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Insolite et Faits divers

Ce que l'on sait du retour en France des 15 femmes et 40 enfants rapatriés des camps syriens

Cette opération illustre le changement de doctrine de l'Etat français, condamné par la Cour européenne des droits de l'homme pour sa politique du cas par cas en la matière.  C'est la plus grosse opération de rapatriement de ce type depuis trois mois. Le ministère des Affaires étrangères a annoncé, jeudi 20 octobre dans un communiqué, que "15 femmes et 40 enfants" ont été rapatriés de Syrie dans la nuit. Un rapatriement de 16 femmes et 35 enfants avait déjà eu lieu début juillet. Entre-temps, une femme et ses deux enfants avaient également regagné la France début octobre. Voici ce que l'on sait à propos du retour de ces 55 personnes sur le sol français. Des femmes âgées de 19 à 42 ans et plusieurs orphelins   Les rapatriés étaient retenus dans des camps de prisonniers jihadistes contrôlés par les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie, précise le ministère des Affaires étrangères. Parmi les 40 enfants, sept sont orphelins ou, du moins, isolés, précise le Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un communiqué. Bon nombre d'entre eux sont nés là-bas.  Les femmes sont pour leur part âgées de 19 à 42 ans. Elles font partie de ces Françaises qui s'étaient rendues volontairement dans les territoires contrôlées par le groupe Etat islamique en Syrie et en Irak et ont été capturées lors de la chute de l'EI en 2019. D'autres Français se trouvent encore dans ces camps. "Il reste environ 160 enfants et 70 femmes", a affirmé jeudi sur franceinfo Marie Dosé, avocate pénaliste au barreau de Paris et représentante du Collectif familles unies, qui rassemble les proches et familles de femmes et enfants retenus en Syrie. Parmi eux, les "orphelins" doivent "être une priorité", a ajouté l'avocate, qui craint "qu'ils ne soient pas tous rentrés". Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a déclaré jeudi sur LCI qu'il restait "encore quelques dizaines d'autres enfants à rapatrier". "Il y aura quelques mouvements de rapatriements collectifs. Cela se fait progressivement", a-t-il ajouté. Les mineurs pris en charge par l'Aide à l'enfance, les adultes remises à la justice ou à la DGSI Les mineurs, séparés de leurs mères, "ont été remis aux services chargés de l'Aide à l'enfance et feront l'objet d'un suivi médico-social. Les adultes ont été remises aux autorités judiciaires compétentes", détaille le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué.  Trois femmes doivent être présentées à un juge d'instruction antiterroriste pour être mises en examen, précise de son côté le Pnat. Les autres ont été placées en garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Elles faisaient l'objet d'un mandat de recherche. Cette judiciarisation correspond à une procédure mise sur pied spécifiquement pour les retours des ressortissants français depuis des camps de prisonniers jihadistes. >> Syrie : quelles sont les étapes qui attendent les mères et les enfants rapatriés en France ? Parmi les personnes placées en garde à vue, figure une jeune femme de 19 ans, emmenée en Syrie quand elle était mineure, rapporte le parquet antiterroriste. Cette jeune femme "se voit reprocher de s'être maintenue là-bas alors qu'elle a été amenée en Syrie par ses parents. Tous les mineurs dans ce cas sont systématiquement mis en examen lorsqu'ils deviennent majeurs", a commenté Marie Dosé auprès de franceinfo. L'une de ses clientes avait 10 ans quand elle est partie. Elle ne fait pas partie des rapatriées. "Elle est toujours sur place, c'est un scandale", dénonce la pénaliste. Un soulagement mais une "demi-victoire" pour les familles Dans un communiqué, le Collectif familles unies "souhaite la bienvenue à tous ceux qui rentrent". "Que ces enfants, durement éprouvés par des années de captivité, se reconstruisent et soient heureux, qu'ils puissent enfin vivre une vie d'enfant et retrouver leur famille", se félicite l'association dans un communiqué. "C'est une excellente nouvelle (...) mais une demi-victoire car 40 enfants ont été rapatriés et il en reste plus de 170 dans le camp de Roj", souligne auprès de l'AFP Amine Elbahi, juriste et habitant de Roubaix, qui se battait pour obtenir le rapatriement de ses neveux détenus avec sa sœur. Il espère voir prochainement son neveu et sa nièce mais attend des précisions à ce sujet. "J'ai tellement hâte !", a-t-il confié, précisant qu'il allait entreprendre "des démarches pour les récupérer à la maison", même si cela devrait prendre "du temps, et c'est normal". Selon lui, les enfants, qui "ont manqué terriblement d'accès aux soins et à la nourriture dans le camp", sont dans un "état médical et psychologique assez inquiétant". "C'est une bonne nouvelle. Mais je ne peux m'empêcher de penser à ceux qu'on a laissés là-bas et qui voient partir leurs copains, les mamans de leurs copains et qui doivent se dire : 'Mais pourquoi pas moi ?'", souligne de son côté Marie Dosé. "Ce qui est terrible, c'est que ces opérations de rapatriement se font au compte-gouttes, même si, là, on salue le fait que les enfants rentrent enfin avec leur mère et qu'on n'est pas sur quatre ou cinq ou six enfants, mais sur des dizaines de femmes et d'enfants", poursuit-elle. Un changement de doctrine de la France Selon le Collectif familles unies, cette opération de rapatriement scelle "le renoncement à la politique du cas par cas, qui consistait à rapatrier arbitrairement tel ou tel enfant, et à effectuer ainsi un tri abject (...) en les séparant de leur mère laissée sur place et parfois de leur fratrie". "La France est acculée après quatre ans de procédures. Elle a été condamnée par le Comité des droits de l'enfant. Elle a été condamnée par la Cour européenne. Elle n'a plus le choix de faire le choix de la responsabilité et de l'humanité", appuie Marie Dosé. La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné la France le 14 septembre pour ne pas avoir étudié de manière appropriée ces demandes de rapatriement. Le ministère des Affaires étrangères s'est depuis dit prêt à "envisager" de nouveaux retours, "chaque fois que les conditions le permettraient". Pour Marie Dosé, "ce qui est désolant, c'est que la France a mis quatre ans à le faire et que, quatre ans, c'est le temps d'une enfance". 

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