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Canada : avec les héritiers de la Nouvelle-France, à l’heure du déclin du français

Billet retour nous emmène au Canada, à la rencontre de la diversité des accents et des cultures francophones du pays, alors que l'usage du français poursuit son déclin face à la majorité anglophone. De Port-Royal, en Nouvelle-Écosse, à Toronto, en Ontario, en passant par le Nouveau-Brunswick et le Québec, que reste-t-il de la Nouvelle-France du 18e siècle ? Reportage de notre correspondant. À son apogée, vers 1750, la Nouvelle-France, colonie d’Amérique du Nord qui appartenait au Royaume de France, étendait son influence du fleuve Saint-Laurent, à l’est du Canada, au pays cajun, dans l’actuelle Louisiane, au sud des États-Unis. Mais suite à la guerre et à la victoire de la flotte anglaise, la langue de Molière a subi des influences inédites, ballottée entre les langues autochtones et anglo-saxonne, avec leurs variations américaines. Aujourd’hui, en Nouvelle-Écosse, tout à l’est du Canada, seulement 5 % de la population est restée francophone. Mais sur l’autre rive de la baie de Fundy, dans le Nouveau-Brunswick, on peut entendre parler le “chiac” : ce français parlé de la ville de Caraquet, au nord-est, à celles de Shédiac et Moncton, au sud-est, où se tient chaque été le festival Acadie Rock. La province compte 40 % de francophones, même si elle enregistre une prédominance de l’anglais dans les commerces et l’éducation. Sécuriser l’avenir Dans le Québec voisin, le Premier ministre de la province multiplie les coups de force en faveur du français. “Une question de survie”, estime François Legault. Son gouvernement nationaliste, responsable des plus grandes réformes linguistiques de ces cinquante dernières années, s’est au passage fait des ennemis. En témoignent les manifestations contre la loi 96 – qui avait pour but de "consolider le statut du français comme langue commune et officielle du Québec" –, organisées par une partie des 9 % d’anglophones que compte la “Belle province”. En Ontario, province du centre-est du Canada, en bordure des Grands Lacs et des États-Unis, autrefois appelé le “Haut Canada”, les Franco-Ontariens veulent, quant à eux, continuer à étudier et à vivre en français. Des établissements francophones proposent d’ailleurs de mettre sur pied un réseau d’éducation universitaire entièrement “par et pour les Franco-Ontariens''. Ensemble, elles formeraient le RUFO, le Réseau des universités francophones de l’Ontario. Pour comprendre jusqu’où subsiste la langue française en terre canadienne, il faut suivre les pas de la “Conquête de l’Ouest” dans le pays. Les archives militaires attestent d’une présence française jusqu’en Saskatchewan, province du centre du Canada, où fut établi l’éphémère fort La Jonquière, en 1751. Dernièrement, au niveau du gouvernement fédéral, une impulsion majeure a été donnée avec l’adoption à la Chambre des Communes a du projet de loi C-13, le 15 mai 2023. Le texte, salué comme "historique", réforme la loi sur les langues officielles. Il vise principalement à freiner le déclin du français dans le pays, afin que la langue de Molière n’appartienne pas seulement au passé... et qu’elle reste bel et bien un projet d’avenir.

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