Brexit : plus de la moitié des magasins Marks & Spencer ferment leurs portes en France
Victime de problèmes d'approvisionnement liés au Brexit, la chaîne britannique a annoncé jeudi qu'elle allait fermer 11 magasins en France. Une centaine d'emplois sont menacés dans l'Hexagone.
Mauvaise nouvelle pour les amateurs de cheddar et autre moutarde à l'anglaise. L'enseigne Marks & Spencer va fermer onze magasins en France, soit plus de la moitié de ses vingt sites dans le pays, blâmant les problèmes d'approvisionnement liés au Brexit.
"Les procédures d'exportation longues et complexes désormais en place à la suite de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne limitent considérablement l'approvisionnement en produits frais et réfrigérés du Royaume-Uni vers l'Europe" et "pèsent sur la disponibilité des produits [en France]", justifie le groupe jeudi 16 septembre.
Le partenariat de M&S avec SFH, l'un de ses deux partenaires dans l'Hexagone, "va s'arrêter, ce qui aura pour conséquence la fermeture de ses onze magasins en franchise", majoritairement situés à Paris, d'ici à la fin de l'année, précise le communiqué.
Une centaine d'emplois sont concernés par ces fermetures, selon Marks & Spencer, qui précise que SFH "a ouvert des consultations" avec les salariés en question.
En revanche, les neuf magasins Marks & Spencer détenus par Lagardere Travel Retail, le deuxième partenaire du groupe en France, resteront ouverts. Il s'agit de boutiques situées dans les aéroports, gares ou stations de métro qui "continueront à fonctionner normalement".
"M&S a une longue histoire au service de ses clients en France et ce n'est pas une décision que nous, ou notre partenaire SFH, avons prise à la légère", a regretté Paul Friston, responsable de Marks & Spencer pour l'international.
Procédures complexes
Le site Internet du groupe en France, géré directement par M&S et qui vend principalement des vêtements et des produits pour la maison, ne sera lui pas affecté par les fermetures de magasins.
"La bureaucratie qui accompagne les changements majeurs comme le Brexit peut causer des dommages, en particulier pour les entreprises déjà confrontées à des vents contraires", selon Sophie Lund-Yates, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Mais "il serait erroné de voir cela comme un déraillement total des activités de M&S en France", alors que les boutiques dans les gares ou les aéroports "sont susceptibles d'être plus résistantes que celles situées en ville sur le long terme".
En dépit de l'accord commercial signé entre Londres et Bruxelles juste avant Noël, la sortie effective britannique du Royaume-Uni a compliqué et renchéri les procédures d'import-export, notamment pour les produits frais et carnés, avec de nombreuses nouvelles formalités.
Dans la foulée du Brexit devenu réalité au premier janvier, le groupe avait déjà annoncé en avril retirer tous les produits frais de ses magasins en République Tchèque pour se concentrer sur les produits surgelés et ceux pouvant se conserver à température ambiante.
Retrouver une santé financière
Ce n'est pas la première fois que M&S se retire du marché européen : en 2001, le groupe, en difficulté, avait pris la décision radicale de fermer tous ses magasins sur le continent, dont dix-huit en France, pour se recentrer sur le marché britannique.
La marque avait fait son retour en 2011, mais avait à nouveau annoncé cinq ans plus tard la fermeture de sept magasins en France et de plus d'une centaine dans le monde.
"Compte tenu de cet historique et de la volonté de l'actuel PDG Steve Rowe de rendre à l'enseigne sa santé financière, voire sa raison d'être, les consommateurs et les actionnaires ne devraient pas être surpris par cette décision de réduire sa présence en France", selon Russ Mould, analyste chez AJ Bell.
"Le Brexit a encore compliqué les choses" et les opérations en France n'étaient pas prioritaires, selon lui, alors que "M&S s'était plaint publiquement des difficultés à approvisionner ses magasins en Irlande du Nord – qui fait partie du Royaume-Uni".
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Longtemps en perte de vitesse, la chaîne de magasins avait annoncé fin août un bond de ses ventes dans l'alimentaire et l'habillement, après un plan de restructuration lancé depuis plus d'un an en raison de la pandémie consistant à fermer des magasins, supprimer 7 000 emplois et mettre l'accent sur les ventes en ligne pour enrayer les baisses de fréquentation.
Le gouvernement britannique, confronté aux difficultés d'approvisionnements du pays, a de son côté décidé mardi de reporter l'introduction de vérifications complètes pour les produits en provenance de l'UE.
De nouvelles règles sur l'importation de produits d'origine animale devaient ainsi être introduites à partir du mois prochain, mais le gouvernement britannique a dit vouloir laisser aux entreprises "plus de temps pour se préparer à ces contrôles qui seront mis en place progressivement tout au long de 2022".
Avec AFP