CES 2022 : les start-up françaises misent sur le salon de Las Vegas dédié à l’innovation, véritable accélérateur de projets
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La rédaction de franceinfo
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Près de 130 exposants français ont fait le déplacement à Las Vegas pour le Consumer Electronic Show qui s'ouvre ce mercredi. L'Hexagone est le deuxième pays le plus représenté cette année, derrière les États-Unis.
Annulé en 2021, le Consumer Electronic Show (CES) est à nouveau perturbé par le Covid-19 cette année. Plus d'un million de cas ont été annoncés mardi 4 janvier aux États-Unis, un record. Dans ce contexte, de nombreuses entreprises ont annulé leur participation au plus grand salon professionnel dédié aux nouvelles technologies, qui s'ouvre ce mercredi 5 janvier à Las Vegas.
Des poids-lourds comme Google, Facebook, Amazon ou le fabricant d'ordinateurs Lenovo sont absents. Certains observateurs prédisent donc un salon sans doute moins décisif, en termes de business notamment. Pendant trois jours, les entreprises et les start-up les plus innovantes au monde doivent en effet présenter leurs nouveaux produits. Mais le consultant Olivier Ezratty n'est pas aussi pessimiste : "Les grands exposants ne sont pas forcément les plus innovants. Par exemple, quand on visite le stand de Samsung ou de LG, ils nous présentent un frigo encore plus intelligent que l'année précédente, mais en général ils sont aussi bêtes que d'habitude", plaisante cet habitué du CES. "L'innovation se détecte beaucoup plus en allant voir les petites entreprises sur ce genre de salon".
Moins d'exposants présents
Ces innovations, qui attirent plus de 170 000 visiteurs chaque année, sont d'ordinaire présentées par 4 500 exposants. Mais cette année, seules 2 000 entreprises sont représentées, dont près de 130 françaises. C'est moins que les années précédentes, mais la France reste l'un des pays qui envoit le plus grand nombre de start-up au CES. L'Hexagone est même le deuxième le plus représenté en 2022, derrière les États-Unis.
Pour le consultant Olivier Ezratty, "le lancement du label French Tech fin 2013, début 2014" n'est pas étranger à ce succès. "Cet élément symboliquement important a donné envie aux entreprises d'exporter. Cela a aussi été amplifié par les investissements des grandes entreprises françaises, qui ont emmené leurs propres start-up, comme La Poste ou Engie", analyse-t-il.
Pour comprendre ce que cherchent ces entreprises au Consumer Electronic Show, franceinfo s'est rendu au technopôle d'Aix-en-Provence. Sur la centaine de jeunes entreprises spécialisées dans le domaine de l'environnement qui s'y trouvent, une dizaine sont présentes à Las Vegas, dont MACA Flight. Son directeur, Thierry de Boisvilliers, souhaite mettre au point une voiture volante fonctionnant à l'hydrogène. "Cela ressemble à une Formule 1", explique-t-il. "Ce véhicule va décoller comme un hélicoptère, et se déplacer comme un drône de 600 kilos, avec hydrogène embarqué et pilote à bord."
Frédéric Guilleux, responsable du technopôle d'Aix-en-Provence, Elsa Macario, co-fondatrice d'Agrove, Saadi Brahmi, gérant de Solable et Thierry de Boisvilliers, co-fondateur de Maca Flight, à Aix-en-Provence. (BORIS HALLIER / FRANCE-INFO)
Dans un premier temps, Thierry de Boisvilliers prévoit d'organiser des courses avec ces engins volants. Et il compte bien "toucher le public, mais aussi des investisseurs. Car il faudra tout de même un budget relativement conséquent pour développer ce véhicule, surtout lorsqu'on passera au stade de la certification", explique le chef d'entreprise, qui espère lever à terme 20 millions d'euros.
Ce rôle d'accélérateur du CES est réél, confirme Saadi Brahmi, à l'origine d'une technologie de purification de l'eau grâce aux UV : "On a été submergé de contacts d'industriels, de distributeurs ... Et avec Auchan, Décathlon et Boulanger, nous avons pu démarrer une collaboration commerciale", après la présentation de son concept à Las Vegas en 2018.
Même si pour ces entreprises, avoir un stand au Consumer Electronic Show de Las Vegas coûte cher. "C'est en moyenne entre 10 000 et 15 000 euros d'investissement", explique le directeur du technopôle d'Aix-en-Provence, Frédéric Guilleux. "Mais on s'aperçoit qu'à chaque fois, l'essai est transformé", ajoute-t-il, puisque "sur ces cinq dernières années, la métropole Aix-Marseille-Provence détient le record du monde du nombre d'Awards", les trophées décernés aux entreprises les plus innovantes. "Plus de 30 au total", conclut-il.