Aveux du cardinal Ricard : les fidèles bordelais sous le choc saluent la transparence de l'Église
Le cardinal français Jean-Pierre Ricard avant un conclave pour élire un nouveau pape le 4 mars 2013 au Vatican.
À Bordeaux, les aveux du cardinal Ricard, ancien archevêque qui a reconnu un comportement "répréhensible" avec une adolescente de 14 ans, ont bouleversé la plupart des fidèles. Si certains se disent très "choqués", beaucoup saluent le travail de transparence de l'Église sur les violences sexuelles.
À Bordeaux, certains fidèles sont trop "secoués" pour s'exprimer. Après les aveux du cardinal Ricard d'un comportement "répréhensible" avec une adolescente de 14 ans, des fidèles du diocèse bordelais, où le prêtre a longtemps officié, se disent très "choqués", mais saluent le travail de transparence de l'Église sur les violences sexuelles.
L'évêque de Nice avait saisi la justice dès le 24 octobre sur le cas du cardinal Ricard, qui a reconnu lundi avoir eu un comportement "répréhensible" envers une adolescente dans les années 1980, a annoncé mardi le parquet de Marseille dans un communiqué.
Le parquet a ouvert une enquête préliminaire pour "agression sexuelle aggravée afin de vérifier dans un premier temps la nature exacte des faits dénoncés ainsi que leur datation". Selon le parquet, le cardinal Jean-Pierre Ricard aurait reconnu auprès de l'évêque de Nice avoir "embrassé" cette jeune fille.
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À la sortie de la cathédrale Saint-André, en face de la mairie de la cité girondine, quatre dames aux cheveux blancs, l'une se tenant avec une canne, s'attardent après la messe de 18 heures, lors de laquelle elles ont appris l'information. Mais elles préfèrent garder le silence face aux journalistes.
Paul, étudiant de 24 ans, exprime sa "tristesse" en apprenant "l'horreur des faits" survenus il y a trente-cinq ans à Marseille selon Jean-Pierre Ricard, avant qu'il ne devienne archevêque de Bordeaux, entre 2001 et 2019.
"Ça me fait bizarre"
"C'est déjà une bonne chose s'il veut avouer et le reconnaître", estime pour sa part Martine, retraitée de 70 ans, qui "trouve regrettable dans la religion catholique, [qu']on ne laisse pas les prêtres, les archevêques et toutes les personnes qui officient se marier".
D'autres, comme Nicolas, aide-soignant, dressent le portrait d'un prélat "proche des jeunes". "Je me rappelle qu'il nous avait accompagnés avec le diocèse aux JMJ [Journées mondiales de la jeunesse] de 2011 en Espagne, témoigne-t-il. Il n'y avait eu aucun problème particulier, ça s'était très bien passé".
Une fidèle, qui a fait sa confirmation avec le cardinal Ricard mais a refusé de donner son nom, ne "lui jette pas la pierre" et estime "qu'il était à sa place".
"Ça me fait bizarre depuis le temps, je ne m'attendais pas à ça de la part de Monseigneur Ricard, parce que je suis toujours à l'Église, je le connaissais bien", confie une autre paroissienne, rencontrée mardi matin sur le parvis de l'église du Sacré-Cœur, près de la gare de Bordeaux.
"Transparence"
"Je suis très choquée et ça me bouleverse en tant que religieuse", reconnaît pour sa part Georgette, missionnaire catholique installée à Bordeaux depuis sept ans. Elle connaissait bien le prélat, "il avait une très bonne réputation".
Pour Frédéric, quadragénaire à la barbe taillée et aux tempes grisonnantes, des aveux comme ceux de Mgr Ricard sont "toujours une surprise [mais] il est important que les choses avancent et que la lumière soit faite [sur cette affaire]".
Outre Mgr Ricard, dix évêques ou anciens évêques ont été "mis en cause" devant la justice civile ou la justice de l'Église pour des signalements, a annoncé le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, lundi à Lourdes.
Un peu plus d'un an après la publication du rapport choc de la commission Sauvé sur l'ampleur de la pédocriminalité dans l'Église de France depuis 1950, Virginie, toute de noir vêtue, se félicite de cette "transparence", qu'elle juge bénéfique pour "le bien-être de l'Église et de ses fidèles".
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"Il faut que l'Église fasse entre guillemets le ménage", estime Claude, rencontrée juste avant le début de la messe de 9 heures. "Il faut qu'elle réforme un peu la formation des prêtres et de tous les religieux parce qu'il y a quelque chose qui ne va pas."
Pour Patricia, le cardinal Ricard "a fait quelque chose de pas bien, mais il faut savoir pardonner".