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Sports

CAN 2024 : après l'élimination du Maroc, la désillusion du football nord-africain

Avec la défaite surprise du Maroc mardi soir face à l'Afrique du Sud, le football nord-africain n'aura aucun représentant en quarts de finale de la Coupe d'Afrique des nations, une première en dix ans. Une situation rare mais qui illustre une tendance de fond : les pays du Maghreb peinent à s'imposer en Afrique subsaharienne. L'entraîneur du Maroc Walid Regragui et le défenseur Achraf Hakimi après leur défaite lors du match de football des huitièmes de finale de la Coupe d'Afrique des Nations 2024 entre le Maroc et l'Afrique du Sud au stade Laurent Pokou à San-Pédro, le 30 janvier 2024. Après le Sénégal, c'est un autre favori de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) 2024 qui doit plier bagage. Le Maroc est tombé mardi 30 janvier à San-Pédro face l'Afrique du Sud (2-0) dès les huitièmes de finale, anéantissant les espoirs d'un second titre de champion continental pour les Lions de l'Atlas. "J'ai échoué, c'est mon échec, pas celui des joueurs", a déclaré le sélectionneur, Walid Regragui, alors qu'il avait fixé les demi-finales comme objectif minimum. "Mais ce n'est pas la fin du monde, on n'est pas la seule équipe, beaucoup de favoris (ont été éliminés), on va revenir plus fort, même si ça fait longtemps qu'on attend", a-t-il lancé, allusion à la seule victoire du Maroc en CAN, en 1976. Première équipe africaine à atteindre le dernier carré d'un Mondial en décembre 2022, le Maroc semblait pourtant avoir toutes les cartes en main pour aller loin dans la compétition. Mais face à l'Afrique du Sud, les Lions de l'Atlas, contraints de devoir faire le jeu, n'ont jamais réussi à trouver la faille dans la défense des Bafana Bafana. Le football nord-africain passe à la trappe Les hommes de Walid Regragui ont cru trouver le salut à quatre minutes du terme, lorsqu'ils ont obtenu un penalty, mais Achraf Hakimi a manqué l'égalisation en envoyant le ballon sur la transversale avant que les Sud-Africains n'inscrivent un deuxième but dans les arrêts de jeu sur un coup franc magistral. "Le Maroc ne voulait pas se livrer et on peut le comprendre quand on voit les qualités offensives de cette équipe sud-africaine. Mais au final, ils ont fait un match insipide et ils vont sans doute regretter de ne pas être entrés plus tôt dans leur match", estime sur l'antenne de France 24 François Pinet, journaliste sportif à RMC. Avec l'élimination du Maroc, la CAN 2024 voit le dernier représentant du football nord-africain quitter la compétition au niveau des quarts de finale : l’Algérie et la Tunisie ont été éliminées dès le premier tour, l’Égypte, géant continental avec sept couronnes, a chuté dès les huitièmes de finale face à la RD Congo. Il faut remonter à 2013 et à la CAN organisée en Afrique du Sud pour constater un tel fiasco. "À l'époque, il n'y avait que 16 équipes. Aujourd'hui, sur 24, aucune ne passe", note le journaliste Xavier Barret. "À l'image du Maroc, les équipes du Maghreb ont du mal lors des CAN organisées en Afrique subsaharienne mais on pensait que cette tendance avait été corrigée." Calendrier, climat... Alors qu’elles brillent souvent à domicile, les équipes nord-africaines ont les plus grandes peines à s'imposer au sud du Sahara. L'Égypte sort toutefois du lot avec ses victoires en 1998 au Burkina Faso, en 2008 au Ghana et en 2010 en Angola. Une réussite que les Égyptiens doivent en grande partie à une ossature d'équipe solide, formée par des joueurs locaux, habitués aux conditions de jeu et au climat du continent. Même les stars des Pharaons expatriées en Europe, comme Mohamed Salah, ont débuté leur carrière en Égypte. En revanche, les binationaux marocains, et dans une moindre mesure algériens ou tunisiens, qui n’ont jamais joué dans un club de leur pays d’origine ont parfois des difficultés à s'acclimater. Autre problème soulevé depuis de nombreuses années : le calendrier. Organisée traditionnellement entre les mois de janvier et mars, la CAN représente un défi supplémentaire pour les organismes des joueurs nord-africains évoluant dans les championnats européens. Mais ces explications souvent avancées pour justifier les contre-performances des équipes du Maghreb ne suffisent pas à expliquer une telle déroute, estime le journaliste tunisien Ahmed Adala. "Les sélections nord-africaines, leurs entraîneurs, leurs supporters et les dirigeants du football dans ces pays vont devoir mettre les pieds sur terre. Laissons les conditions (chaleur et humidité) à côté, remettons les pieds sur terre. L’arrogance, les déclarations futiles, les choix, les stratégies. Tout est à revoir. Encore une leçon", cingle sur X le journaliste de Mosaïque FM. Une édition un peu folle Avec cette élimination des équipes nord-africaines dès les quarts de finale, la CAN 2024 confirme son statut de compétition au scénario imprévisible. Au-delà du sort cruel réservé aux formations du Maghreb, une autre statistique interpelle : tous les derniers qualifiés au Mondial du Qatar (Ghana, Cameroun, Tunisie, Maroc, Sénégal) sont déjà rentrés à la maison. "Il faut aussi signaler qu'aucun des quarts-de-finaliste ne l'était lors de la dernière édition. Ce qui est quand même fou. Les cartes ont été complètement redistribuées en deux ans. Aujourd'hui, on sait qu'il n'y a plus de petites équipes et qu'il faut être capable de faire le jeu", analyse François Pinet. Dans ces conditions, bien peu se risquent au petit jeu des pronostics. Pour se hisser dans le dernier carré, l'Afrique du Sud aura fort à faire face à la surprenante équipe du Cap-Vert, qui jouera le deuxième quart de finale de son histoire. Le choc entre le Mali et la Côte d'Ivoire s'annonce tout aussi incertain : après avoir éliminé le champion en titre sénégalais, les Éléphants font désormais figure de grands favoris avec le Nigeria. Une étiquette qui jusqu'à présent n'a pas porté bonheur aux équipes de cette CAN. 

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