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Insolite et Faits divers

"Cold cases" : "Une chance inouïe de travailler les crimes d'une façon différente", estime Me Corinne Herrmann, avocate d'Éric Mouzin

Les juges dédiés aux "cold cases" vont notamment "avoir comme spécialité de suivre les tueurs en série" avec les moyens nécessaires, se réjouit l'avocate. 98 dossiers ont déjà été remontés par le nouveau pôle judiciaire dédié, a appris franceinfo. Depuis la création le 1er mars d'un pôle judiciaire à Nanterre (Hauts-de-Seine) dédié aux "cold cases", l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) a fait remonter 98 dossiers, selon les informations de franceinfo. Il faudra ajouter ceux de la gendarmerie et de la préfecture de police de Paris. "C'est une chance inouïe de travailler les crimes d'une façon différente, d'être plus spécialisé. Je pense que ça va changer nos pratiques", commente mercredi 18 mai sur franceinfo Me Corinne Herrmann, spécialisée dans les affaires non résolues, avocate d'Éric Mouzin, le père d'Estelle Mouzin.  >> "Cold cases" : cinq questions sur le nouveau pôle judiciaire dédié aux crimes en série et aux affaires non élucidées franceinfo : Qu'est-ce que ça change de centraliser tous les dossiers ? C'est une nouvelle façon de les parcourir, de les regarder avec un œil nouveau, de les utiliser avec les techniques d'aujourd'hui ? Corinne Herrmann : C'est une demande qu'on a formulée depuis vingt ans et avec insistance depuis dix ans, devant des dossiers qui étaient en souffrance, devant les juges d'instruction qui ont souvent d'autres dossiers à traiter dans l'urgence. Ces dossiers étaient oubliés, ces dossiers étaient souvent abandonnés, ou en tout cas avançaient au ralenti. Et donc cette juridiction va permettre de traiter tous ces dossiers, dégagés de toutes les autres difficultés. On va avoir des juges qui sont spécialisés, qui vont avoir des moyens spécialisés, qui vont pouvoir être beaucoup plus efficaces sur ces dossiers. Dans l'approche de ces dossiers, on s'affranchit des limites habituelles, les limites géographiques et temporelles ? Oui tout à fait, puisqu'ils vont avoir comme spécialité de suivre aussi les tueurs en série. On a parfois des difficultés en raison des frontières géographiques, en raison de la difficulté de rapprocher des dossiers sur le territoire français. Avoir une vision sur tout le territoire des déplacements de certains crimes qui peuvent connaître des éléments de rapprochement pour pouvoir aussi identifier ces tueurs. Vous êtes spécialisée dans ces affaires criminelles non résolues. D'avoir une nouvelle juridiction qui rouvre certains dossiers, on l'imagine, c'est source d'espoir pour les proches, les familles des victimes qui, évidemment, veulent savoir ce qui s'est passé ? Bien sûr, c'est un immense espoir pour les familles qui sont en attente de justice, qui avaient des difficultés avec cette justice. Il n'y a pas que des réouvertures, il y a aussi des dossiers qui vont être repris des mains de certains magistrats, parce qu'ils n'avancent pas, parce qu'ils ont besoin de plus de moyens, parce qu'ils ont besoin d'un regard différent. Et on va avoir aujourd'hui des juges spécialisés. C'est l'espoir des familles d'abord d'être entendues par ces magistrats, d'être considérées par ces magistrats et de pouvoir travailler avec ces magistrats. À terme, on envisage d'ouvrir 150 dossiers pour trois juges d'instruction. Est-ce que c'est assez en termes de moyens d'avoir seulement trois juges pour ouvrir autant d'affaires qui sont évidemment des affaires compliquées ? Je pense qu'il y aura beaucoup plus de dossiers que ces 150 dossiers. Ça va être une pré-sélection, j'imagine. Évidemment, c'est difficile de dire combien on a été en échec sur des dossiers. Rien qu'au cabinet nous avons 80 dossiers, donc on va dépasser ces 150 dossiers sur le territoire. Maintenant, il faut bien un commencement. On commence par un bout, et c'est une chance inouïe de travailler les crimes d'une façon différente, d'être plus spécialisé. Je pense que ça va changer nos pratiques. C'est une chance inouïe déjà d'avoir ces trois juges qui vont reprendre ces dossiers. Je pense que par la suite, comme le pôle antiterroriste, comme le pôle financier, ce pôle est appelé à grandir, à avoir plus de magistrats et plus de moyens.

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