier présente un physique impressionnant puisqu’il mesure 1,93 m pour 96 kilos, un gabarit plus proche d’un troisième ligne que d’un trois-quarts aile. Il possède également une belle pointe de vitesse qui lui permet de faire souffrir les défenseurs adverses.
D’autres joueurs nés en Afrique du Sud se retrouvent dans les rangs de l’équipe écossaise, comme les piliers Pierre Schoeman et Willem Petrus Nel. Ils bénéficient de l’expertise d’un autre natif de la nation arc-en-ciel, Pieter de Villiers, qui a, lui, porté le maillot du XV de France à 66 reprises. En charge de la mêlée écossaise depuis trois ans, l'ancien Bleu s’appuie sur des avants très solides et techniques qui savent également très bien se déplacer, à l’image du jeune troisième ligne Rory Darge.
Cette équipe écossaise puissante et rapide croit en sa capacité de réaliser l'exploit face à l’Irlande. Et elle espère que la chance sera cette fois de son côté en Coupe du monde. Pas comme en 2015. Dans son quart de finale face à l'Australie de l’édition de 2015, elle menait à deux minutes de la fin contre l’Australie. À la suite d’une action confuse, l’arbitre de la rencontre, Craig Joubert, avait choisi d’accorder une pénalité en faveur des Wallabies. L’ouvreur australien Bernard Foley avait réussi son coup de pied et l’Australie l’avait emporté d’un tout petit point (35-34). Quelques jours plus tard, l’organisme World Rugby avait reconnu une erreur d'arbitrage de Craig Joubert qui n’aurait pas dû siffler de pénalité. Une décision difficile à avaler pour les Écossais qui, huit ans après, rêvent de retrouver à la fois la phase finale... et le sourire en Coupe du monde.