CAN 2024 : Walid Regragui, le finaliste déçu de 2004 en mission avec le Maroc
AVANT-MATCH
De notre envoyé spécial en Côte d'Ivoire – Auréolé de sa performance historique au Mondial-2022, le Maroc de Walid Regragui arrive avec le costume de favori à la CAN 2024, au moment d'entamer sa compétition contre la Namibie. Le sélectionneur ne s'en cache pas : le trophée continental est son unique objectif, 20 ans après avoir perdu une finale de Coupe d'Afrique en tant que joueur.
"Seule la victoire est belle." Voici une antienne de Peggy Bouchet – et de Thibaut Pinot – en laquelle Walid Regragui croit profondément. Le sélectionneur du Marocarrive en Côte d'Ivoire pour la Coupe d'Afrique des nations avec un seul objectif : la victoire finale. Et qu'importe qui se trouvera sur son chemin. La modeste Tanzanie, son premier adversaire dans le groupe F mercredi 17 janvier, est prévenue.
Son objectif, le charismatique technicien l'a affiché à plusieurs reprises. Dans la foulée de l'exploit du Maroc au Qatar, à jamais la première nation africaine en demi-finale du Mondial, il avait même annoncé qu'il démissionnerait s'il ne remportait pas la compétition continentale.
Au moment de présenter sa liste dans les médias marocains, l'entraîneur africain de l'année 2023a répété son souhait, tout en tempérant la menace qui planerait sur son poste : "Nous voulons nous maintenir au même niveau [qu'au Mondial-2022]. Je veux arriver au minimum en demi-finale", a-t-il déclaré. "Si je n'y arrive pas, je m'en irai et le nouveau coach devra continuer dans le même état d'esprit. C'est comme ça que le Maroc progressera."
La victoire ou rien ! Une mentalité qu'il inculque inlassablement à ses joueurs : "Ce qui est important, c'est l'état d'esprit, on doit y aller en toute confiance pour dépasser la malédiction de la Coupe d'Afrique".
Une "malédiction" du Maroc en Afrique qui commence à inquiéter dans le royaume. En effet, si le Maroc est l'un des plus assidus représentants de l'Afrique en Coupe du monde avec six participations, un huitième de finale d'anthologie en 1986 et désormais la demi-finale historique 2022, le royaume n'a remporté qu'une seule CAN en 18 participations.
Frustré de la finale de 2004
Cette victoire à la CAN, c'était en 1976 et Walid Regragui n'était qu'un bébé de six mois, troisième enfant d'une famille marocaine immigrée en France. Depuis, les désillusions se sont enchaînés pour le Maroc et celui qui est désormais sélectionneur était aux premières loges de l'une d'entre elle : la finale perdue de 2004 chez le voisin tunisien. Latéral droit de l'équipe type de la compétition, il ne parvient pas à empêcher la défaite des siens contre le pays hôte (1-2).
Une finale perdue qui doit rester comme une blessure pour le Franco-Marocain quand on connait sa mentalité de battant. Aux commandes des Lions de l'Atlas, il a désormais l'opportunité de changer son histoire et celle de sa sélection de cœur.
Un équilibre entre anciens et nouveaux
Walid Regragui s'appuie sur la même équipe qu'au Qatar, avec sa colonne vertébrale : Yassine Bounou, Achraf Hakimi, Romain Saïss, Sofyan Amrabat, Hakim Ziyech et Youssef En-Nesyri. Il a aussi renforcé son groupe avec des jeunes comme Ez Abde et Chadi Riad, du Betis Séville, ou encore Ismael Saibari, du PSV Eindhoven. Un équilibre entre jeunes et anciens qui a été le fil conducteur de toute sa carrière de joueur puis d'entraîneur.
"On a un bon équilibre entre le présent et l'avenir", promet Walid Regragui. Les trois "Lionceaux" de l'Atlas ont remporté en 2023 la première CAN Espoirs du Maroc et ambitionnent de faire de même avec leurs aînés.
C'est la marque de fabrique Regragui : toujours viser haut, très haut. Mais gare à se voir trop beau ! Le Mondial n'est pas l'Afrique où les chaleurs extrêmes et les aléas propres aux CAN changent des paillettes de la Coupe du monde. Mais Walid Regragui a aussi le mode d'emploi africain, au moins pour gagner en club, puisqu'il a remporté la Ligue des champions de la CAF avec le Wydad Casablanca juste avant de prendre les rênes du Maroc.
Une des clés, c'est de ne pas se prendre les pieds dans le tapis d'entrée. Un exercice délicat sur lequel ont déjà trébuché plus d'un favori ou d'un outsider depuis le début de la compétition à l'image du Nigeria, de l'Égypte, du Ghana, de l'Algérie ou encore de la Tunisie.
"Le calendrier nous sert parfois. Nous jouons en dernier donc nous avons vu les résultats. Mais nous sommes motivés. Cela ne nous fait pas peur. Nous allons respecter l’équipe [adverse]. Il n’y a pas de petite équipe. Tout le monde est conscient qu’il faut être à 100 %", a annoncé le coach, optimiste, en conférence de presse juste avant Maroc - Tanzanie.