Catastrophe de Brétigny-sur-Orge : "La SNCF a fait tout ce qu'elle pouvait pour cacher la vérité", affirme un avocat de victimes
Catastrophe de Brétigny-sur-Orge : "La SNCF a fait tout ce qu'elle pouvait pour cacher la vérité", affirme un avocat de victimes
Il y a neuf ans, neuf personnes sont mortes et 200 autres blessées après le déraillement d'un train dans cette gare de l'Essonne. La compagnie ferroviaire est jugée à partir de ce lundi pour homicides et blessures involontaires.
Il est aux alentours de 17 heures, ce vendredi 12 juillet 2013, lorsqu'un train Corail à destination de Limoges, roulant à 137 km/h, déraille en gare de Brétigny sur Orge (Essonne). Il avait quitté la gare d'Austrelitz à Paris, 18 minutes plus tôt avec à son bord 400 voyageurs. L'accident fait sept morts et près de 200 blessés.
Lauriane, 28 ans, et sa nièce de 5 ans font partie des passagers. Elles n'ont été que légèrement blessées mais neuf ans après l'accident, la jeune femme reste traumatisée : "En l'espace de quelques secondes, c'est le chaos. On a été projetées et il a fallu s'accrocher. Les gens nous sont tombés dessus. On ne comprend pas trop ce qui se passe. Les secouristes, les gens à terre, les sirènes..."
Lauriane ne peux toujours pas remonter dans un train ou un métro aujourd'hui. Les traumatisés, les blessés, les endeuillés... Au total, 184 personnes se sont constituées parties civiles pour le procès de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge qui s'ouvre lundi 25 avril devant le tribunal correctionnel d'Evry (Essonne) pour au moins six semaines. Des victimes partagées entre l'appréhension de replonger dans ce drame et la soif de comprendre comment ces deux wagons ont pu sortir des rails.
La SNCF - poursuivie pour homicides et blessures involontaires, tout comme SNCF Réseau et un cadre de l'entreprise publique - plaide le défaut de métallurgie imprévisible. Les experts eux pointent du doigt des boulons manquants, des boulons usés et des fissures non surveillées sur une éclisse, cette tige sensée relier deux rails entre eux et qui ce jour-là a cédé. Au coeur des débats aussi, la question de la bonne volonté de la compagnie ferroviaire.
Les larmes de Guillaume Pepy
Le jour même du déraillement, le PDG de la SNCF, Guillaume Pepy, déclarait avec des sanglots dans la voix : "Les enquêtes ont déjà commencé, les experts sont sur place. La première pensée c'est la solidarité vis-à-vis des victimes et de leurs familles et une très, très grande émotion. Parce que les catastrophes ferroviaires sont quelque chose qui bouleverse l'ensemble de ceux qui sont attachés aux trains dans nos pays."
Après avoir versé quelques larmes, Guillaume Pepy promet alors la plus grande transparence. Un engagement non tenu, juge Me Gérard Chemla, l'avocat de plusieurs parties civiles : "Vous avez eu deux tonalités extrêmement différentes. Vous aviez Guillaume Pepy qui a expliqué 'C'est notre faute, nous allons faire la vérité'. Et puis, de l'autre côté, toutes les équipes de la SNCF qui ont fait tout ce qu'elles pouvaient pour que la vérité soit cachée."
Aucun représentant de la SNCF n'a souhaité répondre aux questions de franceinfo avant ce procès. La seule personne physique poursuivie est un cheminot directeur de proximité à l'époque sur cette zone. Sur sa tournée des voies, huit jours avant l'accident de Brétigny-sur-Orge, il n'avait rien noté au sujet de la pièce qui a cédé. Dans le même temps, il écrivait un SMS à une amie : "C'est la merde à Brétigny, ça pète dans tous les sens..."